Une "génération Macron" qui se met en place pour 2022 et plus si affinités, une balance qui penche vers la droite, des députés loyaux récompensés… Voici les principaux enseignements politiques à tirer de ce remaniement.

Génération Macron

Le gouvernement Castex compte un certain nombre de promus. Le cas le plus stupéfiant est sans doute celui de Gérald Darmanin propulsé ministre de l’Intérieur à 37 ans, après un peu plus de trois ans au poste de ministre de l’Action et des Comptes publics. Sébastien Lecornu, autre trentenaire issu de la droite passe de ministre chargé des Collectivités territoriales à ministre des Outre-mer. Julien Denormandie, macroniste de la première heure blanchi sous le harnais du ministère de la Ville et du Logement remplace Didier Guillaume au ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation. Parmi les jeunes pousses montées en grade, Gabriel Attal aura la lourde tâche de succéder à Sibeth Ndiaye dans le rôle délicat de porte-parole du gouvernement.

En faisant monter en grade ses "bons élèves", le président de la République se constitue peu à peu un entourage de ministres jeunes mais chevronnés, loyaux mais énergiques qui lui doivent beaucoup. Et qui pourraient se permettre de viser encore plus haut si la campagne présidentielle de 2022 s’avère victorieuse. Mieux encore, ces figures montantes de la politique pourraient constituer une « génération Macron » capable d’assurer la pérennité des idéaux portés par le président de la République.

En faisant monter en grade ses jeunes et bons élèves, le président espère créer une "génération Macron" qui lui est redevable et se battra jusqu’au bout pour lui.

Une majorité parlementaire récompensée

Nadia Hai au ministère de la Ville, Brigitte Bourguignon en charge de l’Autonomie… Emmanuel Macron et Jean Castex n’ont pas hésité à piocher dans le groupe parlementaire LREM pour constituer une équipe gouvernementale programmée pour fonctionner jusqu’à la fin du quinquennat. Avec ces deux entrées, un signal est envoyé aux parlementaires : "vous pouvez devenir ministre mais restez dans le groupe majoritaire". Les maroquins ministériels n’ont pas été utilisés pour amadouer les macronistes dissidents.

Au sein de la majorité, d’autres députés au profil de ministrables ne sont pas entrés au gouvernement malgré certaines rumeurs. C’est notamment le cas de Sylvain Maillard, Roland Lescure et Olivia Grégoire tous spécialisés dans l’économie ou encore de Sacha Houlié, expert dans les thématiques sportives. Le Modem comporte également de nombreux élus qui, depuis 2017, ont fait leurs preuves et pourraient quitter l’Hémicycle pour les hôtels ministériels. Citons par exemple la députée de Loire-Atlantique Sarah El Hairy, élue de référence dans l’économie sociale et solidaire ou encore Sylvain Waserman, député du Bas-Rhin, actuellement vice-président de l’Assemblée nationale. Lors des premiers remaniements, Emmanuel Macron a connu quelques difficultés à trouver des parlementaires capables d’intégrer l’exécutif. Une problématique qui semble appartenir au passé.

Les "marcheurs frondeurs" n'ont pas été amadoués avec des maroquins ministériels

La société civile est toujours là

Une pincée de gauche, une pincée de droite, un zeste de société civile. Voici la recette des remaniements tels que pratiqués par le Président de la République depuis son élection. Cette fois ci, la droite est présente, la gauche un peu moins. Mais la société civile est au rendez-vous. Elisabeth Moreno ancienne directrice de Lenovo France et de HP Afrique décroche le poste symbolique et incontournable de Ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances. Alain Griset, président de l’U2P (Union des entreprises de proximité) est pour sa part à la tête d’un nouveau portefeuille, celui de ministre délégué chargé des Petites et Moyennes entreprises.

Pompili, Dupond-Moretti : deux arrivées chocs

Deux arrivées sont particulièrement importantes pour la fin du quinquennat. Pièce incontournable du "nouveau chemin", la transition écologique est confiée à Barbara Pompili qui possède un profil de gauche et une expérience politique (présidente de la commission Aménagement du territoire et développement durable, secrétaire d’État chargée de la biodiversité sous François Hollande).

Mais la principale surprise est celle d’Éric Dupond-Moretti, défenseur invétéré du secret de l’instruction qui, à la surprise générale succède à Nicole Belloubet Place Vendôme. Plus de détails sur cette nomination dans l’article proposé dans le lien suivant.

LR, EELV, PS : moins de débauchage que prévu

Depuis son accession à l’Elysée, Emmanuel Macron a toujours fait en sorte de faire une place au gouvernement à des responsables issus du PS et de LR. Pour la cuvée "juillet 2020" circulaient les noms de Jean Rottner et Guillaume Larrivé à droite, Finalement, aucun responsable socialiste n’intègre l’exécutif. À droite, la moisson est maigre également : la présidente du conseil départemental du Haut-Rhin Brigitte Klinkert devient ministre déléguée chargée de l’insertion tandis-que Roselyne Bachelot succède à Franck Riester à la Culture. Mais l’ancienne ministre de Nicolas Sarkozy et de Jacques Chirac était en retrait de la vie politique.

Désormais, Emmanuel Macron semble posséder une majorité assez structurée pour y puiser ses forces vives

Que penser de ce faible nombre de débauchage ? Les opposants ont beau jeu d’affirmer que le clivage droite-gauche existe toujours, que personne ne souhaite monter dans un navire qu’il pense à la dérive. La réalité est peut-être différente. Désormais, le Président dispose d’une majorité assez structurée et expérimentée pour y puiser ses forces vives.

Castaner, Ndiaye, Guillaume… Des sortants encore influents

Sur le papier certains ministres apparaissent comme les grands perdants de la soirée. Mais cela ne signifie pas forcément leur mise sur la touche. Sibeth Ndiaye et Christophe Castaner, contestés par une partie de l’opinion ont certes été contraints de faire leurs cartons. Mais ces marcheurs des premiers jours pourront probablement compter sur le soutien du chef de l’État ,connu pour ne pas abandonner son premier cercle en rase campagne. Didier Guillaume, influent parmi les parlementaires et les élus locaux, pourrait potentiellement aider le Président à structurer l’aile gauche de la majorité.

Lucas Jakubowicz

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