Une étude publiée en septembre par Les Parents zens révèle que 82 % des salariés seraient prêts à changer d’entreprise pour une nouvelle qui proposerait davantage de soutien à la parentalité. Les employeurs français peuvent encore faire beaucoup mieux pour améliorer l’équilibre vie professionnelle-vie privée et ainsi réduire les inégalités hommes-femmes, qui coûtent cher à la société.
Aide à la parentalité : les salariés attendent davantage des entreprises
Attendre un enfant, rien de plus formidable pour les parents qui l’espéraient. En France et comparé à d’autres pays, les grossesses s’avèrent très suivies et les accouchements bien pris en charge par l’État. Si cet accompagnement est précieux, le bât blesse souvent à l’arrivée du bébé et dans les années qui suivent. Les congés maternité et paternité paraissent pour beaucoup bien trop courts, trouver un mode de garde relève du parcours du combattant pour ceux qui n’arrivent pas à décrocher de places en crèche municipale ou n’ont pas les moyens de payer une baby-sitter pour les sorties d’école, les soutiens psychologiques et médicaux ne sont pas légion, et que faire les jours où les enfants sont malades ?
Bref jongler entre vie personnelle et professionnelle peut être une vraie angoisse. Or ce problème ne touche pas que la sphère privée. Certaines entreprises en ont pris conscience quand d’autres ont encore beaucoup de chemin à parcourir. Pourtant des solutions, parfois gratuites, existent afin de faciliter la vie des collaborateurs.
Tous concernés
Ce sujet touche le plus grand nombre : 89 % des salariés français sont parents. Dès lors, "ces problématiques concernent tout le monde et toutes les entreprises peuvent s’en saisir, estime Marine Desandre, cofondatrice des Parents zens, entreprise qui accompagne les organisations dans la mise en place de leur politique parentalité. C’est sans doute plus simple dans une entreprise qui peut s’appuyer sur un département RH mais la question de la parentalité est partout. On observe d’ailleurs beaucoup d’initiatives intéressantes dans les PME qui, même avec des moyens limités, parviennent à faire des choses vraiment intéressantes."
89 % des salariés français sont parents
Pour bien comprendre ce que les parents attendent de leur organisation professionnelle, Les Parents zens ont mené une enquête auprès de plus de 1 000 d’entre eux. Les résultats de l’étude, dévoilés en septembre, sont formels : les entreprises ne peuvent pas faire l’impasse sur des politiques de parentalité. Il faut dire que 98 % des parents estiment que leur vie familiale a un impact sur leur vie professionnelle. Par ailleurs, ils sont 51 % à considérer que l’employeur a un rôle à jouer dans leur équilibre vie privée-vie professionnelle. Un chiffre qui monte à 55 % chez les parents divorcés ou seuls.
Pour compléter ces données, en 2019 le ministère chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes indiquait que 84 % des femmes considéraient que la maternité a un impact négatif sur leur carrière. Un chiffre qui n’est pas qu’une lubie puisque le salaire des femmes diminue de 2 % à 3 % après une naissance contre une augmentation d’environ 3 % pour les hommes, selon les chiffres 2019 de l’Insee.
Perception vs réalité
Comment les entreprises agissent-elles ? "La question de la parentalité est désormais au cœur de leurs réflexions et de leurs actions, constate Marine Desandre. Que ce soit pour accompagner les salariés qui ont des enfants en bas âge comme plus globalement tous ceux qui ont des enfants plus âgés." Toutefois, les collaborateurs ne semblent pas toujours en avoir conscience : 47,5 % des parents pensent que leurs entreprises n’ont pas de solutions spécifiques sur le sujet alors que 80 % des RH disent en avoir introduit (selon une autre étude des Parents zens en date de 2022). "Les RH doivent communiquer pour que les collaborateurs sachent que ces services existent, précise Thomas Pesret, directeur commercial au sein des Parents zens. Quand l’employeur se dote par exemple de places en crèche, il faut que sa démarche soit reconnue par les salariés car c’est une véritable chance pour eux."
Lorsque des politiques sont en place, les parents salariés précisent qu’il s’agit en premier lieu du télétravail (à 71,2 %), suivi d’une certaine flexibilité sur les horaires (53,9 %) puis de places en crèche (40,6 %). Les entreprises peuvent en effet "acheter des berceaux", c’est-à-dire sponsoriser une place en crèche comme le ferait une mairie. Les sociétés bénéficient du crédit d’impôt famille et de déductions de charges qui leur permettent d’alléger de 75 % le coût d’une place pour les salariés. "L’accès à des places en crèche est un levier puissant pour rééquilibrer les choses entre les femmes et les hommes, au travail ou à la maison", poursuit Marine Desandre.
Le graal du berceau
De leur côté, les RH déclarent à 46 % faciliter le télétravail, à 41 % aménager les horaires et à 38 % choisir une mutuelle spécifiquement avantageuse pour les familles. Des facilités alignées avec les besoins des parents ? À plus de 58 % les parents souhaiteraient bénéficier de places en crèche. Rien d’étonnant quand on sait qu’il manque 200 000 places en France et qu’en moyenne 3 % à 5 % des salariés de l’Hexagone élèvent un enfant en bas âge.
Deuxième service sur lequel les collaborateurs aimeraient pouvoir compter : les modes de garde complémentaires (baby-sitter, garde d’urgence…). Un volet qui ne concerne pas uniquement les parents de tout petits mais également ceux qui doivent aller chercher le soir leurs bambins à l’école. "La garde d’urgence est plébiscitée par les parents, note Thomas Pesret. Pour autant quand on regarde la consommation réelle des différents services que nous proposons, ce sont d’abord les différentes offres de soutien qui sont utilisées par les parents." Ces soutiens ? L’aide aux devoirs ou le coaching pour mieux répartir les tâches ménagères à la maison, par exemple.
À plus de 58 % les parents souhaiteraient bénéficier de places en crèche
Troisième service attendu : la flexibilité sur les horaires de travail. "Le télétravail et la flexibilité sur les horaires peuvent être mis en place gratuitement par les entreprises, note Éléonore Ruozzi, responsable marketing et communication chez Les Parents zens. Quand certaines entreprises ne le font pas, alors même que les métiers s’y prêtent, cela peut notamment être dû au fait qu’elles n’ont pas de personnes RH dédiées."
Facteur de recrutement
L’implantation de tels dispositifs permet-elle aux entreprises de recruter et fidéliser les troupes ? Oui, mais les salariés eux-mêmes ne s’en rendent pas tellement compte, ne citant pas en premier les bénéfices de ces initiatives dans leur fidélité à l’entreprise. Pourtant, ils sont 82 % à se dire prêts à changer d’entreprise si leur nouvelle organisation proposait davantage de services à la parentalité.
Les pouvoirs publics ont tenté de répondre à certaines problématiques liées à la parentalité en entreprise, notamment pour garantir une meilleure parité. On pense à la loi Pacte qui pousse les sociétés à faire davantage, mais aussi à l’allongement du congé paternité depuis 2021 ou encore au projet de loi porté actuellement par la députée Marie-Pierre Rixain afin d’améliorer les congés paternité et maternité. Mais il reste beaucoup à faire. Or, nul besoin de rappeler que les inégalités entre les sexes coûtent cher à la société et aux entreprises. D’où l’implication de certaines sur le sujet.
Olivia Vignaud
Source : Les parents zens