Créée en 1921, l’entreprise Chabé est une société qui s’inscrit dans la durée. Avec près de cent ans d’existence, elle est aujourd’hui une référence sur le marché français des VTC. Guillaume Connan, directeur général et arrière-petit-fils du fondateur Maurice Chabé, nous explique les secrets d’une telle longévité.

Décideurs. Quelle place occupe pour vous les valeurs dans l’entreprise ?

Guillaume Connan. C’est déterminant. Ce sont des éléments à suivre qui sous-tendent toutes directions. Vous pouvez donner différentes orientations, mais les valeurs demeurent immuables. Certaines d’entre elles sont propres à notre activité et leur stabilité constitue une force face aux nombreux changements de notre marché. Le métier des transports de personnes est un domaine qui a brusquement évolué au cours de ces dernières années. Lorsque l’on parle de goût du travail, d’exigence, d’exemplarité, d’honnêteté et de transparence, ce sont des notions qui émanent de vous et qui vous permettent de fédérer tout le monde sous un même drapeau. La différence avec les entreprises familiales est, à mon sens, que les valeurs véhiculées font partie de l’ADN du dirigeant. De ce fait, on ne peut y déroger. Et à partir du moment où l’on constate un alignement entre la sphère privée et publique, vous avez la certitude d’une cohérence.

Comment l’approche long terme influe-t-elle sur la politique du groupe ?

C’est un des principaux atouts des entreprises familiales. En cas de mauvaise exécution d’un contrat, contrairement à un président salarié, je mets en danger la société familiale et pas uniquement un poste. Le risque est de perdre l’héritage qui m’a été transmis. Par conséquent, l’échec n’est pas envisageable. L’entreprise familiale nous donne un sens de l’engagement et des responsabilités beaucoup plus fort. On est loin des aspirations du capitalisme moderne avec des dirigeants qui cherchent à maximiser les profits. Par rapport à cela, il y a une force de la parole donnée dans les PME familiales. Être une entreprise de ce type, pour nous, est un véritable avantage compétitif.

Pensez-vous que les liens familiaux sont un réel atout pour ces PME ?

Pour moi, cela a toujours été une épée à double tranchant. Il faut faire attention à ne pas tomber dans le repli. La combinaison entre les forces de l’entreprise familiale (valeur, long terme, rapidité décisionnelle et la capacité à prendre des risques) et une ouverture sur l’extérieur peut permettre à ce type de société de perdurer.

Avez-vous eu l’ambition d’embrasser une autre carrière que celle qui vous était destinée ?

À titre personnel, j’ai rejoint le groupe il y a trois ans, à l’âge de 37 ans. Auparavant, j’étais dans la gestion de fonds d’investissement de capital-risque. En quelque sorte, je n’étais pas « prédestiné » à me retrouver là. Mais à un certain moment, l’entreprise familiale arrive à vous faire vibrer. Ce n’est pas seulement un choix de raison ou de cœur, c’est aussi un choix qui vient « des tripes ». C’est tout naturellement que j’ai accepté de relever le défi. De plus, avoir une personne de la famille qui a eu une autre expérience professionnelle me paraît nécessaire pour la société.

Propos recueillis par Gatien Pierre-Charles

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