En début d’année, Bouygues Telecom annonce son intention de racheter La Poste Mobile pour 950 millions d’euros. Un prix élevé qui a réveillé l’appétit de SFR, l’actionnaire minoritaire de l’entité, lequel a négocié sa part du gâteau. Retour sur cette opération d'envergure.

Bouygues Telecom entend continuer de creuser l’écart avec Free et se rapprocher de SFR et d’Orange, les deux leaders de la téléphonie mobile en France. Pour ce faire, l’opérateur a annoncé en février 2024 le rachat de La Poste Mobile. Objectif ? S’adjoindre le cinquième acteur du marché français, et plus gros opérateur virtuel (c’est-à-dire qui commercialise des forfaits mobiles sans posséder de réseaux), ainsi que ses 2,4 millions de clients pour atteindre un nombre d’abonnés de plus de 18 millions. Ce rachat permettrait également au groupe contrôlé par la famille Bouygues de s’appuyer sur le réseau de distribution de La Poste, lequel jouit "d’une marque forte et reconnue pour ses valeurs de confiance et de proximité".

Mariage à trois

Pour s’offrir la promise aux 300 millions d’euros de chiffre d’affaires, 950 millions d’euros sont mis dans la corbeille. Le problème ? Ce mariage concerne trois acteurs. La Poste Mobile appartient pour 49 % à SFR. Or, cet opérateur met également à disposition son réseau contre un loyer de plusieurs dizaines de millions d’euros par an, selon un accord courant jusqu’en 2026. En mai, Bouygues Telecom soulignait "les divergences entre La Poste et SFR" au sujet des modalités de cession des titres, lesquelles pouvaient "avoir un impact sur le calendrier de réalisation de l’opération", la vente étant initialement prévue avant la fin de l’année 2024.

"Free, SFR, Bouygues Telecom et Orange étaient candidats au rachat de La Poste Mobile"

Pour La Poste, actionnaire à 51 % de La Poste Mobile, le partage doit se faire au prorata de la participation de chacun au capital. Patrick Drahi, patron de SFR, estime quant à lui que son groupe peut obtenir davantage et réclame une répartition de 70-30 en sa faveur, considérant qu’une grande partie de la valeur de La Poste Mobile trouve sa source dans son contrat télécom, d’après Le Monde.

SFR dit oui

Le litige est soldé en novembre. La filiale d’Altice, qui a renoncé à son droit de préemption, récupère une somme plus importante que prévu et obtient une augmentation de 50 % du loyer versé pour l’utilisation de son réseau en 2025 et 2026, d’après Le Figaro, l’accord n’étant pas rendu public. En août, l’Autorité de la concurrence a autorisé sans condition la prise de contrôle de La Poste Mobile par Bouygues Telecom, estimant que l’opération n’était pas de nature à porter atteinte à la concurrence.

Une bien jolie dot

Voilà qui met fin au suspense et aux spéculations autour de cette opération qui intéressait les quatre grands opérateurs français, tous prétendants. Outre le nombre élevé d’abonnés, l’entité du groupe La Poste, qui vend depuis 2011 des forfaits à petits prix, est rentable et en croissance moyenne de 8 % par an. Le moment est donc bien choisi pour vendre, d’autant que La Poste a besoin de récupérer du cash pour faire face au contexte économique et au déclin de ses activités historiques. Un deal gagnant-gagnant.

Olivia Vignaud

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