Julie de Pimodan : l’entrepreneuse citoyenne
Décideurs. Comment vous est venue l’idée de Fluicity ?
Julie de Pimodan. En France, huit personnes sur dix trouvent que la démocratie ne fonctionne plus. Résultat, près de 40 % d'entre nous n'ont pas été voter aux dernières élections municipales, un record dans la Ve République. Cette proportion monte même à 60 % chez les jeunes ! Ces chiffres m’ont d’autant plus interpellée que j’ai été amenée à vivre dans des pays, comme le Yémen, la Tunisie ou la Turquie, où les gens sont prêts à se battre pour acquérir des droits que nous avons de notre côté arrêté d’exercer. Je me suis alors interrogée sur la façon dont je pourrais changer cela. Après avoir passé quatre ans chez Google, je me suis demandé s'il était normal qu'une grande compagnie américaine nous « connaisse » mieux que nos propres élus. Pour redonner aux citoyens le goût de la politique, il faut les impliquer plus dans la prise de décision.
Décideurs. Quels sont vos objectifs pour 2016 ?
J. de P. Nous allons opérer un virage stratégique important. Jusqu’à maintenant, nous démarchions les mairies pour mettre en place nos solutions mais les appels d’offre prenaient trop de temps. Nous avons donc décidé d’opter pour une offre freemium en ouvrant notre plate-forme à tout groupe de citoyens souhaitant ouvrir des espaces de discussions sur la ville. Ensuite, si la mairie ou toute autre institution souhaite avoir accès à notre interface de visualisation des données ou proposer des consultations ciblées, elle devra payer. Avant ce virage, nous espérions nous implanter dans une quinzaine de villes. Aujourd’hui, nous voyons les choses en beaucoup plus grand mais il est encore trop tôt pour donner des objectifs chiffrés. Pour financer notre croissance, nous sommes en négociation avec des fonds et nous devrions finaliser l’opération d’ici avril. À plus long terme, nous espérons pouvoir montrer que, dans les villes où Fluicity est présente, le taux de participation aux élections municipales a progressé. Rendez-vous en 2020.
Pourquoi on parie sur elle : elle veut faire de la démocratie participative une réalité.
Taux de réussite : 70 %
Sa réputation : elle n’abandonne jamais. Avant de se lancer dans l’aventure, elle a suivi des cours intensifs de codage.
V. P.