Capable d’accompagner des entreprises françaises ou étrangères en conseil ou en contentieux, l’équipe M&A du cabinet Ydès – qui compte aujourd’hui plus d’une trentaine de professionnels du droit, dont 10 associés – tire son épingle du jeu sur le marché. Intervenu sur plusieurs opérations en 2022, le département prévoit une année 2023 plus tempérée. Avec toujours de belles opportunités. Entretien avec Marc Chaudet, associé du cabinet.
M. Chaudet (Ydès) : "Nous allons inévitablement voir apparaître des éléments de temporisation en 2023"
Décideurs. Sur quelle typologie de dossiers intervenez-vous principalement ?
Marc Chaudet. Nous intervenons sur des dossiers variés qui sont le reflet de la variété de notre clientèle composée de grosses PME ou ETI françaises ou étrangères. Nous couvrons le spectre des opérations de M&A, de private equity (que ce soit en venture ou en LBO) et leur financement, principalement sur des opérations de small cap et mid cap. Nous pouvons aussi bien être au soutien des vendeurs que des acheteurs, des banques comme des fonds d’investissement ou des managers dans le cadre de la mise en place de management package. Nos dossiers présentent aussi une forte coloration internationale et nous assistons régulièrement des clients étrangers dans le cadre de leurs investissements en France ou nos clients français désireux de croître à l’international. En résumé, nous avons la structure, l’expertise, et les ressources nécessaires pour intervenir dans n’importe quel dossier de M&A. Grâce au soutien des autres départements du cabinet, nous avons une approche globale, à 360°, ce qui nous permet de nous positionner auprès de nos clients comme un conseil stratégique dans le cadre de leurs opérations de croissance externe. Même si le terme est désormais largement utilisé, nous pouvons dire que nous sommes, pour nos clients, de véritables business partners sur ces sujets.
Quels dossiers ont particulièrement marqué l’année 2022 pour votre cabinet ?
Le cabinet est à nouveau intervenu pour l’éditeur de logiciel Silae qui a signé, sur les huit premiers mois de l’année 2022, les acquisitions de trois cibles. Notre département Corporate a été, à ce titre, sollicité pour négocier l’acquisition de Jenji, spécialisée dans la gestion et l’optimisation des dépenses professionnelles. Autre temps fort pour notre équipe en 2022, celui d’avoir épaulé les managers du groupe Acoem, qui fournit des solutions de premier ordre dans la résolution des problèmes environnementaux, industriels et de sécurité – lors d’une opération de OBO, pour une valeur de 190 M€ (fonds Evolem, IXO Private Equity et Idia Partners).
Que peut-on retenir de l’année 2022, en matière de M&A ?
Pour comprendre l’année 2022, il faut revenir sur 2021 qui s’inscrit comme une année exceptionnelle en matière de M&A. Le nombre d’opérations a été particulièrement important et les op-portunités très nombreuses. Une vague que nous avons également pu ressentir en 2022. De façon plus précise, chez Ydès, nous avons remarqué que certains secteurs, notamment ceux des nouvelles technologies et des services ont été particulièrement dynamiques lors du premier semestre. Le second semestre a été bousculé par plusieurs événements mondiaux : l’inflation, la remontée des taux d’intérêt et la crise en Ukraine. Nous avons pu noter, à ce moment-là, un frein chez quelques-uns de nos clients, principalement du côté des sociétés françaises qui ont pu être plus attentistes sans que cette tendance soit alarmante. De fait, nous avons tout au long de l’année été sollicités par des entreprises dans l’optique de mener des projets d’acquisition.
"Nous avons noté avec la remontée des taux d’intérêt et la crise en Ukraine, un frein chez certains de nos clients, notamment les sociétés françaises."
Peut-on dire, selon vous, que le dynamisme sur le marché est similaire à celui qui existait avant la crise sanitaire ?
Je crois que nous avons effectivement retrouvé un marché similaire à celui de 2019. De façon globale, 2020 et 2021 ont été des années hors norme à tous les niveaux et partout dans le monde. Après une année 2021 record, que l’on peut considérer comme une année de "rattrapage" après le Covid, et une année 2022 également très active, le marché pourrait reprendre son cours de façon plus “normale”. Le dynamisme est toujours présent et les opportunités nombreuses. La conjoncture économique n’est toutefois pas exactement la même qu’en 2019 et on note de vraies différences en fonction des secteurs, comme ceux de la tech et des prestations de services, qui sont particulièrement en mouvement. Nous pouvons également témoigner très concrètement d’un réel dynamisme à l’international, le cabinet ayant été sollicité régulièrement par des investisseurs étrangers en quête d’acquisitions sur le territoire tricolore.
"La conjoncture économique n’est pas exactement la même qu’en 2019, on note de vraies différences en fonction des secteurs, comme ceux de la tech et des prestations de services."
Peut-on espérer retrouver ce même dynamisme en 2023 ?
Avant tout, je crois que les événements des années passées nous invitent à l’humilité quand il s’agit d’entrer dans la prédiction ! Nous avons de bonnes raisons de pen-ser que le marché du M&A restera actif et dynamique. Je reste donc raisonnablement optimiste pour 2023. Compte tenu de l’incertitude sur la conjoncture économique, nous allons inévitablement voir apparaître des éléments de temporisation et surtout des dossiers variés avec des situations différentes selon les opérateurs. Avec, peut-être, un retour des dossiers nécessitant des opérations de restructuration. Ce qui pourrait avoir un impact sur le marché du M&A. Cela promet des dos-siers très intéressants.
Vous allez donc devoir vous adapter aux besoins de vos clients...
Nous allons effectivement plus que jamais devoir nous adapter aux besoins de nos clients, ceci, afin de leur apporter le meilleur conseil possible et de les aider à remplir leurs objectifs. Ce qui n’est, en réalité, pas un problème pour notre cabinet. Notre positionnement nous permet de nous adapter non seulement à leurs contraintes, mais également à la conjonc-ture économique et à ses aléas. La preuve : nous intervenons d’ores et déjà sur des dossiers très différents. Et c’est tant mieux car c’est ce qui fait, à notre sens, la richesse du métier.
Propos recueillis par Capucine Coquand