Âgé de 96 ans, le Hongkongais Li Ka-shing s’est bâti une fortune estimée à 36 milliards de dollars au cours d’une vie intimement liée à l’histoire et aux sphères de pouvoir de la Chine moderne.

En 1937, l’invasion de la Chine par l’armée japonaise déclenche la seconde guerre sino-japonaise. Âgé de 12 ans, le petit Li Ka-shing est contraint de se réfugier avec sa famille en zone britannique à Hongkong en 1940. Son père décède alors qu’il n’a que 14 ans et l’adolescent abandonne ses études pour devenir vendeur afin d’assumer la charge de sa famille. C’est le début du parcours flamboyant d’un business man prêt à prendre des risques pour faire prospérer ses affaires.

Mao au service du capitalisme

D’abord vendeur de rue, le jeune homme trouve un poste d’apprenti en usine au sein d’une entreprise dont il prendra la direction à l’âge de 19 ans. Économe, il réussit à financer son projet d’usine de plastique et concentre son activité sur la production de fleurs artificielles, alors très populaires en Europe. En 1966, la révolution culturelle menée par Mao provoque la fuite de nombreux capitalistes de Hongkong terrifiés par la consolidation du pouvoir communiste. Li Ka-shing saisit cette opportunité et rachète à bas prix les biens des exilés. En 1979, il profite des difficultés financières de la plus grosse holding de la colonie britannique, la Hutchison Whampoa pour s’en emparer et devenir un acteur majeur de plusieurs secteurs clés tels que le commerce et le transport maritime.

Sur tous les tableaux

Même s’il n’est pas affilié au Parti, "Superman", comme on le surnomme, est dans les petits papiers de l’homme fort de la République populaire de Chine et grand artisan des réformes économiques libérales menées à partir de la fin des années 1970: Deng Xiaoping. Li est ainsi désigné par les autorités communistes chinoises pour diriger la China International Trust and Investment Corporation (groupe Citic), un conglomérat ayant pour objectif d’attirer des capitaux et des bonnes pratiques de gestion de l’étranger.

Son atout de départ? Être proche du régime maoïste et des Occidentaux

L’homme est également bien perçu par les autorités britanniques qui lui accordent les plus hautes distinctions. Ses liens lui permettent de développer ses affaires au point de contrôler aujourd’hui 13 % du transport de containers mondial tandis que la Hutchison Whampoa compte plusieurs milliers de points de vente à l’échelle internationale. La suite de son parcours est faite de nombreux investissements lucratifs comme, parmi tant d’autres, les télécoms ou les 60 millions de dollars misés sur Facebook en 2007. Si Li Ka-shing est aujourd’hui à la trente-huitième place du classement Forbes des personnes les plus riches et concentre 11,5 % de la Bourse de Hongkong, c’est aussi parce qu’il est capable de réaliser des coups de poker d’une rare clairvoyance comme l’illustre la cession de 44,8 % du capital d’Orange pour 15 milliards de dollars juste avant que l’action ne s’effondre.

Pas de super-héros sans ennemi…

S’il sait se faire discret à l’image de Clark Kent, une telle figure ne peut pas faire l’unanimité et la justice américaine soupçonne Li d’être lié à des familles de gangsters de Hongkong. Une proximité qui n’empêche pas l’inimitié d’autres malfaiteurs de la Perle de l’Orient au point qu’en 1996 le célèbre criminel Cheung Tze-keung organise l’enlèvement de Victor Li, fils et héritier du business man, réclamant pas moins de 135 millions de dollars pour sa libération. Une somme que le ravisseur obtiendra avant d’être rattrapé et exécuté… Plus récemment, des gangsters ont à nouveau tenté de s’attaquer à sa famille en essayant cette fois de dérober les restes de son épouse dans un cimetière où elle repose mais cette entreprise macabre s’est révélée infructueuse et les auteurs ont été arrêtés par la police.

Cem Algul

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