Nicolas Hieronimus, prendra la tête du leader mondial de la beauté à compter du 1er mai. La récompense ultime pour ce fidèle de la maison qui a grimpé peu à peu les échelons, comme le veut la tradition chez L’Oréal. Portrait d’un leader qui a la cosmétique chevillée au corps.

La tradition de la promotion interne se perpétue chez L’Oréal avec la nomination de Nicolas Hieronimus au poste de directeur général. Le sixième directeur général du groupe, succède à Jean-Paul Agon, qui avait annoncé quelques années auparavant vouloir passer la main à l’orée de sa soixante-cinquième année. Sur le papier, pas de grand chambardement à prévoir. Sans grande surprise, le nouveau patron a fait ses preuves, tout comme ses prédécesseurs, au sein du géant français de la beauté. Si L’Oréal, comme l’ensemble du secteur des cosmétiques, a souffert de la crise, sa stratégie semble malgré tout payante et le groupe continue de se surpasser en gagnant des parts de marché, notamment en Asie-Pacifique. Malgré un chiffre d’affaires global en baisse de 6,3 % en 2020 (23,99 milliards d’euros), L’Oréal a mieux résisté à la crise sanitaire que l’ensemble de ses concurrents en profitant notamment du e-commerce (27 % du CA 2020, en croissance de 67 % par rapport à 2019). Nicolas Hieronimus aura la charge de continuer la saga du groupe, une grande tribu qui façonne ses dirigeants à travers les générations.

Diplômé de l’Essec, celui qui, au cours d’une conférence donnée à des étudiants d’HEC, confiera avoir été interrogé sur "la laideur" au cours d’un examen (raté) de culture générale pour intégrer la prestigieuse école de Jouy-en-Josas, a pourtant dédié sa carrière à un idéal, celui de sublimer chaque type de beauté. À 57 ans, il s’apprête à devenir le nouveau directeur général du groupe, fondé en 1909, qu’il qualifie de "seconde famille". Une famille où il a déjà passé trente-quatre années, plus de la moitié de sa vie, au service de la cosmétique qu’il considère comme "le plus beau métier du monde".

C'est seulement la sixième fois en 112 ans que le groupe change de patron

Si le marketing lui colle à la peau dès la sortie de ses études, son goût prononcé pour l’art, au même titre que son prédécesseur, n’aura pas été entièrement étranger à son choix de rejoindre L’Oréal, alors décoré d’œuvres de la galerie Artcurial dont le groupe était propriétaire. C’est en 1987, en tant que chef de produit chez Garnier que Nicolas Hieronimus commence son ascension.

Un parcours d’excellence

Dès ses débuts, il participe à l’une des plus grandes réussites du groupe avec les shampoings Fructis et leur flacon vert, aujourd’hui iconique. "Une feuille blanche, le rêve de tous les diplômés de l'Essec", c’était ce qu’il avait comme point de départ pour ce succès retentissant qui lui permettra de se démarquer par sa vision et son leadership.

Rapidement remarqué par Patrick Rabais, le bras droit de l’ancien PDG Lindsay Owen-Jones, qui "[lui avait] conçu un parcours pour voir ce qu’il avait dans le ventre", il se verra confier successivement les rênes de L’Oréal Paris en France avant de s’expatrier, au Royaume-Uni et au Mexique. Il reviendra dans l’Hexagone pour prendre la direction de la division des produits professionnels avant d’être nommé en 2011 à la tête de la division produits de luxe, un poste qu’il occupera jusqu’en 2018.

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C'est au sein de Fructis que Nicolas Hieronimus a réalisé ses premiers faits d'armes.

Taillé pour le poste

Cette carrière "oréalienne" est un parfait exemple de la tradition d’excellence du groupe. Nicolas Hieronimus possède un "vrai leadership" pour les personnes qui ont pu travailler à ses côtés. Féru de sport, il est mû par un fort esprit de compétition et de dépassement de soi. Pour l’un de ses proches, "quand il fait quelque chose ce n’est pas pour finir deuxième".

Une exigence qu’il applique également dans la vie courante, notamment en utilisant quotidiennement des soins pour le visage ou en surveillant son alimentation, tout en gardant le doux plaisir coupable des oursons en chocolat guimauve ou des fraises Tagada. Un souvenir indélébile pour celui qui, frappé d’hypermnésie, pourrait donner les résultats sportifs des années 1990, se remémorer les parfums de ses collaborateurs ou encore les paroles de ces chansons qu’on croyait oubliées. 

David Glaser

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