Oui, il est possible de mener des actions concrètes en faveur de l’environnement sans tomber dans le greenwashing et plomber sa croissance. Preuve en est avec le français Seb qui veut devenir le champion de la réparation et de la réduction de la pollution.
Seb, le côté écolo de la cocotte
Les amateurs de Boris Vian connaissent sûrement sa célèbre Complainte du progrès composée en 1956 qui tourne en dérision l’équipement massif des ménages en ustensiles de cuisine. Derrière la "tourniquette pour faire la vinaigrette", le "pistolet à gaufres", l’"atomixer" ou le "coupe-friture", l’auteur-compositeur vise probablement certaines entreprises comme Seb, obsédées par le fait de vendre toujours plus. Avec une qualité fragile et accessoirement aucune attention portée à l’environnement. Ce temps-là semble révolu.
Zéro émission : leçon de bonne pratique
Le groupe français présent sur toute la surface du globe possède de nombreuses marques connues du grand public : Seb, bien entendu, mais aussi Moulinex, Krups, Calor, Rowenta ou encore Tefal. Près d’un million de produits sont vendus chaque jour. Ce qui génère une forte pollution liée à la fabrication des composants ou des produits eux-mêmes, au transport, à l’utilisation…
Sensible à son empreinte environnementale, la multinationale vise la neutralité carbone en 2050. Pour y parvenir, elle fait ce qu’il faut, affirme Mathieu Jahnich, consultant en politique environnementale et pourfendeur du greenwashing : "La cartographie de la pollution est bien faite, rendue publique, les chiffres concrets sont donnés de manière régulière même quand ils sont moins bons que prévu. Le groupe se concentre sur lui-même et n’utilise pas des formules creuses comme 'changer le monde'".
Lancée en 2013, la première étape prévue en 2020 a dépassé certains objectifs tels que la réduction de consommation d’énergie pour les sites de production (moins 21,3 % en dix ans), la baisse d’émissions de CO2 pour le transport de la production et des composants (moins 33 % par unité vendue entre 2013 et 2020…). En revanche, la réduction de consommation énergétique des produits électriques n’a pas marché comme prévu, ce qui est rendu public malgré tout.
Cette politique a permis au groupe familial fondé en 1857 d’intégrer la prestigieuse et sélective « Liste A » du Carbon Disclosure Project qui met en avant les entreprises les plus transparentes en matière de reporting et d’actions concrètes.
Lutte contre l’obsolescence
Autre ambition portée par le groupe, faire en sorte que les clients gardent leurs achats le plus longtemps possible. Depuis 2020, Seb tâche en priorité de réparer l’existant au lieu d’inciter au renouvellement. La société met un point d’honneur à garantir la disponibilité des pièces détachées de 36 000 références pendant sept à dix ans. Pour une somme modique, et sans obligation de garantie, 6 500 réparateurs agréés sont répartis dans le monde pour faire fonctionner grille-pain, cocottes-minute ou autres yaourtières. Le principe est simple : un client satisfait conseille la marque à son entourage et fait confiance au groupe pour ses achats ultérieurs. En somme, faire durer n’est pas incompatible avec la croissance.
La croissance au rendez vous
Il suffit de se pencher sur le bilan financier du groupe comptant 33 marques et 33 000 collaborateurs sur l’année 2021. Le groupe dirigé par Thierry de la Tour d’Artaise peut se targuer d’un chiffre d’affaires dépassant les 8 milliards d’euros, un résultat opérationnel en augmentation de 34 % à 813 millions d’euros et un résultat net en hausse de 51 %. Soulignons également que le groupe tricolore écoule environ 1 million de produits par jour. Ces derniers sont attendus avec impatience par les réparateurs en lutte contre l’obsolescence programmée.
Lucas Jakubowicz