Jean-Baptiste Morin (Docaposte), l’esprit d’équipe

"Un personnage qu’on porte dans son coeur", chantait Bourvil à propos des facteurs. Une tirade qui correspond bien à Jean-Baptiste Morin, lui qui se décrit comme  "un vieux postier". "Je suis arrivé dans le groupe La Poste en 2004, je n’avais pas idée de ce que j’allais y trouver !", se remémore-t-il. Dynamique et enthousiaste, il n’attend pas la fin de son cursus à l’ESCP pour se lancer dans l’entrepreneuriat. Il l’avoue, "historiquement, je suis un petit entrepreneur qui s’est complètement corporatisé". Son aventure entrepreneuriale commence dès 1999, avec la création d’Exito Compagnie, une SARL spécialisée dans l’importation de liqueur de pommes espagnole. S’il revend l’entreprise en 2002, sa soif d’entreprendre ne se tarit pas.

Web entrepreneur de la première heure

La même année, il surfe sur la vague d’Internet et fonde JB2M, une société de conseil spécialisée dans le courtage d’assurances en ligne. À l’époque, une première en France. En 2004, il cède sa société à First Stream, un groupe américain. Dans la foulée, cet entrepreneur dans l’âme devient pourtant le premier salarié du cabinet de courtage du groupe La Poste. Son équipe est alors en charge du développement de la gamme d’assurances rattachées aux produits bancaires du groupe. "C’était à l’époque une coquille vide", se souvient-il. Persévérant, il pousse la stratégie du cabinet et grimpe les échelons jusqu’à devenir directeur général de la filiale de courtage en assurance de La Banque Postale. En moins de dix ans, le cabinet grandit et atteint les 50 millions de chiffre d’affaires. Une belle réussite pour celui qui avait toujours travaillé en indépendant. En 2013, il intègre la société mère, La Poste, en tant que directeur banque et assurances. Au coeur de la stratégie du groupe, il conseille ses opérations de croissance externe notamment les nombreuses prises de participation de La Poste dans des start-up. Au service d’un projet industriel Un premier pas dans le M&A, qu’il envisage depuis comme "une étape au service d’un projet industriel". En 2017, retour dans l’une des filiales, cette fois-ci chez Docaposte, la branche numérique du groupe. "J’ai acheté le projet industriel et découvert des gens passionnants. Des pépites qui étaient des relais de croissance pérennes et avaient la capacité de sauver toute l’entreprise", confesse l’actuel directeur M&A et stratégie de 47 ans.

" Le M&A, est surtout une brique dans un projet plus vaste"

Lorsqu’on l’interroge sur l’opération qu’il a préférée, il répond, animé d’un véritable sens du collectif : "Mon dernier deal, l’acquisition de Maincare dans la santé. Les fondateurs se sont bien intégrés à Docaposte. Cela arrive souvent ! Les entrepreneurs restent chez nous. Voir qu’ils adhèrent au projet est, pour moi, très satisfaisant". Pourtant, pour Jean-Baptiste Morin, le M&A n’est pas une fin en soi, il s’attache aux fondamentaux : "Je suis admiratif des professionnels du M&A, mais pour moi il s’agit surtout d’une brique dans un projet plus vaste. Aujourd’hui, je crois aux ambitions de Docaposte : miser sur la confiance et la souveraineté numérique". Depuis six ans, il a réalisé 25 opérations et une vingtaine d’acquisitions. Une tournée qui n’est pas près de s’arrêter pour ce postier.

Parcours

• 1999 : crée sa première société Exito Companie, spécialisée dans l’import-export de liqueur de pommes
• 2000 : sort diplômé de l’ESCP
• 2002 : se lance dans le courtage d’assurance en ligne avec Assuronline et revend sa première société
• 2004 : rejoint La Banque postale et devient le premier salarié de la branche de conseil en assurances de la banque. Il en deviendra plus tard, le directeur général
• 2013 : intègre le groupe La Poste et prend la direction de l’activité Banque et assurance
• 2017 : regagne une filiale du groupe, Docaposte

Céline Toni