Question d'équilibre
Avril 2017. La classe politique est sens dessus dessous. À un mois du premier tour de la présidentielle, la droite comme la gauche, incapables de gérer les crises internes, ont d’ores et déjà perdu toute chance de l’emporter. Une aubaine pour Emmanuel Macron. Qui pouvait faire de l’ombre à ce candidat à la fois jeune, dynamique, charismatique et à la tête d’un mouvement politique d’un nouveau genre ? Personne. Élu au second tour avec 66 % des suffrages, le huitième président de la Ve République impose rapidement son style. Lutte antiterroriste, modification du code du travail, réforme de la fiscalité… En quelques mois, l’ex-banquier d’affaires astreint son gouvernement à un rythme effréné. Si bien qu’opposition, syndicats et médias peinent à suivre la cadence. Peu importe. Les Français ont élu le leader d’En Marche ! pour réformer le pays en profondeur, faire bouger les lignes et redorer le blason de la classe politique.
Pourra-t-il continuer dans cette voie, sans provoquer une importante gronde sociale ? Difficile à dire. Si une certaine branche de son électorat, notamment les chefs d’entreprise, se montre satisfaite par les premières réformes économiques, saluant la capacité de l’exécutif à recréer de la confiance, d’autres se sentent largement laissés pour compte. « Je vous demande un petit effort pour m’aider à relancer l’économie du pays », expliquait le chef de l’État à un parterre de retraités déçus et inquiets dans le courant du mois de mars. Du côté des fonctionnaires, la tension est également palpable. Ils étaient des milliers à manifester contre la politique de l’exécutif, aux côtés des cheminots et du personnel des transports aériens quelques jours plus tard. Pour les rassurer, Emmanuel Macron devra sans doute écouter leurs appréhensions et rééquilibrer sa politique, qui, pour l’heure, privilégie largement l’offre. Le Président, devenu en l’espace d’un an une véritable figure planétaire, aura aussi à prouver qu’il est bel et bien ce progressiste capable de mener des réformes sociétales ambitieuses, au-delà des thématiques économiques et des grands sujets internationaux.