Fleur Pellerin aurait pu intégrer la Macronie, être parachutée dans une circo en or ou pantoufler dans une quelconque institution publique. Mais l’ancienne ministre de François Hollande nourrit une autre ambition : devenir une figure incontournable de l’investissement tech. Mission accomplie.
Fleur Pellerin, des éléphants aux licornes
Sur le papier, Fleur Pellerin possède le parfait cursus honorum pour devenir une responsable politique de premier plan : bac franco-allemand, Essec, Sciences Po, ENA au sein de la même promotion qu’Alexis Kohler, tout puissant secrétaire général de l’Élysée. Puis entrée à la Cour des comptes, travail dans les équipes de campagne de Ségolène Royal et François Hollande. Avant d’obtenir le graal, une nomination dans le gouvernement socialiste élu en 2012.
Tchao la politique !
Au sein des équipes Ayrault et Valls, elle occupe les fonctions de ministre déléguée aux PME, à l’Innovation et à l’économie numérique puis de secrétaire d’État chargée du Tourisme, du commerce extérieur et des Français de l’Étranger avant d’être nommée ministre de la Culture. En février 2016, elle perd son poste. Sa carrière au sein de la haute administration aurait pu se poursuivre grâce au ralliement à une Macronie encore à l’état d’ébauche ou grâce à une porte de sortie proposée par le président de la République : "On m’a proposé, comme c’est souvent l’usage, un recasage dans une établissement public culturel prestigieux. Mais j’ai refusé car je déteste le principe de donner un hochet à ceux qu’on vient de limoger."
Très rapidement, Fleur Pellerin dresse un bilan de ses compétences : elle connaît la tech, estime savoir "gérer la pression", "prendre des décisions rapidement, sous contraintes, avec un ensemble de paramètres complexes". Le profil idéal pour intégrer un fonds.
Bâtir des ponts
Mais elle fera mieux. Dans les mois qui suivent son éviction, elle s’associe avec Antoine Dresch, un ami de prépa, témoin de mariage, doté de deux décennies d’expérience dans la banque d’affaires. Entourés par des anciens de 360 Capital ou de Partech Ventures, les deux ambitieux lancent Korelya Capital. Objectif : investir dans des start-up désireuses de s’implanter sur le marché asiatique.
Doté de bureaux à Singapour, Séoul, Londres et Paris, Korelya Capital ne se contente pas d’investir. Elle prodigue un accompagnement complet aux entrepreneurs souhaitant accroître leurs parts de marché sur le continent asiatique, notamment la Corée du Sud et le Japon. La société se repose dès sa création sur le fonds K-Fund 1 intégralement abondé par le sud-coréen Naver pour 200 millions d’euros. L’argent est bien placé puisqu’en 2021 Fleur Pellerin se réjouit du fait que "le portefeuille de Korelya Capital ne compte aucune entreprise en sous-performance".
Petits tickets, gros succès
En règle générale Korelya se contente de tickets de 10 à 20 millions d’euros avec une prédilection pour le machine learning, le deep learning, l’IoT ou l’IA. Parmi les entreprises accompagnées les plus connues, Devialet, Ledger ou Vestiaire Collective. Depuis peu, les troupes de Fleur Pellerin semblent miser des sommes de plus en plus importantes. Citons notamment les 115 millions d’euros pour faire croître Wallapop, plateforme de e-commerce espagnole spécialisée dans la vente de produits de seconde main.
Lucas Jakubowicz
Crédit photo : Nicolas Reitzaum