L’intelligence artificielle (IA) s’intègre dans tous les secteurs d’activité. Les entreprises spécialisées en management de transition ne peuvent ignorer les perspectives qu’elle ouvre. Mais comment en faire un usage optimal ? Guillemette Payen et Florent Chapus, associés au sein du cabinet de management de transition EIM, partagent leur vision sur l’intégration habile des différentes applications de l’IA dans leur métier.
L’IA en question : rien ne remplacera la collaboration entre le manager et l’associé (EIM)
DÉCIDEURS. Comment percevez-vous l’impact de l’IA sur votre profession ?
Florent Chapus. L’IA est un outil formidable. Elle accélère des processus complexes, comme l’analyse des enjeux d’un client ou l’identification des profils. Chez EIM, nous développons notre propre IA pour, optimiser nos short-lists dans notre vivier mondial de talents.
Guillemette Payen. Je partage l’avis de Florent. L’IA est un levier de productivité qui nous facilite beaucoup la tâche, mais la vraie valeur du management de transition reste fondamentalement humaine : comprendre la culture d’une entreprise, son management, ses enjeux, et établir une relation de confiance. Ces dimensions, aucune machine ne peut les remplacer.
Comment conciliez-vous l’humain et l’IA ?
G. P. Tout commence par l’écoute et la compréhension des contextes. Chaque mission est unique et très spécifique. Derrière les données et les KPIs se cachent des enjeux concrets : une fusion complexe, une crise organisationnelle ou une transformation profonde. Notre valeur ajoutée réside dans notre capacité à comprendre chaque contexte et à identifier les soft skills nécessaires au changement et à la mobilisation des équipes.
F. C. Cela implique une forme d’intimité avec le client. Une entreprise qui nous confie une mission attend bien plus qu’un "manager qui coche toutes les cases". Elle recherche un accompagnement sur mesure, une véritable collaboration à trois. Cela passe par des échanges réguliers, des ajustements constants et une présence active sur le terrain. Notre excellence réside dans cet accompagnement personnalisé des clients et des managers. La personnalisation est donc essentielle.
Pensez-vous que l’IA pourrait menacer certaines de vos fonctions ?
F. C. Je suis convaincu que rien ne remplacera l’échange direct entre l’associé et le manager. Certes, le machine leaning peut simuler des raisonnements humains, mais il reste limité. Un algorithme n’a pas une écoute active et bienveillante et ne décèlera jamais le talent, le savoir-être ou les aspirations profondes d’un manager.
G. P. Il y a aussi l’imprévu. Une mission peut sembler idéale sur le papier, mais la réalité est souvent plus complexe. Les crises ou changements soudains exigent une capacité d’adaptation qu’offrent uniquement l’expérience, l’intuition et l’intelligence de situation.
Quels bénéfices l’IA apporte-t-elle, et quelle place aura-t-elle dans l’avenir du management de transition ?
F. C. L’IA nous fait gagner un temps précieux, nous permettant de nous concentrer davantage sur les entretiens approfondis. Pour un cabinet comme EIM, l’enjeu est d’intégrer ces technologies pour libérer du temps sur ce qui fait notre force depuis toujours : une approche sur mesure, attentive et résolument humaine.
G. P. L’IA accélère certaines tâches et enrichit nos analyses stratégiques, mais c’est à nous de transformer ces données en actions concrètes.
Quel est votre regard personnel sur cette transformation majeure ?
F. C. L’IA ouvre des perspectives, mais elle nous rappelle aussi ce qui fait l’essence de notre métier : la confiance, la compréhension fine des enjeux spécifiques et la capacité à créer de la valeur dans des moments décisifs.
G. P. L’avenir du management de transition se fera avec la technologie, mais toujours en gardant une attention soutenue pour le savoir-être de nos managers. Chez EIM, nous avançons chaque jour avec cette conviction : c’est l’alliance entre innovation et savoir-faire humain qui fait notre force.
Entretien avec Guillemette Payen, associée chez EIM et Florent Chapus, associé EIM