En 2022, le spécialiste des cours particuliers présent dans 41 pays enregistrait une croissance de 50 %. La méthode pour s’implanter dans différents territoires est parfaitement rodée : un country manager dédié, des acquisitions et un maillage de professeurs très serré.
Superprof, la géographie n’est pas un obstacle
Wilfried Granier ne cache pas son ambition. Cet ingénieur de formation crée en 2013 le spécialiste des cours particuliers Superprof avec la ferme intention de s’étendre un jour dans tous les pays. Plutôt que d’attendre quelques années pour prouver la solidité de son modèle, il lance dès 2014 son internationalisation. D’abord en Espagne, son pays de cœur, puis au Brésil, lieu où il adore se rendre. "Je n’ai pas choisi ces pays pour des questions de rentabilité, explique le CEO. Quand on fait les choses, on doit les faire avec beaucoup d’amour. C’est pour cela que les entrepreneurs se montrent capables parfois d’être meilleurs que les grandes boîtes."
Une gestion frugale
Une prise de risque qui n’est pas synonyme d’excès. Pour devenir le Airbnb du professeur particulier, Wilfried Granier se concentre sur la croissance et se montre très frugal. S’il ne dédaignerait pas de recevoir quelques millions d’euros supplémentaires, le dirigeant ne lève pas de fonds. "Je veux créer la boîte de mes rêves et être totalement libre", confie-t-il. Et le succès est au rendez-vous. Après une croissance de 376 % entre 2017 et 2021 à 21 millions d’euros, Superprof enregistre en 2022 une hausse de 50 % de son chiffre d’affaires. Une progression portée par l’international (où il réalise 80 % de son CA) et notamment les États-Unis, marché qui a gagné plus de 300 % l’an dernier pour devenir son troisième pays le plus rémunérateur alors qu’il n’occupait que la 25e place un an plus tôt.
"Il y a autant de systèmes scolaires que de pays, nous sommes une entreprise multilocale"
Pourtant, le pays de l’Oncle Sam s’avérait difficile à conquérir. Superprof qui se rémunère en mettant en relation des élèves avec des professeurs a besoin d’afficher un maximum d’enseignants (le site en compte actuellement 22 millions dans toutes les matières) au plus près des apprenants. Si le coût d’acquisition d’un professeur (coût pour faire venir sur sa plateforme) en France tourne autour de trois-quatre euros ou de 50 cents en Inde, il atteint les 28 dollars aux États-Unis. Sans compter que les entreprises concurrentes américaines se montrent très performantes en SEO, ce qui rend difficile de se faire une place en haut des pages de recherche internet. C’est pourquoi il faudra cinq ans à Superprof pour s’implanter outre-Atlantique.
Seize acquisitions
En règle générale, l’assaut est plus efficace. Les méthodes de Superprof s’avèrent parfaitement rodées. Dans chaque pays où il s’est installé (41 à l’heure actuelle), Wilfried Granier a engagé une personne qui y a grandi et vécu. "On dit qu’on est une entreprise internationale mais c’est faux, estime le patron. Il y a autant de systèmes scolaires que de pays. Nous sommes une entreprise multi-locale." Si Superprof engrange de la croissance organique pour grandir sur les différents territoires, la société multiplie en parallèle les acquisitions.
En 2022, elle s’offrait Kelprof en France et Tutorfair en Angleterre, portant à 16 le nombre de deals effectués. "Quand on arrive dans un pays, le country manager prend contact avec nos concurrents et peut venir avec une offre de rachat", ajoute Wilfried Granier. Et pour la suite ? Superprof va planter son drapeau en Croatie, au Costa Rica, en Finlande mais aussi en Chine et en Israël, deux marchés qui requièrent de modiier le design du site internet, contrairement à ce qui était l’usage jusqu’ici. De grands projets qui portent la promesse d’une belle croissance dans les années qui viennent.
Olivia Vignaud