Le directeur général France d’Edenred était présent à la REF 2024 du Medef. Ilan Ouanounou œuvre pour faire avancer la réforme des titres-restaurant et lance dans l’Hexagone une nouvelle offre pour aider les entreprises à améliorer l’engagement de leurs collaborateurs.
Ilan Ouanounou (Edenred) : "Seulement 30 % des salariés bénéficient des titres-restaurant"
Décideurs. Pourquoi avoir été présent à la REF 2024 du Medef ?
Ilan Ouanounou. Je suis membre du conseil d’administration du Medef 92. Avec le patronat, nous avons un certain nombre de sujets en commun à porter et la REF est un moment important de visibilité, de convivialité et de partage. Par ailleurs, l’actualité qui entoure les activités d’Edenred - dont le cœur de métier est la mise à disposition d’avantages aux salariés - est importante. Pour le dispositif du titre-restaurant, la réglementation date de 1967. Autant dire que la législation doit s’adapter aux usages. Avant la dissolution de l’Assemblée nationale, la ministre Olivia Grégoire finalisait une réforme sur le sujet. Malgré le manque de prévisibilité dans le champ politique, je pense que la réforme sera menée à terme car elle est transpartisane. Elle est centrée sur le pouvoir d’achat, le bien-être et dynamise les commerces de proximité.
Quelles sont les évolutions à prendre en compte ?
La France est l’un des derniers pays à utiliser du papier pour ses titres-restaurant. Les tickets papier représentent 30 % des titres émis par le secteur. Ce chiffre n’est que de 15 % chez Edenred, pionnier de la digitalisation de cette solution. Le secteur public y est encore très attaché tout comme certains salariés qui les trouvent plus pratiques. Afin d’éviter l’utilisation du papier qui n’est pas bonne sur le plan environnemental et réduire la complexité administrative liée à ce format, le gouvernement souhaitait accélérer la dématérialisation. Ce qui devrait être fait à partir de 2026. Le gouvernement doit aussi clarifier les usages. Les salariés peuvent-ils faire leurs courses avec les titres-restaurant ? En 2022, il y a eu un élargissement des produits éligibles qui devait prendre fin en 2023. Mais c’est un sujet sensible pour les citoyens à l’heure où l’inflation reste élevée. Il sera difficile de revenir en arrière.
Comment se positionne Edenred sur le sujet ?
Nous sommes vigilants. La raison d’être des titres-restaurant, c’est l’alimentation saine au travail. C’est à la fois une question de santé publique et une question de productivité au travail. Il s’agit d’un instrument d’une politique sociale voulue par les entreprises et par l’État. Les collaborateurs qui en bénéficient sautent deux fois moins souvent la pause déjeuner que les autres et se rendent cinq fois plus souvent au restaurant. Il ne faudrait pas que ce principe soit dévoyé. En tout cas, depuis l’élargissement des produits autorisés, nous constatons un transfert de flux de la restauration vers les supermarchés mais dans des proportions qui restent maîtrisées. Les Français qui en bénéficient continuent à aller souvent au restaurant ; et c’est une bonne chose.
"Il y a un paradoxe. Les Français se disent peu engagés envers leur entreprise mais ils en attendent beaucoup"
Quels sont les axes de développement d’Edenred en France ?
Les titres-restaurant ont encore beaucoup de potentiel puisque seulement 30 % des salariés en bénéficient. Certains parce que les entreprises n’ont pas encore été convaincues et d’autres populations parce qu’elles ne sont pas éligibles : salariés dans la restauration, forces de l’ordre, indépendants. Le Ticket Restaurant représente moins de la moitié de notre chiffre d’affaires. Nous accompagnons également les entreprises dans le bien-être de leurs salariés avec d’autres avantages (cadeaux, Cesu, mobilité). Nous accompagnons également les CSE dans leurs activités. Et depuis 2024, nous proposons de nouveaux services pour permettre aux DRH de travailler sur l’engagement des collaborateurs. Pour cela, nous lançons Edenred Engagement.
À quelles problématiques les entreprises françaises font-elles face en matière d’engagement ?
Il y a un paradoxe. Les Français se disent peu engagés envers leur entreprise mais ils en attendent beaucoup. Le chômage a baissé, il est difficile de recruter et les sociétés doivent fidéliser. Les salariés engagés déploient plus de ressources que la moyenne, prennent plus d’initiatives et agissent en ambassadeurs de leur entreprise. Le niveau d’engagement est directement corrélé à la performance.
En quoi consiste votre nouvelle offre ?
Il s’agit d’un bouquet de services concernant le bien-être et l’engagement des salariés. Les entreprises peuvent proposer à leurs collaborateurs une sorte de "LinkedIn interne", qui renforce leur sentiment d’appartenance. Il y a également un module de reconnaissance. Les managers peuvent féliciter publiquement des salariés voire leur envoyer une carte cadeau. Un module bien-être est également disponible. Il permet d’accéder à des salles de gym, des informations sur le bien-être physique, le bien-être mental, l’avance sur salaire… Un module discount permet aussi de bénéficier immédiatement de réductions dans des enseignes. Ces services sont développés à partir d’une plateforme déjà existante que nous avons acquise au Royaume-Uni, Reward Gateway. Grâce à la combinaison de toutes nos offres, nous avons l’ambition d’être les partenaires de référence des entreprises pour le bien-être et l’engagement des salariés.
Propos recueillis par Olivia Vignaud