Stéphanie Fougou est la présidente de l'AFJE depuis fin novembre.
Décideurs. L’AFJE choisit tous les deux ans son président parmi les directeurs en poste. Quel est votre champ d’action chez Vallourec ?
Stéphanie Fougou.
Il est en effet utile que le président de l’association soit impliqué quotidiennement dans l’entreprise en tant que juriste. Je dirige chez Vallourec depuis dix mois une équipe de quarante-cinq professionnels, qui a grandi concomitamment aux opérations de croissance. Il n’y avait qu’une ou deux personnes il y a dix ans ! J’ai entamé une réflexion avec l’équipe pour optimiser notre travail eu égard à nos ressources internes en identifiant les sujets sur lesquels nous avions une forte valeur ajoutée (négociation de contrats) et en standardisant certains actes afin de responsabiliser les opérationnels sur les plus simples et redondants. Nous avons lancé le développement d’outils informatiques visant à améliorer le knowledge management et à capitaliser sur les productions de chaque département juridique dans le monde.

Décideurs. Vous êtes directrice juridique et compliance. Pensez-vous que les deux missions doivent être systématiquement confiées à la même personne ?
S. F.
Cela me paraît logique, mais à chacun de s’organiser selon son entreprise. Une chose dont je suis sure : la direction juridique doit etre à l’origine de la rédaction des programmes de compliance et doit travailler en étroite collaboration avec le contrôle interne pour diffuser les process concerné et l’audit pour évaluer les retours d’expérience. C’est ce que nous faisons et cela me semble pertinent.

Décideurs. Vous venez d’être élue à la tête de l’AFJE. Quels sont vos principaux objectifs ?
S. F.
L’AFJE est une association mature et riche en activités qui intervient d’ores et déjà dans de nombreux champs d’actions et dispose d’une reconnaissance établie auprès de quantité d’interlocuteurs notamment du monde du droit. Mon objectif est de m’inscrire dans la continuité d’Hervé Delannoy. Je pense prolonger l’action de « partage », en particulier à destination des juristes de province et de l’étranger au travers d’outils de digitalisation notamment. Notre ouverture internationale doit également être intensifiée et amplifiée, grâce aux partenariats avec les associations étrangères homologues.
J’espère pouvoir attirer de nouveaux membres, voire doubler le nombre de nos adhérents, un objectif ambitieux mais réaliste au vue du nombre de juristes d’entreprise en France.

Décideurs. De quelle manière pèserez-vous sur le projet de création d’un statut d’avocat en entreprise ?
S. F.
La reconnaissance de la confidentialité des avis des juristes d’entreprise est un enjeu majeur de l’AFJE depuis quarante-cinq ans. Peut-être y a-t-il aujourd’hui un espoir de le voir reconnu au travers de ce projet porté par le gouvernement. Il n’est pas admissible d’entendre des dirigeants refuser d’embaucher des juristes français au regard de la situation moins favorable dans laquelle ils exercent le droit et par là même ne permettent pas aux entreprises françaises d’etre compétitives. Le praticien du droit devrait tout simplement pouvoir choisir entre un exercice libéral ou en entreprise. Ce nouveau statut d’avocat en entreprise devra permettre une parfaite fluidité entre les métiers pour tous les juristes d’entreprise. Et les conditions de cotisations et d’examen de déontologie ne devront pas être l’occasion d’en limiter son accès. Les universités peuvent être une solution complémentaire aux barreaux pour permettre l’organisation des examens de déontologie si ceux-ci n’ont pas les moyens de s’adapter rapidement. Le Cercle Montesquieu s’est rapproché de l’AFJE dans la défense de positions communes.

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