La banque publique organisait ce mois-ci au Kenya son événement Inspire and Connect afin de favoriser l’export sur le continent mais aussi les projets de réindustrialisation. Retour sur cette stratégie avec Olivier Vincent, directeur exécutif chargé des activités export, et Arnaud Floris, qui est en charge de l’Afrique pour Bpifrance.

Décideurs. Quelles sont les ambitions de Bpifrance sur le continent africain ?

Olivier Vincent. Sur l’Afrique, mais aussi de façon plus générale, l’ambition première de la direction de l’export est d’embarquer des entreprises françaises dans une stratégie pérenne de conquête à l’international. C’est-à-dire de compter plus d’exportateurs et d’investisseurs. Le continent africain est un continent historique pour Bpifrance qui mobilise une grande partie de ses outils dans les pays où nous sommes les plus représentés. Le fait que les entreprises françaises y opèrent depuis longtemps permet d’avoir un peu de recul et d’étoffer notre stratégie. Bpifrance met au centre de sa politique la relation humaine entre dirigeants français et africains, afin de favoriser davantage de réalisations communes, co-industrialiser et co-financer. Nous sommes un peu comme un cabinet de consulting qui dispense des conseils, en plus de structurer des projets et d’apporter des aides financières concrètes et compétitives aux entreprises françaises et à leurs partenaires. Générer des flux commerciaux a mécaniquement un impact sur le commerce extérieur. Notre action est modeste mais, en même temps, très importante.

Arnaud Floris. Nous sommes en train de construire en Afrique l’export 2.0. D’un côté nous misons sur l’export, de l’autre sur la construction de courants d’affaires dans les deux sens. En France, la priorité est de sensibiliser les entreprises françaises aux opportunités sur le continent et d’accompagner, dérisquer et financer celles qui souhaitent accélérer. Pour cela, nous mobilisons toute notre boîte à outils de produits d’assurance, de garantie et de crédit. En Afrique, Il y a de plus en plus de belles PME, dans différents secteurs. Le champ d’opportunités est donc immense. Depuis les délégations régionales de Casablanca, Dakar, Abidjan et Nairobi, les équipes de Bpifrance sur le terrain quadrillent les zones industrielles pour identifier les belles entreprises et les bons partenaires, afin de permettre des mises en relation de qualité, aux côtés de la Team France Export. Nous voulons contribuer aux projets d’industrialisation partout sur le continent afin de créer davantage de valeur ajoutée, de l’emploi et de la richesse locale. C’est un travail de fourmis d’établir cette relation de PME à PME pour des projets de transformation. Le message de fond ? Exporter c’est bien. Exporter et Investir, c’est mieux.

"Bpifrance veut contribuer aux projets d’industrialisation partout sur le continent"

Quel type d’entreprises financez-vous ?

Arnaud Floris. Les grandes entreprises sont naturellement une priorité, mais la majeure partie de notre travail consiste à trouver des opportunités pour les PME puis à structurer les projets sous-jacents. Nous finançons des projets et contrats dans l’agrobusiness, comme des silos à grains, des engins de mécanisation ou des softwares afin d’aider à la gestion de l’activité agricole ; mais aussi dans l’énergie, notamment renouvelable. Le volume de contrats financés depuis 2017 est d’environ 1,5 milliard d’euros. Historiquement, la majeure partie de notre portefeuille de crédit se trouve en Afrique de l’Ouest, mais nous sommes en capacité d’être partout. Pour 2025, l’objectif est de faire monter en puissance les entreprises françaises en Afrique anglophone, et en particulier en Afrique de l’Est.

Olivier Vincent. Nous avons une stratégie pragmatique et opportuniste. Nous accompagnons les sociétés là où il y a des opportunités. Nos équipes sur le terrain font de la veille et coconstruisent leur stratégie avec un grand nombre d’acteurs, dont toute la Team France export. La confrontation des idées et des réseaux est clé.

Mi-novembre, Bpifrance a organisé un événement, Inspire and Connect, à Nairobi. Pourquoi ?

Arnaud Floris. Il s’agit d’une série d’événements dédiée à la célébration de l’entrepreneuriat et à la mise en valeur de success stories africaines et françaises, depuis l’Afrique. En 2021, Inspire and Connect a eu lieu à Abidjan, en 2022 à Casablanca et cette année à Nairobi. En France, notre grande manifestation, Big, permet de "strarifier" l’entrepreneuriat sous toutes ses formes. Nous avons voulu adapter ce principe aux enjeux africains et mettre en avant les régions. Comme son nom l’indique, Inspire and Connect Africa est un événement qui est à la frontière de l’inspirationel (qui inspire et qui donne envie, ndlr) et du forum d’affaire. Nous avons eu le grand plaisir d’accueillir 350 invités, entrepreneurs, dirigeants de PME, investisseurs, financiers et institutionnels, lors de la dernière édition à Nairobi.

Pourquoi avoir choisi le Kenya ?

Olivier Vincent. Le Kenya est le plus gros marché de l’Afrique de l’Est. C’est là que nous avons ouvert notre dernier bureau africain, afin d’inciter des entreprises françaises à y aller.

Propos recueillis par Olivia Vignaud

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