Thierry Blandinières, directeur général, Invivo : « Un leader n’est pas éternel »
Décideurs. Quelle est votre vision du leadership ?
Thierry Blandinières. En tant que vice-président de plusieurs clubs de rugby, ma vision du leadership est instinctivement influencée par les valeurs de ce sport, elles transpirent dans mon comportement et ma façon de piloter mes équipes. Ma vision du leadership est participative. Le leader doit être un maître d’oeuvre exemplaire et dynamique du team building autour de projets communs. Toutes les voix doivent s’exprimer librement dans un contexte stratégique qu’il a prédéfini. La manager donne l’impulsion de cette réflexion pour ensuite capitaliser synthétiquement les différentes idées qui ont émergé.
Décideurs. Comment transformer son ambition individuelle en cause collective ?
T. B. Le leader d’une organisation doit transformer son ambition en un projet d’avenir pour l’entreprise, vecteur de la structuration des équipes. Lors de mon arrivée chez Invivo, mon ambition était d’initier un « reset » du programme afin de réinitialiser le code génétique de l’entreprise. Ce point d’étape permet d’ouvrir une vision à 360 degrés de chaque métier et permet à tous d’être impliqués dans la révision du système économique du groupe. Une réflexion stratégique s’est donc engagée et a permis à chacun de faire un bilan de son activité, a pu en dégager ses forces, ses faiblesses, les menaces et les opportunités. Ce programme a ouvert le champ des possibles et a fait émerger de nouvelles orientations, créatrices de valeur et relais de croissance de demain. Pour ce travail, mon rôle en tant que leader est, comme dans le sport, de donner les « raisons de croire dans l’avenir », ce qui permet de transformer une ambition individuelle en un projet, socle d’une cause commune.
Décideurs. Les décisions que vous prenez sont-elles systématiquement guidées par vos valeurs ?
T. B. L’état d’esprit du leader est essentiel pour insuffler une culture pérenne d’entreprise. Pour avoir du sens, les valeurs du dirigeant doivent avant tout être en phase avec l’histoire de l’entreprise.
Pour moi, les valeurs primordiales d’un leader sont l’équité, l’humilité, l’humanisme, le sens du collectif et le goût de relever des défis avec un esprit enthousiaste. Sa prévisibilité et sa lisibilité facilitent également la communication avec ses collaborateurs et instaurent de confiance quel que soit le niveau des décisions.
Décideurs. L’altruisme est-il une composante du leadership qui ira jusqu’à révéler celui d’un autre ?
T. B. Pour être crédible, le dirigeant doit donner du sens à ses actions en faisant preuve de pédagogie et en impliquant ses équipes dans sa volonté d’obtenir des victoires au quotidien. Le leader doit favoriser la prise de risque des cadres dirigeants et des équipes dans le cadre d’un terrain de jeu défini pour leur apprendre à gagner. L’altruisme du dirigeant favorise naturellement l’esprit d’équipe et permet de reconnaître la performance de chaque collaborateur. C’est ce qui permettra de faire émerger de nouveaux talents et de nouveaux leaders en toute confiance, en leur permettant de créer leur propre success story et de renforcer leur autorité de compétencepour affirmer leur leadership. Un leader n’est pas éternel. Il faut s’attacher à écrire la suite de l’histoire.
Décideurs. Comment parvenez-vous à porter la parole tout en restant à l’écoute de ceux qui vous entourent ?
T. B. L’empathie est un facteur clé de succès dans le management. Comprendre les attentes, les atouts comme les fragilités de ses collaborateurs favorise une prise de parolemarquante pour l’auditoire. Le leadership est d’autant plus fort qu’il intègre dans la prise de parole la sensibilité de ses collaborateurs pour les impliquer affectivement dans un projet d’avenir.
Décideurs. Pensez-vous qu’un leader développe nécessairement des qualités politiques et de sociabilité pour unir un groupe ?
T. B. Si la qualité politique se met en oeuvre dans une démarche de sincérité, elle peut être un atout fédérateur des énergies sur un projet d’entreprise. Pour ce qui est de la fibre sociologique, c’est assez naturel. Elle est liée à l’empathie, ingrédient que tout dirigeant doit posséder pour l’unité du groupe. Ses capacités relationnelles comme d’écoute et d’échange ainsi que sa force de persuasion vont participer au succès et à la dynamique des équipes.