L’énergéticien elmy fait partie des quelques entreprises en France qui ont fait le choix de travailler quatre jours par semaine sans impacter les congés et les salaires. Cette nouvelle organisation, adoptée le 1er septembre 2022, connaît un franc succès auprès des 140 collaborateurs de l’entreprise. Leur DRH, Camille Darde, explique la genèse de ce choix et les premiers résultats de cette initiative.
Camille Darde (elmy) : "La semaine de quatre jours nous permet de travailler moins mais surtout de travailler mieux"
Décideurs. Pourquoi avez-vous choisi de passer à la semaine de quatre jours ?
Camille Darde. Chez elmy, nous avons toujours tenté de créer l’entreprise de demain. En œuvrant pour l’énergie verte, nous avons la chance d’évoluer avec des collaborateurs engagés dans le projet d’entreprise. Toutefois, nous souhaitions aller plus loin dans l’innovation RH. Bien sûr, nous aurions pu opter pour d’autres dispositifs, les congés illimités par exemple, mais la semaine des quatre jours correspondait mieux à notre organisation. Il s’agissait par ailleurs d’une façon habile d’optimiser entièrement notre façon de collaborer. À présent, nous travaillons moins mais mieux.
Comment avez-vous mis en place cette semaine de quatre jours ?
Une concertation a eu lieu avec l’ensemble des collaborateurs pour connaître leurs avis. En réalité, ils étaient un certain nombre à manifester quelques craintes. La difficulté était de prendre en compte les spécificités et contraintes de chaque équipe, chaque métier. Nous avons opté pour une phase de test de six mois et de laisser le choix du jour non travaillé à chacun entre le mercredi et le vendredi. Par ailleurs, lors d’une réunion hebdomadaire, nous mesurons l’impact de ce nouveau mode de travail.
"L’indicateur d'absentéisme qui était de 2,36% a tout de même diminué jusqu’à 0,5%"
Quels sont les indicateurs les plus signifiants ?
Bien sûr., Déjà faible, l’indicateur d'absentéisme qui était de 2,36% a tout de même diminué jusqu’à 0,5%. De plus, l’engagement collaborateur que nous mesurons grâce à l’eNPS (Employee Net Promoter Score) a doublé. Les candidatures ont significativement augmenté et le dernier sondage révèle que 96% des salariés d’elmy sont satisfaits de ce système.
Quels conseils donneriez-vous à une entreprise qui souhaite tenter la semaine de quatre jours ?
Cette organisation ne peut pas convenir à toutes les cultures d’entreprise. Cela ne peut fonctionner que si le cadre s’y prête. Les salariés doivent suffisamment être autonomes et responsables pour que ce changement d’organisation très impactant se déroule bien. Il ne s’agit pas seulement de travailler moins, il faut revoir l’ensemble des process afin de gagner du temps. Lorsque nos réunions duraient en moyenne 63 minutes, à présent elles ne requièrent que 52 minutes. Par réflexe, nous estimons qu’une réunion dure une heure mais nous pouvons aussi décider qu’elle se tienne en 45 minutes. Il ne s’agit pas d’un changement anodin que nous mettons en place en un claquement de doigts. Même à présent, nous nous interrogeons encore sur la façon de l’améliorer, par exemple vis-à-vis des jours fériés. Doit-on maintenir la semaine de quatre jours lors des semaines qui comptent un jour férié ? L’expérience porte ses fruits. Toutefois, elle nécessite un investissement important de la part de la direction et des équipes concernées.
Propos recueillis par Elsa Guérin