Alors que le coût de la crise sanitaire sur la seule année 2020 est estimé en France à 186 milliards d’euros et que les variants du virus remettent en cause toutes les projections, une question reste omniprésente : quel impact réel et durable cette crise aura-t-elle sur nos économies ?

Même sur le plan des orientations à prendre et des choix à faire, il est désormais clair que les organisations et les individus doivent s’habituer à vivre d’incertitudes durables. Ce que d’aucuns appelaient déjà en 2020 la « nouvelle normalité ».

Comment, dans ce contexte, les entreprises peuvent-elles s’adapter ? Et dans quelle mesure les transformations qu’elles ont opérées, ou commencé à opérer auparavant, peuvent-elles les aider ?

À l'ère du Business 4.0, les organisations doivent d’abord songer à s'appuyer sur leurs bases, souvent solides, en matière de technologie numérique pour élaborer de nouvelles stratégies économiques, comme par exemple tirer parti de la dynamique de leur écosystème ou concevoir des produits ou services évolutifs. Cela revient à savoir prendre des risques pour créer de la valeur autrement. Voici quelques fondamentaux pour se repérer.

Pour une organisation agile, ouverte au changement

Fin 2020, le cabinet Forrester prédisait déjà que 2021 serait l’année du penser global et de l'agir local. Il soulignait plusieurs approches possibles pour parvenir à mieux s’adapter, dont, tout d’abord, celle d’avoir la capacité d’une vue fidèle de l’ensemble, essentielle pour assurer une bonne gouvernance. Ensuite, celle de se donner les moyens d’exploiter l’écosystème existant, dans une relation gagnant-gagnant. Mais aussi d’adresser davantage de territoires frontaliers ou de proximité. Ou encore, de revoir la chaîne d'approvisionnement et la façon d’employer les actifs. Néanmoins, la condition sine qua none pour parvenir à un nouveau cercle vertueux exige de construire une architecture technologique hyper flexible. Ainsi, les piliers technologiques de l’entreprise 4.0 que sont l’agilité, l’intelligence artificielle, l’automatisation et le cloud deviennent la base d'un noyau adaptatif pour l'entreprise, ou autrement dit, sa « colonne vertébrale numérique ».

"La condition sine qua none pour parvenir à un nouveau cercle vertueux exige de construire une architecture technologique hyper flexible"

C’est cette architecture qui aide à accompagner les changements structurels déjà en cours, lesquels s'accentuent inévitablement en période de crise économique. Par cette voie, même les grandes organisations, ralenties, voire bloquées par des structures informatiques contraignantes, sont en mesure de s’adapter.

La raison d’être comme vecteur de transformation

La façon dont les entreprises s'adaptent est fortement influencée par la manière dont elles envisagent leurs objectifs. Une entreprise ne se définit pas par les seuls produits et services qu’elle vend, mais aussi par la raison de son existence, qui à son tour aide souvent à définir le schéma directeur de son parcours de transformation. De ce point de vue, la méthode de « définition » de la raison d’être d’une entreprise proposée par le Boston Consulting Group est intéressante.

"Cette tendance à organiser l'entreprise en fonction de sa finalité est vecteur de transformation"

D’après de nombreux acteurs de la communication, 75 % des entreprises du CAC 40 auraient déjà travaillé et défini leur raison d’être. Un assureur médical devient un orchestrateur de bien-être ; un constructeur naval, un fournisseur de solutions maritimes ; une major de la production et de la distribution de carburant, un grand groupe énergétique responsable, qui fournit de l’énergie abordable et plus propre.

Cette tendance à organiser l'entreprise en fonction de sa finalité est vecteur de transformation. Stimuler sa croissance passe aussi par la (re)définition de son existence et de son rôle, sur son marché comme envers la société.

Renforcer la résilience par les compétences, la mobilité et l’innovation

Industrie 4.0 ou pas, la crise liée au Covid-19 fragilise durablement la situation financière des entreprises et leur capacité à porter des projets de développement et d’investissement. Le risque est grand d’un gel de l’investissement qui se traduirait par un retard pris sur les pays voisins ou les concurrents. Résister aux turbulences, c’est savoir dès aujourd‘hui se concentrer sur les modèles et les secteurs « stratégiques » qui marchent, stimuler la mobilité du travail et l’investissement dans les territoires et l’offre, notamment la montée en gamme par l’innovation.  

Une étude 2020 de TCS en atteste, les entreprises dotées de capacités numériques et qui ont déjà amorcé une transformation digitale sont celles qui ont su le mieux préserver leur chiffre d’affaires ces derniers mois. Mieux : en période de pandémie persistante, plus de la moitié (66%) des grandes entreprises mondiales prévoient de maintenir leurs investissements pour des projets de transformation numérique, considérés comme stratégiques. Ainsi, dans un contexte de réduction des budgets, la transformation numérique reste une priorité.

Pour autant, pour la société comme pour l’entreprise, l’enjeu reste multiple : il s’agit d’adapter les compétences au monde d’après, tout en assurant la continuité des activités à distance et en s’appuyant sur des technologies et modèles disruptifs. Car résister aux turbulences, c’est savoir modifier rapidement les modèles commerciaux, lancer de nouvelles offres, monter en gamme ou cibler de nouveaux marchés, tout en continuant à proposer un parcours client personnalisé et sans faille.

Vers un modèle économique « tout numérique » unique ?

Pour des raisons de sécurité et de simplicité, la pandémie accélère l'adoption de produits et de services disponibles par voie numérique : médias, services financiers, appareils photos, marketing immobilier, billetteries et loisirs, home cinéma/VOD, cartes géolocalisés, etc.

"La pandémie accélère l'adoption de produits et de services disponibles par voie numérique"

Dans les secteurs de la banque, des assurances, de la médecine et du commerce de détail, on observe déjà le passage à des modèles commerciaux entièrement numériques, où la gestion et la gouvernance internes intègrent les technologies comme l’IA pour suivre la rentabilité et aider à la prise de décision.

De même, les entreprises doivent désormais envisager leur avenir en termes de collaboration intersectorielle au sein d’ « écosystèmes numériques », comme on en voit déjà les prémices pour le secteur des véhicules autonomes conçus autour des innovations logicielles (software-design car).

La période actuelle nous rappelle qu’il est essentiel de penser à travailler différemment, y compris avec ses clients et ses partenaires. Mais pour réellement poser les bases d’une nouvelle ère, il faut un sens aigu de la transformation et de l’innovation. Il reste donc un chantier de taille : trouver des solutions pour soutenir cette envie et cette capacité d’innovation.

SUR L’AUTEUR. Ram a rejoint Tata Consultancy Services en 2004 pour occuper différents postes au sein de la direction de TCS en Europe avant de prendre les fonctions de Directeur Général de l’entité française en 2014. Responsable de la gestion des opérations et de la stratégie, il est notamment en charge du développement de l’entreprise sur le sol français et pilota la fusion des entités françaises après l’acquisition de Alti en 2013.  Avant de rejoindre TCS, Ram avait démontré son esprit d’entrepreneur en créant et dirigeant plusieurs start-ups technologiques. Diplômé en génie informatique, Ram est titulaire d'une maîtrise en administration des affaires (MBA) de l'Université Fairfield IOWA, aux États-Unis.

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