Le parti dirigé par Jean-Christophe Lagarde se range derrière LREM dans la capitale. Un soutien bienvenu qui pourrait être monnayé au prix fort : l’absence de candidats marcheurs dans les villes dirigées par l’UDI.

Le 27 février 2019, dans un entretien accordé à Ouest-France, Jean-Christophe Lagarde, président de l’UDI se veut ferme : « nous avons toujours été dans l’opposition ». C’est donc logiquement que le petit parti centriste présente sa propre liste aux élections européennes. Avec un résultat décevant : 2,4% des voix ; un score qui ne permet même pas le remboursement des frais de campagne; il faut 3% des suffrages pour cela.

De quoi mettre fin aux velléités d’indépendance du parti qui doit, pour survivre, garder des sources de revenus. Et les principales sont ses élus locaux. Pour ne pas disparaître de la carte électorale, il est dans l’obligation de garder des maires lors des prochaines municipales et éviter de se confronter à des candidats LREM.

L’UDI parisienne se met en marche

Pour éviter, dans la mesure du possible, ce « scénario noir », Jean-Christophe Lagarde est prêt à faire des concessions. Ce week-end, il a annoncé que son parti soutenait la candidature de Benjamin Griveaux à la mairie de Paris. Selon le député de Seine-Saint-Denis, « Benjamin Griveaux porte en lui cette volonté de rassemblement propre à tout maire ». Il serait en outre le seul en capacité à mettre fin « à des alternances droite-gauche, claniques ». Malgré ce ralliement à un ancien responsable du PS, Jean-Christophe Lagarde l’assure, « l’UDI, c’est le centre-droit et ça le restera ».

Ce soutien permet au candidat LREM, à défaut de rassembler son camp, d’attirer vers lui tout le centre droit de la capitale : Agir Les Constructifs, LR modérés et désormais l’UDI. Il assèche ainsi LR qui, quel que soit le candidat, verra probablement son électorat réduit à portion congrue.

Il permet aussi de donner tort aux « anti-Griveaux » qui jugent que l’ancien porte-parole du gouvernement n’est pas apte à rassembler. L’image est donc forte. Electoralement parlant, lors des dernières élections européennes, l’UDI n’a fait que 1,75% dans la capitale. Mais, la course à la mairie de Paris semblant plus difficile que prévu, chaque voix est bonne à prendre.

Arrières-pensées

Jean-Christophe Lagarde l’assure, « nous n’avons pas discuté des places ». Peut-être. Pourtant ce ralliement à un candidat qui se voit contesté par son propre camp (Cédric Villani devrait se lancer dans la course) devrait se faire contre quelques « cadeaux ».

Le deal ? l'UDI soutient Benjamin Griveaux? En échange LREM ne présente pas de candidats contre les maires UDI

Dans la région Ile de France, l’UDI possède quelques mairies telles que Bobigny, Epinay sur Seine, Brétigny-sur-Orge ou encore Issy-les-Moulineaux. Que le président de l’UDI espère garder en évitant que la présence de candidat LREM. Un soutien à Benjamin Griveaux contre la probabilité de garder ses bastions, voilà le deal probablement conclu entre les deux formations. D’ailleurs lorsque Jean-Christophe Lagarde déclare « se projeter dans la gouvernance future de la métropole », il sous-entend évidemment que cela ne peut se faire sans maires UDI…

Ailleurs dans l’Hexagone, les édiles UDI tentent également de garder leurs mairies en faisant preuve de « Macron compatibilité ». Ainsi la maire d’Amiens Brigitte Fouré ou le maire d’Arras Frédéric Leturque sont parmi les initiateurs de la Tribune des 72 maires et élus locaux de droite et du centre qui ont annoncé leur soutien à Emmanuel Macron le 8 juin 2019.

Lucas Jakubowicz

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