Royaume-Uni : Jeremy Corbyn est-il l’homme de la situation ?

Privant Theresa May de la majorité absolue qu’elle espérait pour négocier un Brexit « dur », le leader du parti travailliste s’inscrit dorénavant comme la figure forte de l’opposition. Ouvertement opposé à l’austérité, cet écologiste convaincu a su, à l’image de Jean-Luc Mélenchon en France, mobiliser les jeunes autour d’un projet radicalement de gauche. « Notre position est claire, nous voulons un Brexit qui protège les emplois », a-t-il répété lors de la campagne. L’homme, qui n’avait soutenu que du bout des lèvres le « remain », se pose à présent comme le plus à même d’obtenir un « bon accord » avec l’UE.

« Il a les défauts de ses qualités »

Seulement voilà, si la majorité des Britanniques semblent reconnaître ses qualités humaines, certains, y compris au sein de son propre parti, lui reprochent un manque de charisme et de leadership. Rarement pris au sérieux, souvent tourné en dérision, Jeremy Corbyn peine à endosser le costume de chef d’État. D’autres encore, regrettent ses prises de position trop clivantes pour restaurer l’équilibre politique du pays. « Il a les défauts de ses qualités, note Olivier de France, directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques. Il a des principes et s’y tient depuis des années. Mais le Royaume-Uni a aujourd’hui besoin d’un homme d’État capable de compromis. » Avec ses propositions tranchées, notamment en matière sociale, l’homme ferait même office de « repoussoir pour une grande partie de l’opinion conservatrice », poursuit l’expert. Seule une figure modérée et rassembleuse, à l’image d’Emmanuel Macron ou, un temps, de Tony Blair, semblerait en mesure de rétablir l’équilibre du pays. « La classe politique britannique actuelle n’a pas de vision à long terme », conclut Olivier de France, rappelant que rien ne peut désormais arrêter le « train fou du processus du Brexit ».

Capucine Coquand 

@CapucineCoquand