À l’origine de Kirao, la conviction qu’une méthode de gestion basée sur une analyse fondamentale rigoureuse permet de surperformer les indices actions dans la durée. Explications avec Fabrice Revol, président fondateur de Kirao AM.
F. Revol (Kirao AM) : "Le défi du gérant est de naviguer dans l’infini"
Décideurs. Que signifie "Kirao" ?
Fabrice Revol. Le nom Kirao est une invention. Il fait référence aux notions de Ki et de Tao ainsi qu’au réalisateur Takeshi Kitano. Ainsi Kirao a le sens que ses collaborateurs lui donnent, toujours inspiré par l’exigence de notre méthode et de notre philosophie d’investissement. De "faire la lumière sur les zones d’ombre" à "regarder de près pour voir loin" jusqu’à une prochaine déclinaison, Kirao porte en soi l’idée d’une exigence sans cesse régénérée.
Parlez-nous de votre quête du triptyque rupture-solidité-valorisation dans les entreprises.
C’est le cœur du réacteur et du processus d’investissement. D’une manière générale, le défi du gérant est de naviguer dans l’infini, il y a trop de sociétés dans l’univers. Pour espérer trouver des titres performants et un incrément de croissance au-delà d’un benchmark, et sans trop de risque, il faut rentrer dans une période spéciale de la vie des entreprises. S’il s’agit de sociétés de croissances lisibles, la valorisation va avec et ce ne sera pas attractif de ce point de vue.
"Il faut rentrer dans une période spéciale de la vie des entreprises"
Les facteurs de rupture permettent d’accélérer la croissance bénéficiaire. À force de suivre un certain univers de sociétés assez finement, nous sommes capables de déceler des périodes de relative hibernation ou expansion, ne serait-ce que par leur cycle d’investissement qui leur sont propres. Des facteurs exogènes tels que le M&A peuvent perturber la lecture de la stratégie d’entreprise et amener de la défiance ou de l’indifférence de la part du marché. Ces moments représentent souvent des opportunités.
Vos portefeuilles sont concentrés, avec les 10 premières lignes représentant 50% de l'actif. Comment gérez-vous le risque ?
Tout se mesure à l’aune de deux paramètres : le rendement recherché en rapport au risque évalué, et la capacité à gérer un certain nombre de lignes. De manière naturelle Kirao gère une quarantaine de lignes par fonds, soit un poids neutre de 2,50 % par ligne. Tout le travail consiste à quantifier les écarts en plus ou en moins par rapport à cette base. Si le fonds a un taux de rendement interne attendu de 10 % brut, et que nous pensons avec une probabilité élevée qu’une entreprise peut doubler de cours en deux ans, nous allons surpondérer cette valeur. Le poids sera aussi géré en fonction de la proximité d’occurrence des éléments devant conduire à la revalorisation.
Les marchés sont-ils à la merci de la Fed et de la BCE ?
Je ne le pense pas. Il y a de la peur et du stress sur les marchés parce que les investisseurs doutent que le chemin indiqué soit respecté. Une partie du doute vient du fait que les politiques monétaires et budgétaires sont contradictoires, avec notamment des boucliers votés afin de soutenir la demande. En découle une évolution de l’inflation très incertaine. Toutes les relances budgétaires lors du Covid ont ainsi contribué à faire des dommages supplémentaires, à accentuer les pénuries et l’inflation.
Où en êtes-vous sur les sujets ESG/ISR ?
Le travail s’est fait de manière progressive depuis deux ans, les sujets RSE ayant toujours été présents de manière native chez Kirao. Nous avons renforcé nos capacités ESG avec la venue d’un analyste dédié afin de donner de la chair au squelette de la matrice interne de notation que nous avons créée. Le but n’a jamais été de viser un label. Il s’agit d’un process enrichi et amélioré graduellement. La labellisation serait une étape logique.