B. Zaraya (Ginjer Am) : « Aujourd’hui, le fait d’avoir le bon scénario fondamental ne garantit plus un succès en termes de perfo
Décideurs. Votre approche consiste en l’analyse du risque systémique au regard des opportunités d’investissement. En quoi cela consiste ?
B. Z. Depuis plusieurs années nous étions face à certaines impasses au sein des marchés financiers, l’analyse fondamentale des entreprises ou de l’économie ne permettaient plus de comprendre les fluctuations de la bourse. Aujourd’hui, le fait d’avoir le bon scénario fondamental ne garantit plus un succès en termes de performances sur les marchés financiers. Selon nous, le marché n’est ni irrationnel, ni fou, il a profondément changé. Nous avions donc un virage important à prendre vis-à-vis de l’analyse traditionnelle du marché. En effet, plusieurs facteurs ont impactés les marchés financiers et ont motivé notre démarche. Le premier étant l’accélération de la transmission des données, elle a permis l’instantanéité des échanges d’informations conduisant à des phénomènes d’achat-vente en fonction des sentiments de craintes et de confiance de l’investisseur. Ensuite, de nos jours, l’avènement de toutes les nouvelles classes d’actifs, SCPI, private equity, fonds absolute return, ont contribué à l’érosion des parts de marchés des acteurs traditionnels. Cela signifie que le « on/off » lié à la donnée a beaucoup plus d’impact aujourd’hui que par le passé puisque le marché s’est fortement rétréci. Dès lors, la volatilité ne peut plus être prise comme seul indicateur du risque, puisque ces deux premiers phénomènes peuvent conduire à une montée de volatilité sans pour autant que le risque existe. Chez Ginjer, nous cherchons à comprendre comment la volatilité est construite, puisqu’en fonction de sa construction, elle sera potentiellement un risque pour demain, il faut donc qualifier le risque plutôt que de le quantifier.
Comment la gestion des gérants a-t-elle évolué face à la volatilité récurrente d’un marché qui s’est concentré ?
Il y a vingt ans, les gérants de certains grands fonds diversifiés réduisaient leur exposition aux actions quand ils devenaient pessimistes sur les marchés actions, il y avait donc un mouvement d’arbitrage entre un actif risqué et un actif sans risque. Aujourd’hui pour les mêmes craintes, ces gérants ne vont plus baisser leur exposition aux actions mais vont se couvrir. Ils délèguent donc une partie de leur gestion à un tiers afin d’avoir accès à ces instruments de couverture : CDS, options, produits structurés etc… Ces produits sont avant tout des formules mathématiques, il faut les construire. A la différence du gérant qui, en se couvrant, recherche le meilleur couple rendement/risque pour sa gestion, les établissements financiers qui vendent ces produits synthétiques agissent en fonction de leur engagement recherchant le meilleur couple risque/liquidité. Ces acteurs n’agissent donc pas en fonction de la macroéconomie ou du cycle économique comme nous, acteurs conventionnels, mais bien en fonction de la liquidité et leur engagement. Ce faisant ils modifient la dynamique des marchés. C’est précisément pour comprendre leur impact sur le comportement des marchés que nous avons développés un système de suivi des risques innovant qui nous permet de compléter l’analyse fondamentale par l’étude de ces nouvelles forces mécaniques qui viennent polluer les marchés.
Votre maison propose un fonds unique. Comment cela sert votre stratégie d’allocation ?
Le fait de mieux comprendre cette nouvelle dynamique financière nous permet de répondre à la très grande complexité des marchés financiers avec une grande simplicité. Ginjer Actifs 360, unique fonds de Ginjer AM est un fonds mixte flexible, investi de 0 à 100% sur les classes d’actifs traditionnelles : actions, taux et convertibles de l’Union Européenne, Suisse et Norvège. Ginjer Actifs 360 est composé uniquement d’instruments simples, liquides pour une plus grande lisibilité, avec une faible rotation du portefeuille pour une plus grande cohérence dans le temps, est une vraie latitude dans les expositions aux différentes classes d’actifs pour pouvoir traverser les cycles économiques.
Propos recueillis par Yacine Kadri