Année riche tant sur les marchés que sur l’actualité du groupe, Société Générale Private Banking clôture l’année 2022 avec brio. Avec une solide expertise sur l’ensemble des activités patrimoniales, la banque privée continue son développement. Entretien avec Olivier Paccalin, directeur commercial et solutions, et Patrick Folléa, directeur de Société Générale Private Banking.
P. Folléa et O. Paccalin (Société Générale Private Banking) : "Nous sommes avant tout des architectes"
Décideurs. Comment s’est passée l’année 2022 pour la banque privée ?
Patrick Folléa. Pour nous, 2022 sera une année record. La réorganisation que nous avons opérée il y a quelques années autour de trois pôles géographiques (France, Europe continentale et Royaume-Uni) et d’un pôle "Solutions" mutualisé à l’échelle du métier porte ses fruits. Ce dispositif, où nous sommes présents à la fois en Europe continentale et au Royaume- Uni, nous différencie de nombre de nos confrères. Il est très pertinent parce qu’il nous permet de proposer à notre grande clientèle internationale à la fois des solutions de droit civil et de common law. Par l’intermédiaire de notre filiale Kleinwort Hambros, nous entendons bien occuper une place de leader auprès des communautés francophone en Angleterre et britannique en Europe.
Du nouveau sur l’offre de service et produits ?
Olivier Paccalin. Le pôle "Solutions" (Wealth & Investments Solutions) a été enrichi à l’occasion de la cession de Lyxor à Amundi. Il repose sur deux piliers : la gestion d’actifs et les solutions de marchés. Sur ce deuxième pilier, nous avons développé des capacités de table de sélection et d’exécution, à la fois sur les produits listés et sur les produits structurés, qui sont très présents dans notre proposition de valeur à nos clients. Le pilier asset management correspond à trois expertises : la gestion discrétionnaire, l’organisation de l’architecture ouverte sous forme de plateforme de subadvisory et le wrapping de fonds sur les solutions structurées à destination des institutionnels clients de Société Générale. Nous sommes avant tout des architectes.
Vous avez prévu d’élargir votre banque privée France en 2023…
P. F. Oui. Nous profiterons de la fusion des deux banques de détail Société Générale et Crédit du Nord au premier semestre 2023 pour accueillir au sein de Société Générale Private Banking France l’ensemble de la clientèle fortunée du groupe Crédit du Nord, soit environ 15 milliards d’euros d’actifs gérés supplémentaires. Cette opération nous permettra de mettre à disposition de ces clients toute la richesse de l’offre de produits et services de notre banque privée en France. Simultanément, la nouvelle banque de détail va créer une banque patrimoniale pour servir sa clientèle détenant entre 150 000 et 500 000 euros d’avoirs. Avec ce double dispositif de banque privée et de banque patrimoniale, qui seront dotées d’une direction de l’offre commune, Société Générale se positionnera clairement comme un leader en France.
Quelles sont les nouvelles tendances de votre métier ?
P. F. D’une façon très schématique, je citerais l’intégration de plus en plus forte du digital dans le modèle opérationnel et relationnel ; la montée en puissance des actifs réels dans les allocations d’actifs ; le positionnement de la RSE au coeur de la stratégie des acteurs et enfin, mais non des moindres, la remontée de l’inflation. Ce dernier point est très nouveau. Nos clients et nos équipes doivent réapprendre – pour les plus jeunes apprendre – comment gérer un patrimoine en situation de haute inflation. Un challenge passionnant !
Comment vous adaptez-vous ?
O. P. Nous ne construisons pas nos offres tant sur l’inflation que sur les taux, avec un gap et une corrélation entre les deux qui sont fluctuants. L’évolution des taux d’intérêt est certainement le fait majeur de ces dix-huit derniers mois dans le dialogue financier avec nos clients.
Quelles conséquences pour les investisseurs ?
O. P. L’une des conséquences visibles pour les clients est le rendement d’un fonds euros qui pourrait être inférieur à des investissements de rendement accessibles via les unités de compte. Ce croisement des taux remet sur le devant de la scène des solutions obligataires telles que les fonds de portage. Si l’on observe les produits structurés, qui sont des boîtes à outils que nous pouvons adapter en fonction des cycles de marché, la remontée des taux rend possible des structurations sous format capital garanti, qui étaient devenues impossibles dans un environnement de taux bas.
