Ayant à cœur de rassembler l’ensemble des associations et clubs créés autour du métier du Family Office pour mieux faire connaître la profession et accroître son développement, Frederick Crot, Président de l'Affo et Evelyne Brugère, Vice-Présidente Exécutive, décryptent les enjeux de la profession.
F. Crot et E. Brugère (Affo) : "Le patrimoine des familles évolue, le métier de family officer s’adapte"
Décideurs. Quel bilan faites-vous de votre première année de présidence à l’AFFO ?
Frederick Crot. Ma priorité a été de mieux comprendre les aspirations des adhérents de l’association. Je me suis rendu compte que le métier n’était pas suffisamment bien défini et souvent mal connu. Certains se disent family officer et ne le sont pas alors que d’autres exercent le métier sans le savoir. Je souhaite donc clarifier cette situation et à cet effet l’Affo qui existe depuis 22 ans est un excellent vecteur. Par exemple, nous organisons différentes manifestations et notamment dernièrement un voyage d’études a été organisé en Suisse et ce fut un franc succès. Le but était de s’imprégner des pratiques de nos homologues et d’échanger autour de la profession. Le métier de family officer questionne, le marché s’ouvre et c’est une bonne chose. Ma feuille de route est donc simple : augmenter le nombre d’adhérents et renforcer ainsi l’efficacité et la visibilité de l’association partout en France.
Dans une interview réalisée en 2022, vous parliez de votre volonté de casser l’image parisienne du FO en nommant des délégués régionaux, qu’en est-il aujourd’hui ?
F. C. Effectivement, je souhaite développer l’Affo en régions, ainsi deux délégués régionaux ont été nommés il y a un mois pour la région Grand-Ouest et une seconde délégation verra le jour dans une autre région cette année, en ligne avec nos ambitions évoquées l’an dernier. D’ailleurs, nous sentons qu’une grande partie des professionnels inscrits à nos formations n’est pas seulement parisienne, ce qui nous permet de faire connaître l’association et de promouvoir notre métier à travers l’Hexagone.
Evelyne Brugère. L’idée est de pouvoir répondre aux sollicitations des family offices en région qui viennent frapper à notre porte. Il y a dans nos régions de nombreuses entreprises familiales qui cherchent à s’organiser et nous sommes régulièrement sollicités pour les informer.
Vous avez fêté les vingt ans de l’association il y a peu, quelles sont les évolutions notoires du métier ?
F. C. Le métier évolue d’une part avec le développement des nouveaux types d’investissements comme les cryptoactifs mais aussi l’engouement de plus en plus visible des investisseurs pour les actifs non cotés, sans oublier la nécessité d’internationalisation pour la diversification.
E. B. Les familles sont de plus en plus enclines à communiquer et à fonctionner en réseau, certainement sous l’impulsion des nouvelles générations. La professionnalisation du métier est en marche, avec d’une part les single FO qui souhaitent s’impliquer davantage dans les décisions d’investissement et les multi FO qui structurent leur offre de conseils et services pour mieux servir les familles.
"Plus la rémunération d’un MFO est basée sur les honoraires, plus le risque de conflit d’intérêts est écarté"
F. C. Le temps où l’ancien patriarche d’une famille qui contrôlait tout est révolu. Le patrimoine des familles évolue, le métier de family officer s’adapte.
La transparence de la rémunération est l’un des enjeux du métier, quel est votre avis à ce sujet ?
F. C. L’important est l’alignement d’intérêts entre le family officer et les familles accompagnées. Selon nous, lorsqu’il y a une rétrocommission, naturellement un biais se crée. Les Français ont du mal à payer pour du conseil, quand bien même cela leur serait utile et économique. C’est sur ce dernier point que nous travaillons en vue de promouvoir la valeur ajoutée apportée par le professionnel du Family Office.
Comment préserver l’indépendance d’un family office ?
F. C. Plus la rémunération d’un multi-family officer est basée sur les honoraires, plus le risque de conflit d’intérêts est écarté. Les jeunes sont beaucoup plus dans cette logique ; nous pouvons alors espérer que la tendance va aller vers le 100 % honoraires.
E. B. C’est d’ailleurs le modèle idéal pour préserver l’indépendance d’une structure. Nous souhaitons promouvoir ce modèle et aider nos adhérents à avancer progressivement vers cet objectif. Payer le conseil est la garantie qu’il est indépendant et juste.
Propos recueillis par Marine Fleury