Exigeant, sérieux et même impitoyable... Le monde du travail est aujourd’hui jugé peu accueillant par les étudiants du supérieur. Dans une étude publiée par l’Association pour l’emploi des cadres (Apec) en septembre dernier, ils expriment leurs craintes vis-à-vis de leur futur professionnel.
À l’entrée de la vie active, l’angoisse des étudiants
Aujourd’hui, quatre jeunes de 18 à 24 ans sur dix sont atteints de dépression. Un phénomène de société qui peut rendre brutale leur passage des études supérieures au monde du travail. Une étude publiée par l’Apec le 3 septembre dernier met en lumière la sombre vision que portent les étudiants du supérieur sur la vie en entreprise et leur futur professionnel.
Cette nouvelle génération, dite "GenZ", évolue différemment des autres. Entre le dérèglement climatique, les bouleversements géopolitiques, des études de plus en plus stressantes, le taux de chômage et la hausse des prix, les jeunes sont aujourd’hui en première ligne. Une pression qu’ils ressentent en permanence et qui se manifeste par une certaine négativité quant à l’avenir, et donc à leur futur professionnel.
Un monde du travail impitoyable ?
Les étudiants sont 57 % à trouver le monde professionnel cruel. De fait, les premiers pas en entreprise peuvent s’avérer complexes et angoissants. Pour preuve, plus de huit étudiants sur dix décrivent le monde du travail comme particulièrement exigeant (89 %) et sérieux (88 %). Un étudiant en école d’ingénieur témoigne dans l’étude : "Le monde professionnel [m’évoque] quelque chose d’assez cadré, rigoureux, où les gens sont droits. Un monde où on ne peut pas tout se permettre. On fait attention à ce qu’on dit, à comment on s’habille. Un peu rigide dans le sens où on se permet moins de choses, c’est moins libre."
Une majorité d’étudiants redoute ses futures conditions de travail, anticipant le stress que la vie professionnelle peut causer. "Je ne vois pas une personne en consulting faire sept heures par jour. Aucune personne ne le fait, en fait, alors qu’on est payés pour sept heures par jour. Donc c’est aussi ma crainte : ne pas être assez payée ou pas assez reconnue", atteste une étudiante en école de commerce, master management.
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Des jeunes mal rémunérés
Aujourd’hui, 37 % des étudiants placent la crainte d’être mal payés en tête de leurs inquiétudes. Dès lors, il existe un décalage entre leurs aspirations et leurs premières expériences professionnelles. Mais si les jeunes de la nouvelle génération se préoccupent principalement de leur pouvoir d’achat, ils espèrent également trouver un emploi propice à la flexibilité des horaires. Un étudiant à l’université en master relations internationales explique : "C’est vraiment quelque chose d’enfermant, une routine qui ne laisse pas de place à autre chose, quelque chose de clos et aussi de fatigant. Je pense à des horaires, je pense à une charge de travail." La GenZ se représente comme une génération à la recherche d’une certaine indépendance et pour qui réussite rime avec liberté.
Les jeunes relégués au second plan ?
Les futurs actifs craignent la place réservée aux jeunes au sein des entreprises. Ils sont ainsi 66 % à estimer que les entreprises leur proposeront une mauvaise rémunération. Pour plus de la moitié des étudiants (51 %), les entreprises entretiendraient une mauvaise image d’eux et leur donneraient des tâches peu intéressantes. Toutefois, ils sont plus nombreux à croire que l’investissement paye : 49 % d’entre eux considèrent que l’entreprise les fera souvent ou toujours progresser. Ils sont tout de même 45 % à penser que ce ne sera que rarement ou jamais le cas.
Une note positive
Malgré leurs angoisses, les étudiants entrant sur le marché du travail ne se découragent pas. La GenZ fait même part de sa motivation et de sa fougue : 52 % d’entre eux font part de leur enthousiasme. Les travailleurs de demain nourrissent le souhait d’être indépendants financièrement (52 %), de se sentir utiles dans une société qu’ils veulent alimenter de leurs connaissances (40 %) et souhaitent mettre à profit ce qu’ils ont appris pendant leurs études (27 %).
Lisa Combe