Pas de démission, pas de mea culpa, un premier ministre aux contours mal définis nommé "prochainement" et des oppositions sévèrement tancées : voici les points les plus importants du discours du 5 décembre.

Aucun mea culpa

Face à l’instabilité institutionnelle, le président de la République est resté droit dans ses bottes et affirme n’avoir commis aucune erreur. S’il conçoit que la décision de dissoudre "n’a pas été comprise", il assure qu’elle était inéluctable.

Le locataire de l’Élysée affirme avoir fait tout ce qui était en son pouvoir pour doter la France d’un gouvernement stable : "j’ai consulté, j’ai donné la parole", "fait des concessions". Si le pays en est là c’est, d’après lui, la faute du RN et de LFI mais aussi de "forces républicaines" (le PS et les Verts) qui ont censuré le gouvernement Barnier. En somme, il affirme avoir été "à la hauteur de la situation quand tant d’autres ne l’ont pas été".

Des mots très durs contre les oppositions

Sans surprise, Emmanuel Macron a évidemment dénoncé "l’alliance de l’extrême droite et de l’extrême gauche" avec détermination. "Les autres forces républicaines", c’est-à-dire le PS et les Verts ont été critiquées et l’on sent dans le ton du président une pointe de dépit, voire de mépris lorsqu’il pointe leur "complicité" et leur "cynisme"

Le RN a affirmé censurer pour faire respecter ses électeurs ? "Leurs députés ont voté une motion de censure qui insulte leurs propres électeurs", rétorque le chef de l’État. Il est vrai que le texte du NFP plaide noir sur blanc pour "le barrage contre l’extrême droite" et contre "une nouvelle loi immigration et la remise en cause de l’AME".

Le point le plus important de l’allocution est certainement celui-ci :"Pourquoi ces députés ont-ils agi ainsi ? Ils ne pensent pas à vous, à vos vies, à vos difficultés, à vos fins de mois, à vos projets. Ils ne pensent qu’à une seule chose : à l’élection présidentielle."  Ainsi, il se dépeint comme le garant de la stabilité et de l’intérêt général face à des responsables coupés du peuple. Cet argument peut porter. Selon l’Insee, l’âge moyen des électeurs est de 49 ans. Nul besoin de prendre de gants pour écrire que la France est un "pays de vieux", en recherche de statu quo. Cette partie du discours vise à détacher les électeurs PS et en partie RN de leurs états-majors respectifs. Les sondages qui sortiront dans les prochains jours montreront si l’argument a porté.

La démission ? jamais

Les Insoumis appellent à la démission d’Emmanuel Macron et à une présidentielle anticipée, certains élus centristes ou de droite comme Jean-François Copé ou Charles de Courson distillent l’idée. Ce 5 décembre, ils ont reçu une fin de non-recevoir : " Je n’assumerai jamais l’instabilité des autres", "j’exercerai pleinement mon mandat jusqu’à son terme" pour "30 mois d’action".

Quel premier ministre ?

À ce stade, aucun nom n’a été mentionné, aucune indication sur la couleur politique du successeur de Michel Barnier n’a filtré. Seule certitude, un premier ministre sera nommé "dans les prochains jours" pour "une époque nouvelle" et "bâtir des compromis nouveaux". Il a en préambule remercié l’ancien commissaire européen un "responsable d’expérience" qui a fait preuve de "pugnacité".

Budget, ce qui va se passer

Le Président pouvait jouer la carte du chaos, il a cherché à rassurer les électeurs et les marchés. Certes, le vote du 4 décembre a laissé la France sans budget pour 2025. Mais selon Emmanuel Macron, "une loi spéciale sera déposée avant la mi-décembre au Parlement et cette loi temporaire permettra, comme c’est prévu d’ailleurs par notre Constitution, la continuité des services publics et de la vie du pays". Concrètement, "Elle appliquera pour 2025 les choix de 2024, et je compte bien qu’une majorité  puisse se dégager pour l’adopter au Parlement", ajoute-t-il.

Lucas Jakubowicz

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