Cet été, BNP Paribas annonçait s'offrir AXA IM pour 5,4 milliards d’euros. Le rapprochement avec BNPP AM permettra au nouvel ensemble de compter parmi les leaders des gestionnaires d’actifs européens. Retour sur une opération d'envergure qui a marqué 2024.

Depuis une quinzaine d’années, le secteur de la gestion d’actifs se consolide dans le but notamment de réaliser des économies d’échelle et de se diversifier. Dernier grand mouvement en date : l’annonce cet été du prochain rachat d’AXA IM par BNP Paribas, afin de fusionner la filiale de gestion d’actifs de l’assureur avec BNPP AM. Ce rapprochement permettrait au nouvel ensemble de disposer de 1 500 milliards d’euros d’encours : les actifs de BNPP AM auxquels s’ajouteraient les 850 milliards d’AXA IM ainsi que la gestion de 160 milliards d’actifs d’assurance et d’épargne de Cardif, le métier assurance de BNPP.

"Ce projet positionnerait le groupe comme un acteur européen leader de la gestion d’actifs de long terme, faisait valoir Jean- Laurent Bonnafé, directeur général de BNPP lors de l’annonce. Bénéficiant ainsi de la taille critique tant dans les actifs cotés que privés, il servirait d’autant plus efficacement ses clients assureurs, fonds de pension, réseaux bancaires et distributeurs." Du côté d’AXA, ce désengagement du secteur de la gestion d’actifs s’inscrit dans la stratégie du groupe qui vise à simplifier son modèle et à se concentrer sur ses activités d’assurance.

Deuxième derrière Amundi

Si ce rachat, dont la finalisation est prévue pour le deuxième trimestre 2025, est approuvé par les autorités, il permettrait de créer le deuxième gestionnaire d’actifs européen, derrière Amundi (2 200 milliards d’euros sous gestion). AXA recevrait 5,4 milliards d’euros, soit l’équivalent de 15 fois ses résultats opérationnels de 2023. Un montant que BNP Paribas peut sortir de sa poche notamment grâce à la vente en 2021 de Bank of the West aux États-Unis pour 16,3 milliards de dollars.

Une proie plus grande que le prédateur

Ce qui justifie le prix élevé déboursé par la banque de Jean-Laurent Bonnafé ? La signature d’un accord stratégique de long terme qui prévoit que BNP Paribas fournira durant une quinzaine d’années des services de gestion d’investissement à l’assureur. Selon Les Échos, sur la base des encours à fin juin 2024, les capitaux confiés par AXA représentent près de 30 % des actifs sous gestion du nouvel ensemble.

À double tranchant

De quoi partir avec une collecte assurée mais BNP Paribas aura à prouver qu’il est un bon partenaire s’il ne veut pas voir cet accord remis en cause après la période prévue passée. BNPP devra aussi faire face à d’autres risques de décollecte puisque les investisseurs, notamment institutionnels, ont besoin de diversifier leurs partenaires, ce qui pourrait les amener à sortir des fonds une fois la fusion achevée.

Gestion des talents

Autre sujet à surveiller : la manière dont l’alliance sera opérée concrètement. BNP Paribas s’offre une proie plus grande que sa division de gestion d’actifs (2 000 salariés contre 2 800 pour AXA IM). Les deux entités ont déjà traversé des réorganisations. Si jusqu’ici AXA IM a su garder une certaine stabilité au sein de ses équipes, celles-ci resteront-elles au moment du rapprochement effectif, lequel va entraîner des réaménagements sur certains postes et une rationalisation des fonds ? En tout cas, la banque y travaille et la création d’un acteur qui compte et à la force de frappe nécessaire pour se montrer ambitieux pourrait peser aux yeux des collaborateurs au moment de choisir.

Olivia Vignaud

Photo : © Flickr / Dierk Schaefer

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