Larry Page, Sergey Brin : le duo gagnant.
Adulés par tous les ingénieurs de la Silicon Valley, les deux fondateurs de Google incarnent le rêve américain. En moins de deux ans, leur entreprise est devenue le leader d’Internet. Leur stratégie, axée sur la recherche, la publicité et les applications, leur permet de ne pas avoir de limite. Chaque jour, Google tisse un peu plus sa toile sur le Net. À tel point que ses détracteurs l’accusent de devenir le futur Big Brother.
En douze ans seulement d’existence, Google est devenu un mythe. Partie de rien, la société s'est imposée la porte d’entrée d’Internet. Elle est aujourd’hui un cas d’école en termes de gestion d’entreprise. Guidée par ses deux fondateurs Larry Page et Sergey Brin, elle dispose désormais de millions de fidèles. Il ne se passe pas une semaine sans que l’on n'entende parler du géant américain. Il y a deux mois, il s’est même permis de défier la Chine. Il avait alors annoncé un éventuel retrait du marché chinois après une attaque cybernétique contre ses infrastructures. Mais, comme toujours, la prise de risque est limitée. Le chiffre d’affaires du géant américain en Chine ne représente que 600 millions de dollars, soit 2,5 % de ses revenus. Pour le moment, la firme californienne contrôle seulement 30 % du marché chinois. |
Cette annonce lui permet surtout de redorer son blason. Car, en réalité, le géant américain n’est pas prêt à renoncer à un marché avec un tel potentiel de croissance.
Il compte bien sur ce pays pour améliorer des statistiques déjà impressionnantes. Chaque jour, 2,5 milliards de requêtes sont effectuées sur Google. Le moteur de recherche est disponible en 117 langues. Le service est supporté par quelque 90 000 serveurs à travers le monde.
Le secret est dans l’algorithme. C’est grâce à la technologie que Google a réussi à se hisser au sommet des moteurs de recherche. En 1996, Larry Page et Sergey Brin révolutionnent, grâce à un algorithme, la recherche et l’indexation de résultats. Ce dernier permet de calculer le degré de pertinence des pages en fonction du nombre de ses liens. Concept qui sera plus tard nommé « PageRank ». |
Pour se lancer dans cette aventure, Larry Page et Sergey Brin ont levé 100 000 dollars en capital venture. Un an plus tard, face à la réussite du projet, ils récoltent 25 millions de dollars supplémentaires. Au départ, le modèle économique était basé sur l’exploitation des brevets issus de l’innovation. Mais très vite, les deux fondateurs se rendent compte du potentiel publicitaire de l’outil qu’ils ont créé.
L’empereur mondial de la publicité. Depuis, la stratégie du groupe n’a pas changé. L’innovation doit toujours venir en premier. L’aspect commercial ne vient qu’après. Aujourd’hui, le moteur de recherche est de très loin la plus grande plate-forme publicitaire sur Internet. En 2000, Google lance le principe des Adwords, un système de publicité ciblée en fonction de mots-clefs. Ce système rencontre un véritable succès. |
Selon un sondage, moins de 50 % des internautes français pensent qu’il y a de la publicité sur Google. En installant la confiance en sa marque, la firme californienne est parvenue à imposer son modèle économique.
En revanche, les internautes sont plus inquiets en ce qui concerne la garantie de leur vie privée. Néanmoins, ce modèle économique lui permet très vite de prôner la culture du gratuit. Information, divertissements et services. Tout doit être financé par les recettes publicitaires.
Une machine à cash.
Cette stratégie lui a permis de doubler son chiffre d’affaires tous les deux ans entre 1998 et 2005. Grâce à ces résultats, Google est introduit avec succès à la Bourse de Wall Street en 2004. Aujourd’hui, le géant est la seconde capitalisation du Nasdaq à 140 milliards de dollars, derrière Apple. Sa croissance annuelle du chiffre d’affaires devrait dépasser les 10 % jusqu’en 2014.
En 2013, la marge opérationnelle devrait approcher les 50 %. Quant au taux de rentabilité, il atteint près de 30 % en 2009. Une belle performance en période de crise. Le chiffre d’affaires au quatrième trimestre 2009 est en hausse de 17 % par rapport à la même période l’an dernier, soit 6,67 milliards de dollars. Ces résultats lui permettent de continuer à accumuler du cash. En 2010, la trésorerie du groupe devrait dépasser une année de chiffre d’affaires, soit un peu plus de 23 milliards de dollars.
Les 3 axes stratégiques : recherche, publicité et applications.
Aujourd’hui, Google ne se limite plus à son simple moteur de recherche. Chaque année, la firme californienne propose de nouveaux services. Elle est désormais présente sur le marché des messageries avec Gmail ou Google Wave, sur les vidéos grâce au rachat de Youtube, et sur les réseaux sociaux via Orkut et Buzz.
Le géant américain s’est également lancé dans des projets pharamineux tels que Google Earth. Il a même osé défier Microsoft en proposant des suites de logiciels gratuites, Google Documents, et un système d’exploitation, Chrome OS, pour les Netbooks.
Il continue son expansion en se positionnant agressivement sur la téléphonie mobile. Après y avoir mis un pied avec sa plateforme Androïd, Google a annoncé qu’il allait investir près de 5 milliards de dollars pour obtenir une partie du futur réseau haut débit mobile américain.
En alliant technologie et services dans un écosystème commun, Google est devenu une véritable plateforme. Avec les produits de la marque, il est possible de tout faire, que ce soit sur un ordinateur ou sur un mobile.
Google : le monopole de l’information ?
Face à une telle omniprésence, il est normal de s’interroger sur le positionnement de Google vis-à-vis de l’information. À cet égard, le projet de numérisation des livres, porté par les deux fondateurs de l'entreprise, Sergey Brin et Larry Page, inquiète. Pour rassurer les éditeurs, la Commission européenne a annoncé que les livres publiés et toujours commercialisés en Europe ne pourront être vendus outre-Atlantique sans une autorisation des ayants droit. Mais cela n’a pas suffit à calmer les ardeurs des éditeurs. D’autant qu’ils ne sont pas les seuls à protester contre le monopole de Google.
Les journaux redoutent également le géant américain. Via Google News, la firme californienne exploite des articles sans pour autant verser des droits d’exploitation. Du côté de Google, les arguments sont bien travaillés. Les fournisseurs de contenu sont rémunérés via le trafic que Google leur renvoie. 10 % du trafic du Monde fr sont issus d’un service Google.
Une fois dans la base de données, les livres sont mis à disposition des internautes pour être feuilletés. La consultation intégrale de l'ouvrage est payante. Aux États-Unis, Google a été contraint de reverser 63 % des revenus aux ayants droit. Sous la pression des professionnels de l’édition, le groupe américain a donc renoncé à son modèle du gratuit financé par la publicité.
Le groupe va donc se transformer en libraire en ligne et devenir le concurrent direct de sites commerçants tels qu’Amazon ou la Fnac. Dans cette optique, Google a recruté, en France, Stephanie Tilenius, une ancienne d’eBay, en tant que vice-présidente en charge du commerce.
Mais Google ne compte pas s’arrêter là dans le contrôle de l’information. Le géant américain aimerait retransmettre des événements sportifs d’ampleur mondiale via YouTube. Là encore, le géant américain mise sur le partage des recettes publicitaires. Il refuse d’acheter directement les droits de retransmission. Google n’a pas fini de révolutionner le monde de l’information.