Des conquêtes sauvegardées et de belles prises de guerre. Malgré les défaites à Marseille et Bordeaux, LR reste le parti qui compte le plus de maires. De quoi garder la majorité au Sénat.

Lors de la traditionnelle soirée électorale du second tour des municipales, Christian Jacob, président de LR ne cache pas sa joie : "Ce soir, on renoue avec la victoire. LR et ses alliés remportent 50% des villes de plus de 9 000 habitants".

Sauvegarder les acquis

La droite peut en effet se targuer de garder la majorité dans ses principaux bastions tels que Colmar ou Nice où Christian Estrosi l’emporte avec 59% des voix face au RN et à EELV. La plupart des villes conquises lors de la prestigieuse "cuvée 2014" reconduisent elles aussi le sortant. C’est ainsi qu’Emile-Roger Lombertie ou Gael Perdriau gardent le contrôle de Limoges et Saint-Etienne avec chacun une victoire estimée à 59%. Enfin, Jean-Luc Moudenc est réélu à Toulouse après un duel serré avec le Vert Antoine Bernard.

Nouvelles terres de mission

Encore plus réjouissant, LR ajoute de nouvelles municipalités à sa collection : Metz est remporté par François Grosdidier d’une courte tête face au Vert Xavier Bouvet (45,13% contre 44,24%), Serge Grouard fait basculer Orléans tandis-que Lorient, terre du ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian est conquise par Fabrice Loher.

La droite francilienne peut également se réjouir de belles prises de guerre notamment dans le Val-de-Marne où elle met la main sur des fiefs de gauche tels que Champigny-sur-Marne, Choisy-le-Roi ou Valenton. Elle s’impose aussi à Aubervilliers et Bondy.

Des pertes symboliques

Toutefois, ces succès réels ne doivent pas faire oublier la perte de "bijoux de famille" que le parti aura du mal à cacher à court terme. Bordeaux, ville de tradition bourgeoise, à droite depuis 1947, change de bord. Nicolas Florian, pourtant allié au Modem et à LREM, s’est incliné face à l’alliance de gauche menée par Pierre Hurmic qui arrache la commune avec deux points d’avance.

LR ne contrôle qu'une seule des 10 communes les plus peuplées de France

À Marseille, plus grande ville gérée par LR, la candidate officielle Martine Vassal, minée par une candidature dissidente et des affaires subit une lourde défaite face au Printemps marseillais, une liste d’union de la gauche menée par Michèle Rubirola. Humiliation supplémentaire, la dauphine de Jean-Claude Gaudin s’incline même dans son propre secteur. La droite républicaine perd également Perpignan qui, avec la victoire de Louis Aliot, devient la plus grande ville gérée par le RN.

Retour à l’autonomie ?

Les dirigeants de LR doivent attendre avec impatience la mise en œuvre du "nouveau chemin" d’Emmanuel Macron. Le quinquennat du président dérivera-t-il vers la gauche ? Si oui, cela pourrait s’avérer une bénédiction pour le parti qui pourrait éventuellement attirer d’anciens "macronistes" de droite déçus par un possible changement de cap de l’exécutif. Très probable, puisque l’état-major de La République en marche a pris conscience d’une chose : les alliances LR-LREM telles qu’elles ont été appliquées à Strasbourg, Bordeaux ou encore Lyon ne conduisent qu’à la défaite. Cette nouvelle stratégie laisserait plus d’autonomie à LR qui aurait moins de crainte de voir ses élus débauchés et ses électeurs courtisés par la Macronie qui pourrait aller chasser sur d’autres terres électoralement plus porteuses. Mais Christian Jacob doit rester prudent, le Président n’a pas renoncé à être et de gauche et de droite…

Lucas Jakubowicz

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