J. Marrache (Goldman Sachs): "Une incertitude globale pèse sur la confiance des dirigeants"
Décideurs. Comment avez-vous fait face à la crise sanitaire ?
Jérémie Marrache. Avant la pandémie, une bonne partie des interactions avec les clients se faisaient déjà en distanciel. L’adaptation des méthodes de travail a été consensuelle. Et force est de constater que la quasi-totalité des opérations en cours à l’époque ont pu être menées. La majorité de l’activité a très bien suivi.
Au cours de votre carrière, quelle a été l’opération qui vous a le plus marquée ? Et pour quelles raisons ?
Il est difficile de n’identifier qu’une seule transaction. Pour autant, certaines d’entre elles sont plus marquantes que d’autres. Je pense notamment aux dossiers complexes qui demandent un large panel de compé-tences en corporate fi nance. Il s’agit de dossiers particuliers qui exigent des savoir-faire en matière de fusions-acquisitions, de financement ou encore de notation de crédit. Historiquement, j’ai en tête la restructuration d’Alstom, il y a vingt ans. J’ai également en mémoire le refinancement de Technicolor : une situation qui s’est étalée sur une longue période et qui concernait notamment le refinancement du capital. Je pense aussi aux cessions de Néovia à ADM pour le compte de Invivo, ou encore au rachat d’Antelliq par Merck à BC Partners ces dernières années. Ce sont des transactions très intéressantes et cross-border, sans compter des opérations françaises de grande envergure comme la fusion de Safran et Zodiac.
"J’ai toujours tiré des leçons des comportements collectifs"
Quel est votre pire souvenir professionnel ? Et le meilleur ?
C’est toujours un pincement au cœur de travailler sur un dossier, qui finalement n’aboutit pas. Cela me touche parce que j’ai la chance de faire un métier où l’investissement personnel se concentre de façon assez substantielle : en plus de s’inscrire sur du long terme, on épouse assez naturellement le momentum de l’opération. Une transaction représente plusieurs trimestres de travail. C’est donc toujours à regret et avec un pincement au cœur de ne pas la voir se réaliser finalement alors qu’on y investit notre temps, notre énergie, notre enthousiasme aussi et beaucoup de soi. En revanche, mes meilleurs souvenirs se rapportent à chaque opération qui se traduit par la satisfaction du client. On se sent léger, heureux et gratifié.
Qui était votre mentor ?
Je ressens une véritable incertitude globale qui pèse et joue sur la confiance ultime des dirigeants à se lancer. Je tiens à citer la volatilité des marchés financiers, actuellement perçue comme élevée, et pour laquelle nous n’avons pas assez de visibilité. Il existe aussi des facteurs d’inflation comme celui des matières premières qui ont nécessairement des effets sur la croissance ou la rentabilité. Tout cela concourt à rendre l’environnement plus ardu.
En dehors de votre métier, avez-vous des passions en particulier ?
Je n’ai pas de passion spécifique sauf un énorme intérêt pour l’actualité artistique et culturelle, qu’elle soit littéraire, picturale, musicale ou cinématographique. Je lis beaucoup, je vais voir des expositions, écouter des concerts. Je m’y intéresse vraiment.
Quelle musique écoutez-vous avant de signer/closer un deal ?
J’aime les musiques joyeuses et le style que j’écoute régulièrement est le jazz. J’ai quelques chansons en tête. Je peux par exemple citer Lullaby of Birdland chantée par Sarah Vaughan.
Parcours
- 2003 obtient son Master en finance au sein de la « London Business School », après être passé par l’École Polytechnique et le corps des Ponts et Chaussées
- 2003 : rejoint Goldman Sachs la même année et monte progressivement les échelons avant d’obtenir la charge de l’activité M&A pour la France, la Belgique et le Luxembourg. Il couvre également des grands comptes et est responsable de l’activité M&A pour les marchés émergents des zones Moyen-Orient, Afrique du Sud, Europe Centrale.
Propos recueillis par Laura Guetta