Saint-Gobain en huit dates clés
En 2015, le doyen du CAC 40 tenait à marquer les esprits. Un nouveau logo, un timbre inédit en partenariat avec La Poste, une exposition numérique, quatre pavillons éphémères baptisés « Sensations futures » installés à Shanghai, Sao Paolo, Philadelphie et Paris… Saint-Gobain fête ses 350 printemps en grande pompe. « Nous avons tenu à partager cet événement, annonce fièrement son P-DG Pierre-André de Chalendar à l’occasion de l’arrivée des pavillons à Paris, le 15 octobre. Nous sommes l’une des plus vieilles sociétés industrielles du monde, peu d’entreprises peuvent en dire autant ! » Créé sous le règne de Louis XIV, le groupe spécialiste des matériaux de construction a traversé l’histoire de France et accompagné les grandes révolutions économiques du pays. Ayant réalisé un chiffre d’affaires de quarante et un milliards d’euros en 2014, l'industriel français mise aujourd'hui sur l’habitat durable. Retour sur cette épopée entrepreneuriale française en huit dates clés.
Octobre 1665
Fondation de la Manufacture royale
C’est une lettre patente signée par le Roi-Soleil qui donne naissance à la Manufacture royale des glaces de miroirs à l’automne 1665. Ce document accorde à un dénommé Nicolas du Noyer, proche de Colbert, le monopole de la fabrication de miroirs dans le royaume et l’exonère de toutes charges fiscales. Sis à Paris, l’atelier réalise son premier chef-d’œuvre avec la galerie des Glaces du château de Versailles en 1684.
1692-1695
Un procédé révolutionnaire
En 1692, un jeune concurrent de la Manufacture, la compagnie Thévart, s’installe dans le village de Saint-Gobain, en Picardie. Ce lieu est choisi pour sa discrétion. Cette miroiterie a en effet mis au point un procédé de fabrication de glaces sur table qui dépasse en efficacité et en fiabilité les techniques des maîtres verriers vénitiens, alors considérés comme les meilleurs d’Europe. En 1695, le successeur de Colbert ordonne la fusion des deux sociétés.
1858
Le début de l’internationalisation
Après un XVIIIe siècle florissant, Saint-Gobain, malgré la perte de ses privilèges pendant la Révolution française, profite de la révolution industrielle. L’entreprise se développe dans le secteur de la chimie et commence à s’internationaliser en s'installant d'abord en Allemagne en 1858. Les implantation hors de l'Hexagone se succèdent : l’Italie (1888), la Belgique (1898), les Pays-Bas (1904) et l’Espagne (1905). À la veille de la Première Guerre mondiale, Saint-Gobain est devenu l’un des plus grands groupes français.
Années 1920
Premiers pas dans l’automobile
Dans l’entre-deux-guerres, l'entreprise met au point le verre trempé. Grâce à sa résistance, il trouve des usages dans l’architecture et dans l’automobile. C’est le début des pare-brise Securit, aujourd’hui fabriqués par la filiale Sekurit.
1968-1970
De Danone à Pont-à-Mousson
Décembre 1968, Saint-Gobain est fragilisé par des problèmes récurrents de trésorerie. BSN, un autre fabricant de verre dirigé par Antoine Riboud, en profite pour lancer une offre publique d’échange. Le P-DG de l’époque, Arnaud de Vogüe, ne se laisse pas déstabilisé. Cet ancien résistant fait orchestrer par Publicis une vaste campagne de communication pour redorer le blason de son entreprise. Sa cible : les actionnaires qui seraient tentés de céder leurs parts. Dans le même temps, il demande en secret à des banques étrangères de racheter les titres et de faire monter leur cours au-dessus de l’offre. Résultat : Antoine Riboud échoue et réoriente son groupe vers l’agro-alimentaire, donnant ainsi naissance à Danone. Toujours fragile, Saint-Gobain fusionne avec Pont-à-Mousson en 1970. Cette entreprise lorraine fabriquant des tuyaux de fonte est à l’origine du pont représenté sur le logo du spécialiste de l’habitat.
1982-1986
La nationalisation
Si l’entreprise a bien été créée à l’instigation de Colbert, Saint-Gobain n’a jamais été une entreprise publique avant les années 1980. À la suite de l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République, le groupe est nationalisé comme d’autres sociétés industrielles et financières telles que Pechiney, Paribas, Suez et Thomson. En 1986, sa privatisation donne l’occasion aux salariés d’entrer massivement au capital. Aujourd’hui, ils en détiennent encore plus de 8 %.
1996
La diversification dans la distribution
Alors qu’il fait ses premiers pas en Chine et en Europe de l’Est, Saint-Gobain acquiert Poliet. Outre la production de mortier, la cible apporte des activités de distribution : Point P et Lapeyre. Ces pépites dont le groupe a accéléré le développement représentent aujourd'hui 45 % de son chiffre d’affaires.
2007
Leader de l’habitat durable
Deux ans après la plus grande acquisition de son histoire (BPB pour 5,9 milliards d’euros), Saint-Gobain décide de recentrer sa stratégie autour de l’habitat durable. Pierre-André de Chalendar vient d’arriver à la direction générale du géant des matériaux : c’est lui qui orchestre ce virage menant à la cession de Verallia, la filiale de conditionnement en verre, et à l’acquisition du suisse Sika en 2015.
Après 350 ans d’existence, Saint-Gobain a donc de quoi être optimiste. Comme l’a déclaré son P-DG : « Nous voulons trouver dans notre histoire les raisons de croire en l’avenir. »
JHF
Image ©Saint-Gobain, Ph. Manuel Bougot