Le parti socialiste a mis en place une cellule riposte pour contrer le Front national.
Comment le PS prépare la riposte au FN
Sarah Proust et Elsa di Meo sont toutes deux secrétaires nationales du PS. La première est adjointe au maire du 18e arrondissement de Paris. La seconde, conseillère régionale Paca et opposante locale au sénateur-maire FN de Fréjus, David Rachline. Ce sont elles qui tiennent la cellule riposte socialiste.
Tout est parti du bilan catastrophique obtenu par la gauche aux dernières élections municipales et européennes. Et à l’approche des futures départementales, le patron de la rue de Solférino a un peu pressé le déploiement de l’officine : « Plus le temps d’attendre les régionales », murmure-t-on. Elsa di Meo revient sur cette décision : « Jean-Christophe Cambadélis a compris que le FN est désormais en capacité de chasser un autre parti et qu’il s’incruste partout. »
En interne, on s’aperçoit rapidement que les militants ne mesurent pas la puissance de la dynamique FN. « Beaucoup découvrent seulement maintenant les militants frontistes et ne savent pas comment leurs répondre », raconte un proche de la cellule. Ils découvrent également la professionnalisation du parti de Marine Le Pen qui passe par le culte du chef, le centralisme…
Avec quinze villes détenues par l’extrême droite, dont onze pour le seul Front, il s’agit d’opérer rapidement auprès des militants socialistes un travail de compréhension et d’identification du FN new age de Marine Le Pen. « Il faut tout d’abord qualifier le Front pour mieux le comprendre », explique-t-on. Du FN ou du Rassemblement bleu marine, quel est le plus lisse et le moins dangereux ? Aucun bien sûr, ils revendiquent la préférence locale et nationale, un organigramme à peine relifté depuis Jean-Marie Le Pen et des financements aussi opaques que leurs réseaux (GUD, Frédéric Chatillon, kits de campagne conçus par la société Riwal, prêt russe…). « Nous combattons leurs éléments de langage et rappelons la véritable philosophie sous-entendue : un mélange de boulangisme et de fascisme italien. »
Dans un deuxième temps, il s’agit de « professionnaliser l’œil du militant » en lui détaillant la cartographie électorale frontiste : des attentes diverses (abandon, questionnement réel, insécurité culturelle, déclassement…) et une même trame de fond, la xénophobie.
Dernières actions idéologiques pour élaborer l’armement de riposte : rappeler les premières raisons du vote d’adhésion – « et non de contestation » – frontiste : la peur et le refus de l’étranger (48 %) et de l’Islam (42 %).
Sarah Proust et Elsa di Meo s’appuient dans leur démonstration sur les bilans locaux, « très marqués politiquement » qui, « en cassant les droits des plus pauvres – atteintes aux garderies, cantines ou centre sociaux – démontent la thèse d’une défense de la "France des oubliés" sur laquelle ils ont été élus. » Elsa di Meo de conclure : « Le travail est compliqué et le champ vaste. »
Julien Beauhaire
Pour aller plus loin :
Marine Le Pen dans l’impasse du second tour
Marine Le Pen : « Mon objectif est d’arriver au pouvoir »
Laurent Wauquiez : « L’UMP ne doit pas se déterminer en fonction de Marine Le Pen »
Tout est parti du bilan catastrophique obtenu par la gauche aux dernières élections municipales et européennes. Et à l’approche des futures départementales, le patron de la rue de Solférino a un peu pressé le déploiement de l’officine : « Plus le temps d’attendre les régionales », murmure-t-on. Elsa di Meo revient sur cette décision : « Jean-Christophe Cambadélis a compris que le FN est désormais en capacité de chasser un autre parti et qu’il s’incruste partout. »
En interne, on s’aperçoit rapidement que les militants ne mesurent pas la puissance de la dynamique FN. « Beaucoup découvrent seulement maintenant les militants frontistes et ne savent pas comment leurs répondre », raconte un proche de la cellule. Ils découvrent également la professionnalisation du parti de Marine Le Pen qui passe par le culte du chef, le centralisme…
Avec quinze villes détenues par l’extrême droite, dont onze pour le seul Front, il s’agit d’opérer rapidement auprès des militants socialistes un travail de compréhension et d’identification du FN new age de Marine Le Pen. « Il faut tout d’abord qualifier le Front pour mieux le comprendre », explique-t-on. Du FN ou du Rassemblement bleu marine, quel est le plus lisse et le moins dangereux ? Aucun bien sûr, ils revendiquent la préférence locale et nationale, un organigramme à peine relifté depuis Jean-Marie Le Pen et des financements aussi opaques que leurs réseaux (GUD, Frédéric Chatillon, kits de campagne conçus par la société Riwal, prêt russe…). « Nous combattons leurs éléments de langage et rappelons la véritable philosophie sous-entendue : un mélange de boulangisme et de fascisme italien. »
Dans un deuxième temps, il s’agit de « professionnaliser l’œil du militant » en lui détaillant la cartographie électorale frontiste : des attentes diverses (abandon, questionnement réel, insécurité culturelle, déclassement…) et une même trame de fond, la xénophobie.
Dernières actions idéologiques pour élaborer l’armement de riposte : rappeler les premières raisons du vote d’adhésion – « et non de contestation » – frontiste : la peur et le refus de l’étranger (48 %) et de l’Islam (42 %).
Sarah Proust et Elsa di Meo s’appuient dans leur démonstration sur les bilans locaux, « très marqués politiquement » qui, « en cassant les droits des plus pauvres – atteintes aux garderies, cantines ou centre sociaux – démontent la thèse d’une défense de la "France des oubliés" sur laquelle ils ont été élus. » Elsa di Meo de conclure : « Le travail est compliqué et le champ vaste. »
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