Brice de La Morandière, directeur général de Sperian Protection.
Décideurs. Dans quelle situation se trouvait le groupe avant les offres successives de Cinven et Honeywell ?
Brice de La Morandière. Au départ, l’ensemble de l’équipe de management a partagé un même constat : l’année 2009 a prouvé que le groupe était capable de s’adapter rapidement à la crise. Bien qu’affecté par la baisse de l’activité, les positions de Sperian dans le secteur des équipements de protection individuelle étaient solides et le groupe rentable. Mais l'entreprise avait besoin de se développer pour assurer sa pérennité, soit en tant que consolidateur, soit en étant racheté par un grand groupe. Ces deux solutions étaient les seules crédibles compte tenu de la fermeture des marchés de la dette et des capitaux. |
Décideurs. Comment s’est organisée la cession de Sperian ?
B. de La M. Il nous fallait trouver des financements. Dans cette optique, et en vue de préserver notre indépendance, nous étions dans un premier temps demandeurs auprès des fonds. Après un processus de sélection organisé avec nos conseils, Cinven a annoncé le 31?mars son intention de déposer une offre publique visant à prendre le contrôle de Sperian à un prix de 70?euros par action. Suite à la publication de cette information, des industriels nous ont contactés. Après plusieurs semaines de négociations – qui se sont déroulées dans la discrétion – Honeywell a surenchéri. Avec un prix de 117?euros sur la totalité des actions, Essilor et Dalloz, les actionnaires historiques, ont donné leur accord. Au final, l’ensemble des actionnaires semblent satisfaits du montant proposé.
Décideurs. Comment appréhendez-vous la reprise de Sperian par Honeywell ?
B. de La M. Nos deux entreprises se connaissent bien et se respectent. Il n’y aura pas de choc culturel. Par exemple, la moitié du comité exécutif d'Honeywell est d’origine américaine, et 40?% du chiffre d’affaires est réalisé en Amérique du Nord, contre 15?% en France. Certes, Sperian est un groupe d’origine française mais sa dimension est internationale, tant du point de vue de ses équipes que de ses implantations.
Décideurs. Quelles seront les implications opérationnelles de ce rachat ?
B. de La M. Le rachat de Sperian est une bonne chose pour le groupe. Honeywell est leader dans les domaines de la sécurité et de la protection. D’autre part, cette opération va permettre à Sperian de se donner de nouveaux objectifs de croissance. Aux deux entités ensuite de bénéficier de la complémentarité de leurs positionnements respectifs. Côté commercial, il existe de multiples synergies à exploiter. Aussi, Sperian bénéficiera de la présence d’Honeywell en Chine tandis que nous leur apporterons notre présence dans le Mercosur.
Décideurs. Des changements de management sont-ils à prévoir du côté de Sperian ?
B. de La M. En termes de management, il va falloir trouver la meilleure solution, mais les questions d’antitrust m’empêchent de trop en dire. Pour ma part, j’ai été l’un des artisans de la fusion Bacou-Dalloz en 2001 et compte bien participer à l’intégration de Sperian dans Honeywell.
Juillet 2010