Pascal Lorne : « Gojob, la plate-forme de ceux qui veulent bosser ! »
«?Je n’ai pas monté une entreprise pour m’en mettre plein les poches. Je l’ai fait pour changer le monde?», lâche ce passionné de kitesurf qui a multiplié les plongeons entrepreneuriaux. À 25 ans, Pascal Lorne a co-fondé Ismap, précurseur de la cartographie sur le Web au début des années 2000, revendu très rapidement au fondateur de Nokia. Puis il a remis le couvert en 2003 avec Miyowa, pionnier des applications mobiles de messagerie instantanée, racheté en 2012 soixante millions de dollars par Synchronoss, leader américain de la synchronisation de carnets d’adresses. Dans la foulée, il s’est remis en selle en fondant Let, un réseau social visant à concurrencer Facebook. Trop ambitieux?? «?Cela n’a pas marché, cela arrive?», répond l’intéressé. Son appétence entrepreneuriale, Pascal Lorne la tient de son père, entrepreneur dans le bâtiment, qui lui a transmis un goût certain pour la construction. Sa mère, à la tête d’une tribu de neuf enfants dont certains ont été adoptés, lui a appris à partager pour mieux redistribuer. Résultat, après six longs mois de réflexion où il s’est enfilé la saison complète de Breaking Bad, le serial start-uper a pris la décision de dédier 100?% de son patrimoine aux investissements à impact social. Et comme le naturel revient toujours au galop, il lance en parallèle Gojob, une plate-forme qui pourrait être le futur Blablacar de l’emploi et pas seulement parce que Frédéric Mazzella, fondateur du site de covoiturage, y a investi.
Pourquoi on parie sur lui?: il pourrait devenir le premier employeur de France.
Taux de réussite?: 51?%
Décideurs. Pourquoi avoir décidé il y a six mois de dédier 100?% de votre patrimoine à des investissements à impact social??
Pascal Lorne. À 40 ans, je me suis retrouvé dans la situation luxueuse de pouvoir arrêter de travailler si je le voulais. Mais très rapidement la question du sens que j’allais désormais donner à ma vie m’a taraudé. J’ai délimité mon patrimoine?: une maison, une voiture d’occasion, ma femme et mes enfants en bonne santé. Six mois plus tard, j’ai pris la décision de rejoindre le réseau des 100%ers. Depuis, ma holding, rebaptisée Impacton, réalise exclusivement des investissements à impact social. Concrètement, cela veut dire que ma structure n’a pas vocation à gagner de l’argent pour me le redistribuer mais uniquement à développer et à investir dans des projets à impact sociétal fort. C’est formidable?: ma vie a été transformée?!
Décideurs. En parallèle, vous avez décidé de remettre le cap sur l’entrepreneuriat en lançant Gojob. Comment allez-vous révolutionner le monde de l’emploi avec cette plate-forme??
P.?L. Les Français veulent de plus en plus travailler différemment. Ils veulent être plus libres. Ils aspirent à davantage d’indépendance. Ils veulent pouvoir offrir leur savoir-faire mais aussi leur savoir-être. Les meilleurs talents que j’ai recrutés ne possédaient pas de diplômes et n’appartenaient pas aux CSP+. En France, il est urgent de casser les codes du recrutement pour relancer d’abord l’emploi et ensuite notre pays. Gojob, c’est la plate-forme des gens qui veulent bosser?! Pour cela, les demandeurs d’emploi ne viendront pas mettre en ligne leurs diplômes ou leurs niveaux d’études. Ils présenteront leurs compétences – «?je suis ponctuel, soigneux rigoureux, féru d’informatique, incollable en code, bricoleur en tout genre?» – qu’ils feront valider par des proches, des collègues ou des anciens patrons.
Décideurs. Jusque-là rien de très révolutionnaire…
P.?L. Détrompez-vous?! Gojob joue un vrai rôle d’intermédiaire et se positionne comme la béquille manquante à l’ubérisation de l’économie. Nous nous engagerons auprès des employeurs à recruter les personnes en recherche d’emploi et ce, en fonction de la durée de la mission proposée. Si demain l’entreprise ne souhaite plus que la personne travaille pour elle, nous lui trouvons un autre emploi conformément à la durée de son contrat. Avec Gojob, nous re-mutualisons les risques.
Propos recueillis par Émilie Vidaud