Travaillez-vous en interprofessionnalité ?
O. P. Nous travaillons régulièrement avec les family offices sur les grandes relations privées, en France ou à l’international.
Au niveau réglementaire, où en sommesnous ?
O. P. Il y a deux grandes actualités réglementaires que sont SFDR1 et la revue de la directive MiFID2 attendue début 2023, qui devrait porter sur les notions d’inducement et de value for money. SFDR porte sur les sujets de durabilité et d’engagement, tant des producteurs d’asset management que des distributeurs tels que les banques privées, sur un niveau de respect de cette durabilité. Toutes les données nécessaires ne sont pas encore disponibles, les règles de calcul doivent être affinées. De ce fait, les mois qui viennent vont permettre à tous les acteurs de perfectionner leur approche, mais il faudra encore un peu de temps pour stabiliser l’ensemble. À propos des inducements, le sujet sousjacent est l’éducation financière des investisseurs et la confiance dans les solutions de diversification. Il paraît sain que les investisseurs puissent comprendre de manière simple combien ils payent et pour quoi. La difficulté est d’établir des règles faciles d’accès et surtout de faire converger deux réglementations entre MiFID et IDD3, qui aujourd’hui n’aident pas à la transparence envers les investisseurs.
Quelle est votre réponse à ce durcissement de l’environnement réglementaire ?
O. P. Déjà, je ne considère pas cela comme un durcissement, mais plutôt comme un affinage d’objectifs déjà établis depuis longtemps par le régulateur et qui sont plein de bon sens. Transparence, éducation et confiance ne peuvent qu’être bénéfiques à tous, y compris aux acteurs de l’industrie financière. La diversification accrue et nécessaire des investissements de nos clients s’accompagnera vraissemblablement d’une pression sur les marges des solutions financières.
Vous avez également une offre sur la philanthropie…
P. F. Nous avons beaucoup développé notre offre de services ces dernières années. Nous conseillons nos clients à plusieurs niveaux : nous pouvons bien sûr les aider à créer et à gérer leur propre "véhicule philanthropique" si tel est leur souhait. S’ils préfèrent utiliser des véhicules tiers, nous mettons à leur disposition La fondation 29 Haussmann. Celle-ci est abritée et a pour vocation de sélectionner des projets associatifs qui recevront leurs donations. Nous proposons enfin toute une gamme de produits d’investissement (fonds ou produits structurés) à sous-jacent caritatif.
Et sur l’investissement plaisir ?
P. F. Nous sommes principalement présents sur le terrain des vignobles et des oeuvres d’art. Il faut bien comprendre que pour certains clients, l’art est une classe d’actifs à part entière. Nous nous devons de les accompagner. Notre département "Art banking" propose une offre multiforme et très experte qui va de la mise en relation à l’assistance, à la constitution et à la gestion de collections. Outre le plaisir qu’elles procurent, ces offres peuvent avoir un réel intérêt patrimonial.
Où en êtes-vous sur la numérisation de la banque privée ?
P. F. En banque privée, le digital n’a évidemment pas pour vocation de se substituer à la relation avec le client mais de l’enrichir. Chez Société Générale, nous développons de nombreux outils qui vont dans ce sens. On peut mentionner deux exemples : Synoé, sur le terrain du conseil en investissement et Kwiper, sur celui de l’ingénierie patrimoniale.
O. P. Kwiper permet d’identifier des projets patrimoniaux et d’en tirer des pré-recommandations. Synoé est un croisement intelligent entre deux axes que sont : "Qui est le client ?" et notre vision des marchés. Cela aboutit à un dialogue numérisé permettant au client de traiter ses arbitrages en ligne. Ces solutions contribuent à renforcer la satisfaction client, l’éducation financière et notre devoir de conseil.
1 SFDR : Sustainable Finance Disclosure Regulation
2 MiFID : Markets in Financial Instruments Directive
3 IDD : Insurance Distribution Directive