Près d'un salarié sur deux s'est mis en arrêt maladie en 2022. Si les troubles musculo-squelettiques augmentent toujours, ce sont les troubles psychologiques qui sont la première cause d'absentéisme. Focus sur une tendance qui s'installe dans le monde du travail.
L’absentéisme au travail atteint un taux record
C'est un chantier prioritaire dans les entreprises : améliorer le bien-être des salariés. Pour le moment, ces derniers ne se rendent pas forcément compte des actions menées. La preuve, ils n'ont jamais été aussi nombreux à se faire porter pâle pour raisons physiques, mais surtout psychologiques.
Santé mentale fragilisée
Si les troubles musculo-squelettiques (TMS) ont augmenté depuis 2021, ce sont les troubles psychologiques qui ont été identifiés comme première cause d’absentéisme. Une première révélée par la dernière édition du Datascope d'AXA publiée ce lundi 22 mai. Ceux-ci sont responsables de 22% des arrêts de travail de longue durée, soit 4 points de plus qu’en 2019. Les experts justifient cette hausse par le fait que la pratique du télétravail apporte davantage de flexibilité mais aussi une nouvelle porosité entre vie personnelle et professionnelle pouvant augmenter le stress des salariés et un sentiment d’isolement. À cela s’ajoutent un rapport au travail qui a évolué et une charge de travail ressentie comme plus importante depuis ces cinq dernières années, selon une étude de l’Institut Montaigne portant sur le rapport des Français au travail. Cela explique certainement l’augmentation frappante des arrêts maladie chez les cadres : +41% depuis l’année dernière.
Prévisions pour 2023
Les conséquences de l’absentéisme sont nombreuses : perte de productivité, climat social détérioré au sein de l’entreprise. AXA évalue le coût direct en 2022 à 4,4% de la masse salariale. L’effet Covid s'étant dissipé, l’étude prévoit une légère baisse sur l’année 2023. Toutefois, aucun retour à la normale pré-crise sanitaire n’est prévu. Afin de lutter au mieux contre l’absentéisme, Diane Milleron-Deperrois, directrice générale d’AXA Santé et Collectives indique qu'il "est plus que jamais essentiel de placer la prévention au cœur des actions des entreprises pour les aider à lutter contre l’absentéisme".
Si ces chiffres restent préoccupants pour l’économie, ils traduisent également un mal-être au travail important. Pour améliorer la situation, Patrick Cohen, directeur général d’AXA France, suggère d'"augmenter les bilans de santé", de "réguler le télétravail pour éviter une sédentarité ou une connexion trop importante", ou encore de "former les salariés aux premiers secours en santé mentale".
Elsa Guérin