Olivier Guillou : « Nous regardons de près les émissions obligataires réalisées par des sociétés non notées »
Décideurs. La Réserve fédérale américaine a relevé en décembre dernier ses taux d’intérêt de 25 points de base. Quelles sont les conséquences de cette inclinaison de la politique monétaire de la Fed ?
Olivier Guillou. Cette décision était attendue et même souhaitée par les investisseurs, elle aurait même pu être prise dès le mois de juin. Elle confirme le redressement de l'économie américaine. L'idée est ici pour la Fed de se redonner des marges de manœuvre pour les années futures. Cette remontée des taux d’intérêt devrait cependant être lente et progressive et ne met pas en danger le marché obligataire US, car le bilan de la Fed est conservé en l’état. Nous anticipons pour 2016, encore deux à trois hausses du taux Fed Funds. En Europe, le rythme de croissance de l'économie s’accélère quelque peu et constitue une embellie notable permise par la baisse de l’euro, la baisse des taux et la baisse du prix des matières premières. Ce mouvement doit être conforté, c’est le sens de l’action de la BCE. Pour les taux européens, deux forces s'opposent : les flux liés aux achats réalisés par la BCE (1500 milliards d’ici mars 2017) qui assèchent le marché obligataire et la valorisation liée à la hausse attendue de l’inflation (de 0% à 1% environ entre fin 2015 et fin 2016). Les marchés européens ne seront cependant pas immunisés contre la hausse des taux US, mais on le voit son impact devrait être limité avec un écart sur les taux à 10 ans attendu proche des niveaux actuels
Décideurs. Quels sont vos choix d’investissement ?
O. G. Cette année, les marchés seront une nouvelle fois dirigés par les banques centrales et les flux. Dans ce contexte, les investisseurs devront faire preuve d'une certaine agilité. La tension qui règne actuellement sur le marché des obligations à haut rendement peut être source d’opportunités. Nous regardons également de près les émissions réalisées par des sociétés non notées. Récemment, nous nous sommes ainsi positionnés sur les obligations émises par Bolloré et le fabricant d'électroménager SEB, des firmes présentant de réels gages de solidité. Les obligations convertibles sont également de nature à séduire certains investisseurs, pour peu qu'ils anticipent une hausse des marchés actions. Quant aux marchés des obligations souveraines, nous avons plus une approche risk-on / risk-off en continuant de privilégier la convergence Nord-Sud en zone euro. Les obligations indexées sur l’inflation peuvent également être regardées si on parie sur un rebond important du prix du pétrole, aux USA notamment.
Propos recueillis par Aurélien Florin
Retrouvez la suite de cet entretien dans l'édition 2016 du supplément « gestion de patrimoine & gestion d'actifs » du magazine décideurs