P.Fidaire (NN Investment Partners ) : "400 Md€ seront nécessaires à la transition zéro Carbonne"
Décideurs. Pourquoi avoir choisi de labelliser les fonds NN Green Bonds et NN Green Bond Short Duration ? Quelles sont les incidences de cette labellisation sur leurs stratégies ?
Philippe Fidaire. L’investissement durable est au cœur de la stratégie du groupe NN IP. Nous disposions déjà du Label TEEC, l’ancien nom du label Greenfin. Labelliser les fonds NN Green Bonds et NN Green Bond Short était donc une évidence. Il s’agit de l’essence même de nos portefeuilles. Nous sommes précurseurs dans le domaine de l’ISR, puisque dès 2013, NN Investment Partners avait collaboré avec Novethic pour la labellisation de ses fonds.
Le label Greenfin est-il un réel gage de qualité ?
Le Label Greenfin impose certaines contraintes, libre à chacun de les respecter. Ces critères, clairement définis, reposent sur trois piliers. En premier lieu, le fléchage des investissements vers la transition énergétique et économique. Cette contrainte réduit significativement l’univers de l’investissement des fonds labellisés. En second lieu, l’utilisation des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance lors de la construction du portefeuille. Et enfin, le reporting : les sociétés de gestion doivent démontrer les impacts positifs de leurs investissements et prouver que ces derniers financent réellement la transition énergétique et écologique. Délivré par une entité indépendante, le label Greenfin n’est, en pratique, pas facile à obtenir, ce qui en fait, à mon sens, un gage de qualité.
Le niveau d'exigence imposé par le label Greenfin vous semble-t-il adapté au but recherché ?
Financer la transition écologique et énergétique constitue un enjeu majeur, faisant écho à la COP 21 qui a eu lieu à Paris en 2015. Les contraintes imposées dans le cadre de ce nouveau label sont parfaitement adaptées au but recherché.
"La France est novatrice dans le domaine de la transition écologique et énergétique"
Comment ce label se positionne-t-il par rapport au label ISR porté par le ministère des Finances ? Ne craignez-vous pas un manque de lisibilité ?
Les labels ISR et Greenfin sont très différents. La label Greenfin a pour objectif de flécher les investissements vers le financement de la transition écologique et énergétique. L’objectif du label ISR est quant à lui beaucoup plus orienté vers la gestion du portefeuille qui doit respecter notamment une réduction de l’univers selon des critères ISR d’au moins 20%. Les investisseurs institutionnels en maîtrisent parfaitement les distinctions. Mais il est vrai qu’aux yeux du grand public et des épargnants, un important travail de pédagogie reste à faire.
Existe-t-il une promesse de rendement ?
Dans le cadre de l’impact investing ̶ des fonds labelisées Greenfin ̶ nous prenons des paris sectoriels. Sur des périodes courtes, des décalages de performance avec les grands indices mondiaux sont possibles. Il faut avoir la conviction qu’investir dans la transition écologique et énergétique peut être porteur à moyen et long terme.
L'Europe doit-elle reprendre en main ces sujets et créer son propre label vert ?
La France est novatrice dans le domaine de la transition écologique et énergétique, notamment avec la mise en place des labels Greenfin et ISR. Avec la création du Febelfin, la Belgique a également réalisé un travail intéressant sur le sujet. La transition zéro carbone va, j’imagine, générer des changements de valeurs. L’Europe est obligée de la financer. On estime ses investissements à 400 milliards d’euros par an. Un label paneuropéen en faciliterait à coup sûr le financement et offrirait une meilleure visibilité au thème de la transition écologique et énergétique. Le label Greenfin est une solution parmi d’autres pour flécher les investissements. Il permet également aux épargnants d’investir dans des fonds en accord avec leurs valeurs.
Propos receuillis par Chloé Buewaert