S. Richard (Perella Weinberg): "Je voulais devenir banquier d’affaires"

Décideurs. Pourquoi avoir choisi le métier de banquier d’affaires ?

Stéphane Richard. Je me suis interrogé, après Orange, sur ce que je pouvais faire durant les prochaines années. Je recherchais un vrai métier dans lequel je puisse m’épanouir, en commençant à 60 ans, ce qui n’est pas très commun. Il y a longtemps que je voulais devenir banquier d’affaires. Ce métier se nourrit de l’expérience acquise au long de trente années de carrière dans le public et le privé. Dans mon métier de CEO, j’adorais le M&A et je suis ravi d’être passé de l’autre côté de la barrière.

Au cours de votre carrière, quelle a été l’opération qui vous a le plus marquée ? Et pour quelles raisons ?

L’opération qui m’a le plus marqué est sans doute la dernière que j’ai réalisée chez Orange un mois avant mon départ. Il s’agit du rapprochement entre MasMovil et Orange en Espagne. Les deux opérateurs sont entrés en négociations exclusives afin de créer une coentreprise, dont la valeur a atteint 20 milliards d’euros. J’en suis fier, car il a fallu négocier et conclure dans des délais très courts, en quelques semaines.

Quel est votre meilleur souvenir ?

Mon meilleur souvenir ce sont les 12 000 messages de salariés que j’ai reçus lorsque j’ai quitté Orange cette année au mois de mai.

Qui était votre mentor ?

Je me suis appuyé sur des références dans mon métier de manager, et certains m’ont vraiment marqué. Je citerai Henri Proglio, parce qu’il a une forte personnalité, je le considère comme un manager exceptionnel. Il faut dire aussi que je le connais depuis HEC. Il était mon professeur de Finance à l’époque. Enfin, dans la banque d’affaires, je dirai Georges Ralli, une grande figure de Lazard, que j’apprécie énormément. Il est mon modèle en tant que banquier d’affaires.

En dehors de votre métier, avez-vous des passions en particulier ?

Je faisais du piano quand j’étais jeune. J’ai d’ailleurs été diplômé du conservatoire. J’ai gardé un bon niveau car je n’ai jamais arrêté. C’est un aspect très important dans ma vie et une passion que j’ai transmis à mes enfants à leur tour. D’autres professionnels du monde des affaires, comme Bernard Arnaud ou Jean-Bernard Levy, sont aussi pianistes. La musique est un domaine où on apprend la discipline, c’est l’école de la rigueur. La musique et la pratique du piano m’ont appris à maîtriser mon stress. Parler en public n’est rien à côté de jouer en public. Il n’y a rien de plus difficile que cela.

"Le métier de banquier d’affaires concilie l’acquisition d’expérience et le conseil avisé"

Quelle musique écoutez-vous avant de closer un deal ?

J’écoute beaucoup de musique classique. Du piano forcément et des opéras. Je suis d’ailleurs administrateur de l’Opéra de Paris. Cela pourrait aussi bien être de l’opérette, du Bach ou du Strauss. Sinon une musique un peu plus contemporaine : j’adore le groupe Abba que je suis d’ailleurs allé voir à Londres. Le spectacle est juste génial et techniquement bluffant. On peut citer "Money, Money" du même groupe. C’est peut être pas mal pour conclure un deal, mais plus sérieusement, toujours de Abba, je dirai "The Winner takes it all". 

Parcours

• 1983 : diplômé de l’École des hautes études commerciales (HEC) et de l’École nationale d’administration (ENA)
• 1992-2003 : occupe successivement les postes d’adjoint du directeur financier de la Compagnie générale des eaux, directeur général de la Compagnie immobilière Phénix et président de la CGIS (Compagnie générale d’immobilier et de services) devenue Nexity
• 2003-2007 : directeur général adjoint de Veolia Environnement et directeur général de Veolia Transport ainsi qu’administrateur d’Orange
• 2007-2009 : nommé directeur de cabinet du ministre de l’Économie, de l’Industrie et de l’Emploi
• 2009 : rejoint Orange en septembre 2009 où il exerce successivement les fonctions de directeur général adjoint chargé des Opérations France, de directeur général et de président directeur général jusqu’en mai 2022
• 2022 : 1er juin, devient associé chez Perella Weinberg

Propos recueillis par Laura Guetta