Pour la députée de l’Essonne et vice-présidente déléguée de l'UMP, le politique doit arrêter de se cacher et monter enfin au feu.
Décideurs. Abstention, manifestations, vote en faveur des extrêmes… D’où provient la crise de confiance à l’endroit des politiques ?

Nathalie Kosciusko-Morizet.
Le sentiment que les politiques manquent de courage est un fondement de la défiance des citoyens envers les élus. La société française attend des prises de position fortes, peut-être même une forme de radicalité – qui ne doit pas être confondue avec l'extrémisme. Elle souhaite des élus prêts à monter au feu, à prendre des risques pour faire bouger les choses car elle a trop souvent l'impression qu’ils sont bien à l’abri.
Dans notre monde globalisé, où les parcours sont discontinus et où sévit la crise, les Français ont l’impression que les protections traditionnelles ont sauté, qu'ils sont très exposés aux aléas de l'économie et de la vie. Ils supportent d'autant plus mal l'idée que les politiques, eux, utiliseraient le système pour se protéger. Ou du moins qu'ils seraient moins exposés.
Sous une forme aiguë cela passe par le rejet profond, l'écœurement face au jeu du favoritisme ou des réseaux. Dans sa version ordinaire, c'est simplement le sentiment que les politiques ne montent pas au combat.


Décideurs. Pourtant, le suffrage électoral et le droit ne constituent-ils pas les meilleurs remparts aux abus dénoncés ?

N. K.-M.
Si, bien sûr. C'est d'ailleurs tout le paradoxe de cette défiance car la vie politique est faite de prises de risque. Il y a quelque chose d'injuste dans ce jugement. Si on peut être élu, on peut aussi être battu !
Mais au-delà de la prise de risque électorale, les Français attendent des positions claires, tranchées. Par exemple, au sein de l’opposition au Conseil de Paris, nous avons décidé de lutter en faveur de la liberté d'ouverture des commerces le dimanche. Nous aurions pu choisir une position plus consensuelle et traditionnelle, à partir du zonage. Cela aurait été plus facile. Mais je crois qu'il ne suffit plus de changer les choses à la marge. Il nous faut être radical.


Décideurs. Au fond, c’est le manque de courage du politique qui est pointé du doigt.

N. K.-M.
Quand tout le monde est au feu et quand la société est bousculée, si les chefs restent dans la casemate à l’arrière, une ambiance délétère s'installe. Cela remonte à des représentations profondément ancrées dans notre histoire : nos chefs nous auraient-ils trahis ?
Avoir la confiance des citoyens se mérite. Les représenter est un honneur. En ces temps troublés, difficiles pour tous, nous n'avons pas le droit de gérer nos mandats à l’économie, dans une perspective assurantielle. Dans le monde de l’entreprise, on sait déjà cela : seul le mérite et la prise de risque confèrent la légitimité.


Propos recueillis par Julien Beauhaire


Pour aller plus loin : Les bonnes résolutions : redonner confiance en la politique

Cet entretien fait partie du dossier : Cinq bonnes résolutions pour la France

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