Tribune de David Machenaud, directeur associé d'OPEO, cabinet de conseil expert en transformation industriel et co-organisateur des Rencontres pour la compétitivité industrielle qui se tiendront le 28 novembre prochain.

Finir l’année avec un solde positif, mais pas n’importe lequel : celui de l’emploi industriel. En 2016, plus de 10 000 postes ont été créés dans le secteur de l’industrie, après deux décennies d’inexorable désindustrialisation. Il semblerait que nous ayons accompli le plus rude. De la même manière, plus d’usines ont été créées que fermées : la France compte désormais une vingtaine de sites industriels supplémentaires. Surtout, la production industrielle semble repartir : +1,3 % selon l’INSEE au 2e trimestre 2017, notamment grâce à la reprise des biens de consommation. Ce frémissement, voire même cette reprise pour les plus optimistes, est d’abord le fruit d’une prise de conscience : celle de la nécessité de faire converger tous nos efforts. Nous vivons un moment de convergences.  

Convergence des approches d’abord : on a enfin compris qu’innovation, financement et excellence opérationnelle devaient fonctionner ensemble pour catalyser les bénéfices de la transformation de notre appareil industriel. Parmi les acteurs de cette prise de conscience, on retrouve Bpifrance qui depuis plusieurs années est résolument engagée dans l’action aux PME, ETI et grands groupes industriels français.

D’autre part, convergence des initiatives. La bataille pour la compétitivité industrielle se conduit désormais à tous les niveaux institutionnels. Elle se mène auprès de la force publique nationale bien sûr, qui retrouve la pleine nécessité d’être fière de notre industrie à travers par exemple des initiatives telles que la « French Fab ». Les représentants industriels sont également impliqués, grâce au dynamisme de l’Alliance pour l’Industrie du Futur et de son Agora, ou aux multiples actions des CCI. Aussi, les territoires, villes et régions accompagnent les efforts de diagnostic et de modernisation de leurs patrimoines industriels, à l’image de la ville du Havre ou de la région Nouvelle Aquitaine. Les think tanks quant à eux nous permettent de penser et de mettre en perspective, à l’instar du travail de production et de valorisation, des intelligences que dirige depuis plusieurs années la Fabrique de l’industrie. Enfin, les écoles ne sont pas en reste : elles accompagnent le regain d’intérêt de nos jeunes talents pour les carrières industrielles.

C’est un fait, ce dynamisme est accompagné à tous les niveaux ; mais son mérite revient prioritairement aux professionnels de l’industrie qui animent au quotidien la bataille pour la préservation de l’emploi sur leurs sites. Car cette convergence est avant tout à l’œuvre sur le terrain et visible quotidiennement parmi les opérateurs, managers et dirigeants industriels qui poursuivent et encouragent des efforts de transformation considérables.

S’il existe un élément qui démontre immanquablement le renouveau d’un secteur, c’est son innovation sémantique. Bien souvent, il nous faut de nouveaux mots, de nouvelles expressions pour décrire des réalités nouvelles. Dans l’univers industriel, on a vu éclore durant ces dernières années de nombreuses dénominations : l’« excellence opérationnelle » est venue se substituer au dogme du Lean. L’« industrie 4.0 », également, qui signale notre entrée dans une industrie repensée en profondeur. Ont aussi fleuri de nouveaux noms de métiers comme « ingénieur cobot », par exemple, annonçant les prémisses de la collaboration véritable entre hommes et machines. On nous parle aussi d’ « exosquelettes » pour permettre aux humains de porter des charges lourdes sans pénibilité.

Demain, des expressions telles que « teslisme », qui définit le modèle de production industrielle de référence, successeur du Toyotisme et du Fordisme, rejoindront peut-être ces usages. Avec le foisonnement exponentiel des nouvelles technologies, des modèles d’organisations horizontaux, des aspirations et talents des nouvelles générations dans ce monde ultra-connecté, l’industrie a enfin les armes pour proposer des ruptures d’usage à ses demandeurs. Et cela va plus loin qu’une nouvelle offre de produits. Cette révolution s’accompagne de l’avènement d’un nouveau nom de métier : l’ « Architecte de l’Industrie du Futur », ou Architecte IF, défini comme le chef d’orchestre de ce changement, comme il y eut hier un responsable de l’amélioration continue.

L’industrie est désormais « en route vers le mouvement perpétuel », titre choisi pour la deuxième édition des Rencontres pour la Compétitivité Industrielle qui se tiennent le 28 novembre. En effet, dans les usines, ce mouvement vers l’industrie du futur se fait de plus en plus souvent de manière holistique, « à 360 degrés ». Ce mouvement perpétuel tisse des évolutions stratégiques, organisationnelles, humaines, technologiques et environnementales, qui sont les fondements de la compétitivité industrielle française. Et ces fondements seront définitivement les armes nécessaires pour nous mener vers l’industrie du futur.

David Machenaud
Directeur Associé d’OPEO

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