François Paulus (Breega) : “Nous avons choisi les fondateurs, Romain et Renaud, en plus de leur projet"
Décideurs. Comment a commencé l’histoire entre Breega et Exotec ?
Romain Moulin. Avec Renaud Heitz, cofondateur, nous avons lancé Exotec à l’été 2015, à l’époque, nous travaillions ensemble chez General Electric. Amazon avait annoncé garder en interne l’équipement de ses entrepôts et nous y avons vu une opportunité de marché. Nous avons alors intégré l’incubateur Telecom Paris Tech qui nous a permis d’avoir des contacts de fonds de VC. Après avoir levé 300 000 euros auprès de nos cercles proches, il nous fallait plus de moyens, car nous développions du hardware. Il nous manquait alors 3 millions d’euros et nous hésitions à nous tourner vers un fonds. Yves Poilane, directeur de Télécom Paris, nous a alors suggéré de demander conseil à François Paulus, qui dirigeait Breega.
François Paulus. Je faisais partie du jury de l’incubateur de Telecom Paris Tech bien avant de cofonder Breega en 2013. J’ai toujours gardé l’habitude de conseiller de jeunes entrepreneurs, indépendamment de mon activité dans le fonds. Au moment de notre rencontre, Romain Moulin et Renaud Heitz hésitaient sur le financement d’Exotec, mais au bout d’une semaine, ils m’ont annoncé s’être décidés pour un fonds de VC. Ils cherchaient trois millions d’euros et nous demandaient notre accord.
Pourquoi avez-vous décidé de travailler ensemble ?
F. P. J’ai été patron du réseau de Neuf-Cegetel, le hardware ne me faisait pas peur. Plus je voyais Romain et Renaud, plus je les trouvais solides. Ce qui m’a définitivement convaincu, c’est un appel à leur ancien patron qui m’a confié que parmi la centaine d’ingénieurs de son équipe, Romain et Renaud étaient les deux stars. Il regrettait de ne pas avoir pu les retenir. À ce moment-là, nous avions des hésitations sur le secteur du hardware, après un premier "mauvais" investissement, mais nous avons pris le risque. Nous avons surtout investi dans Romain et Renaud, en choisissant les fondateurs en plus de leur projet.
R. M. Comme Exotec était une boîte de hardware, la moitié des investisseurs étaient effrayés, et peu d’entre eux capables d’analyser une entreprise comme la nôtre. Breega avait une équipe sympa, très entrepreneur-friendly. Ils nous ont toujours donné l’impression que l’on pourrait compter sur eux.
"C’est grâce à Breega que nous avons signé Showroomprivé, l’un de nos premiers gros clients" Romain Moulin
Comment s’organise votre collaboration aujourd’hui ?
F. P. Aujourd’hui, nous sommes six investisseurs institutionnels autour de la table, la situation n’est plus la même. Nous sommes arrivés en tant que fonds de seed, nous avons mis au total 27 millions d’euros dans le projet sur plusieurs fonds différents. Breega a tellement cru dans cette entreprise, que nous avons toujours tenu à la suivre. Ce que nous avons fait, avec, dans un premier temps, un accompagnement sur les 18 premiers mois, qui a consisté à préparer leur scale-up pour passer la main à partir de la série C.
R. M. Breega a emmené Exotec jusqu’à l’arrivée de Goldman Sachs. Au lancement de notre collaboration, nous avions également à disposition un chasseur de têtes en interne qui nous a mis en contact avec des profils de qualité, qui ont contribué à la valeur ajoutée du projet. L’accompagnement commercial a également été un bel atout pour Exotec. C’est grâce à Breega que nous avons signé Showroomprivé, l’un de nos premiers gros clients. La présence constante des équipes de François autour de la table a été un signal très positif pour lever de plus gros tours.
Si vous deviez résumer le binôme entre Exotec et Breega ?
F. P. Il s’agit du meilleur investissement de Breega à date. Exotec restera également dans nos annales pour la bonne ambiance de notre collaboration. En tant qu’ingénieur, il est d’ailleurs toujours excitant pour moi d’aller visiter les usines d’Exotec à Croix, dans le Nord.
R. M. Nous avons toujours pu partager la fierté de voir nos projets aboutir et Exotec grandir. Ce que nous a apporté Breega, c’est la compréhension de notre challenge, de notre modèle et de ses défis techniques, et ce, toujours avec une oreille attentive et une équipe humaine.
🔎 À la loupe
- Entrée de Breega : 2016
- Chiffre d’affaires 2022 : 150 millions d’euros
- Nombre de salariés : 700
- Implantations : France, Allemagne, États-Unis, Japon
Propos recueillis par Céline Toni