Les Françaises s’exportent bien dans la tech mondiale. Preuve en est avec Fidji Simo qui a fait partie des hautes sphères de Facebook avant de prendre la tête d’une licorne valorisée 40 milliards de dollars. Le tout à moins de 40 ans.
Fidji Simo, une Sétoise à San Francisco
Si un jour vous êtes amené à évoquer la ville de Sète avec un investisseur ou un entrepreneur de la Silicon Valley, le premier nom qui lui viendra à l’esprit ne sera pas Georges Brassens ou Paul Valery mais plutôt Fidji Simo. Peu connue dans l’Hexagone, la trentenaire est pourtant une figure emblématique de la tech US. Un parcours hors du commun auquel rien ne la prédestinait.
Promotion interne chez Facebook
Issue d’une famille de pêcheurs et de commerçants de la cité occitane, Fidji Simo obtient son bac avec deux ans d’avance puis intègre HEC. Lors de son cursus, elle effectue un séjour à l’université de Californie à Los Angeles. C’est le coup de foudre pour le Golden State et l’univers de la tech. Après un premier poste chez eBay, elle fait preuve d’audace et postule chez Facebook de manière spontanée en 2011.
Son sens de l’esprit d’équipe, son inventivité et sa force de travail attirent l’attention de Mark Zuckerberg et Sheryl Sandberg. À pas de géant, la Frenchie gravit les échelons et occupe des fonctions habituellement dévolues aux diplômés de la "crème de la crème" des universités du pays de l’Oncle Sam. Deux ans après son arrivée dans les locaux de Menlo Park, elle est promue responsable de la publicité mobile avant de devenir, un an plus tard, vice-présidente chargée de la vidéo, des jeux et de la publicité mobile. C’est sous son égide que se déploie Facebook Live. En 2019, consécration suprême, elle devient directrice de l’application Facebook. Pour une ambitieuse précoce, impossible de monter plus haut. Mis à part en délogeant le patron…
Patronne de licorne
Logiquement, une foule de recruteurs prestigieux cherchent à la débaucher. C’est Instacart qui aura sa préférence. Cette start-up peu connue du grand public européen est pourtant valorisée 40 milliards de dollars, soit la troisième entreprise américaine non cotée à la plus grosse valorisation derrière Stripe et Space X.
Fidji Simo est désormais à la tête d'Instacart, troisième entreprise non côtée derrière Stripe et Space X
Le concept de l’entreprise ? Un système de livraison de courses qui repose sur des particuliers commissionnés. Instacart se présente aux commerçants comme une alternative à Amazon. La pandémie a donné un coup de boost au business model puisqu’Instacart a généré 1,5 milliard de revenus en 2020. Le retour à la normale n’a pas eu d’impact sur la croissance. À l’été 2021, Fidji Simo prend les rênes du groupe avec, pour missions principales, l’extension territoriale de l’activité, le déploiement de publicités sur la marketplace et l’introduction en Bourse.
Role model
Dans une interview accordée à Elle, cette incarnation de la success story comme les USA en raffolent reconnaît que tout n’a pas toujours été simple : "J’ai toujours évolué dans des milieux d’hommes et j’ai longtemps ignoré les remarques sexistes ou passé outre, mais aujourd’hui je ne laisse rien passer." Pour faire des émules, elle a créé l’association Women in Product "car j’ai envie de m’engager aux côtés des femmes et de les aider à atteindre les positions qu’elles méritent dans les nouvelles technologies, secteur dans lequel elles sont encore trop peu nombreuses". Mais elles peuvent trouver un model qu’il sera toutefois difficile de surpasser.
Lucas Jakubowicz