Pourtant redoutée, la fameuse vague de faillites n’aura pas lieu en 2023. Néanmoins, les défaillances d’entreprises repartent à la hausse dans le monde, une évolution qui tend à rattraper le niveau antérieur à la crise du Covid.
Conjoncture : la grande faillite n'aura pas lieu
Les conséquences de la succession rapide de crises inédites auxquelles les économies ont dû faire face se répercutent sur les variations du taux de défaillances d’entreprises, et ce, aux quatre coins du globe. Alors que les confinements et autres mesures restrictives laissaient présager une augmentation des défaillances en 2020, les effets des aides publiques versées pour prévenir les ralentissements dus au contexte sanitaire, ont fait reculer le nombre de faillites dans le monde. En 2021, la réouverture des économies et l’explosion de la demande ont continué à le faire chuter. Cependant, alors que l’arrêt des mesures budgétaires et que les remboursements des aides se profilaient progressivement, de nouvelles "crises" ont vu le jour retardant la fin des soutiens publics aux entreprises.
En 2022, les défaillances d’entreprises ont augmenté de 10 % dans le monde
La guerre en Ukraine, les tensions sur les chaînes d’approvisionnement et la hausse des taux d’intérêt ont eu pour effet d’entraîner une inflation du coût de l’énergie, du financement et des salaires. Dès lors, en 2022, les défaillances d’entreprises ont augmenté de 10% dans le monde et le rapport annuel d’Allianz Trade prévoit une hausse de 19 % en 2023. Pas d’envolée mais un rattrapage, qui ferait passer le nombre d’entreprises incapables de faire face à leurs obligations financières à 2 % au-dessus du niveau de 2019.
L’étude Allianz Trade pointe du doigt trois chocs de rentabilité qui ont affecté les trésoreries des entreprises partout dans le monde. L’augmentation exponentielle du coût de l’énergie a lourdement affecté les économies, en particulier en Europe. Les estimations du nombre d’entreprises, qui risquent la faillite en raison de cette progression, s’élèvent à 42 000 (soit 17 % du total) au Royaume-Uni, 13 % en France et 6 % en Allemagne. Autres difficultés à surmonter : la hausse des taux d’intérêt et l’inflation font exploser les salaires et les coûts de financement des entreprises. Face à cela, les gouvernements auraient alors certainement recours à de nouvelles aides et devront dépenser au moins 5 % du PIB en moyenne pour éviter un niveau d’insolvabilité comparable à la crise de 2009.
Malgré les mesures d’aides aux entreprises mises en place en 2020, les entreprises françaises les plus fragiles n’ont pas réussi à faire face à la succession d’événement inédits survenus depuis 2021. Entre trésoreries dégradées et remboursements de PGE arrivant à échéance, les procédures collectives et de préventions reprennent. La France ne fait pas exception dans ce contexte international, puisque 42 500 procédures collectives ont été ouvertes en 2022. Le nombre de défaillances d’entreprises a ainsi grimpé de 50 % entre 2022 et 2021. Une hausse qui n’avait jamais été observée auparavant.
"La tendance d’un retour à un taux de défaillance de 1 à 2 % est tout à fait classique" Christophe Basse
Pourtant, les experts ne s’alarment pas car, là encore, il ne s’agit que d’un retour à la normale : le nombre de procédures en 2022 restant inférieur de 10 000 par rapport à 2019. Pour Christophe Basse, mandataire judiciaire et ancien président du CNAJMJ, la "tendance d’un retour à un taux de défaillance de 1 à 2 % est tout à fait classique. Il faut combattre cette idée qu’à chaque crise, il y a une vague de faillites. Des solutions permettent d’éviter les déferlements grâce aux aides publiques et aux nouvelles procédures de prévention".
Et les procédures de préventions ?
"Il faut souligner la puissance des procédures de prévention, qui ont permis depuis trois ans de sauver un nombre considérable d’entreprises", insiste Christophe Basse. Un constat qui s’observe dans les chiffres du CNAJMJ. Les procédures de prévention ne marquent pas le pas et continuent de progresser en 2022. Les conciliations ont augmenté de 31,8 % et les mandats ad hoc de 25 %, avec une hausse globale de l’amiable de 27,2 % atteignant son plus haut niveau depuis la création de l’Observatoire du CNAJMJ. La majorité de ces procédures (83%) ont été ouvertes par des entreprises de moins de dix salariés.
Sources : Allianz Trade et Altares
Céline Toni