Le projet d’Union des marchés de capitaux (UMC) a été le sujet le plus abordé lors des rencontres financières internationales organisées par Paris Europlace. Si tout le monde s’accorde sur son importance, ses modalités de mise en place divisent encore.
Tout part d’un constat simple : les banques n’arrivent plus à répondre aux sollicitations des entreprises. Avant la crise de 2007, ces dernières participaient à hauteur de 75 % de leur besoin en financement. Huit ans plus tard, ce pourcentage est descendu à 63 %. Une évolution qui ne s’explique malheureusement pas par la montée en puissance des marchés financiers mais par l’effondrement de la participation des banques.

L’Europe à la traîne

Lancée en février dernier par la Commission européenne, le projet d’Union des marchés de capitaux (UMC) a donc pour objectif de diversifier les sources de financement des entreprises en redonnant un plus grand rôle aux marchés. Dans ce domaine, l’Europe est en effet très en retard. Parmi les dix plus grandes banques mondiales, on ne trouve qu’une seule banque européenne, contre quatre américaines et quatre chinoises. Pourtant, si l’on regarde les dix premiers pays par leur produit intérieur brut, l’Europe compte quatre de ces membres. Le constat est le même sur le marché de la dette ou des fonds d’investissement. Une situation d’autant plus paradoxale que l’Europe dispose de l’un des taux d’épargne les plus élevés au monde. La France arrive même en tête avec 16 %.

Pour les intervenants présents, Frédéric Oudéa en tête, ce retard s’explique par des « réglementations trop pesantes ». Un message que le gouvernement français semble avoir entendu puisque Michel Sapin, ministre des Finances, a écrit le mois dernier au commissaire européen Jonathan Hill pour lui demander d’assouplir Solvabilité II pour les assureurs afin qu’ils puissent investir dans des placements plus risqués comme les actions.

Un juste équilibre à trouver

Si la nécessité d’harmonisation et de simplification font l’unanimité, la voie à suivre varie beaucoup. Pour Laurent Mignon, le P-DG de Natixis, il faut « favoriser la déconsolidation du marché ». Quant à Jonathan Hill, initiateur du projet, il souhaite accélérer la dérégulation des marchés de titres afin de rendre ces derniers plus efficients. Entre les libéraux et les conservateurs, trouver le juste équilibre prendra du temps. Consciente de cette difficulté, la Commission européenne s’est fixé comme objectif 2019 pour arriver à un accord. Bercy tente d’accélérer le rythme en souhaitant que soient lancés parallèlement différents chantiers. Une supervision pour des titrisations ou des fonds d'investissement paneuropéens peut par exemple aller plus vite.

Mais quoi qu’il en soit, Frédéric Oudéa met en garde : « nous avons besoin de construire un système qui fonctionne dans les bons comme dans les mauvais moments». Car, d’ici 2019, si les marchés n’arrivent pas à digérer l’excès de liquidités, une nouvelle crise pourrait éclater.

V.P.

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