A. Petit (EdRCF) : "Nous vivons des métiers exigeants, il faut savoir lâcher du lest"
Décideurs. Au cours de votre carrière, quelle a été l’opération qui vous a le plus marquée ?
Arnaud Petit. Serb, car Jérémie Urbain, leur dirigeant-actionnaire est exceptionnel et, aussi, parce que nous les accompagnons depuis 2016. Lorsque Charterhouse est entré au capital en 2017, l’entreprise comptait moins de 30 salariés. L’an dernier, la société a largement dépassé le milliard d’euros de valorisation quand nous sommes intervenus à leurs côtés pour ouvrir le capital afin de financer en partie une acquisition importante aux États-Unis. C’est aussi une des premières très belles transactions dans la santé sur laquelle nous avons capitalisé par la suite.
Cette transaction est typiquement le reflet de notre ADN : un accompagnement sur le long terme. Cet impératif nous permet de construire des relations de confiance dans le temps. D’ailleurs, cela peut nous conduire à agir contre notre intérêt immédiat, en recommandant à notre client de ne pas conclure une transaction quand nous estimons que cela n’est pas dans son intérêt.
J’aimerais aussi mentionner Lagarrigue. La société mène une vraie mission pour améliorer la vie de ses patients. Elle est surtout animée par une très belle équipe de management et un dirigeant hors norme en la personne de Jean-Pierre Mahé. Nous sommes fiers de travailler pour ce type de société.
Quel est votre pire souvenir professionnel ? Et le meilleur ?
Sans hésiter, la crise de 2008. Imaginez. Je ne suis chez Lehman Brothers que depuis quelques mois et là, du jour au lendemain, le groupe est mis en faillite. Bien sûr, je n’avais que 29 ans, et tout l’avenir devant moi. Mon département a finalement été repris par Nomura. Mais il faut se rappeler de l’époque. Les incertitudes étaient à leur paroxysme. Et travailler dans la finance n’était plus un métier en vue. D’ailleurs, cela explique en partie mon choix de rejoindre Edmond de Rothschild. Je voulais intégrer un groupe familial, à taille humaine, avec une vision de long terme et un esprit d’entreprendre.
Quant au meilleur souvenir, c’est l’arrivée de l’équipe Lyonnaise chez EdRCF en 2018. Nous sortions de plusieurs mois de transformation et cela a été une des premières actions positives de développement. À sa tête, Nicolas Durieux, un associé très bien implanté dans la région Rhône-Alpes, expert du private equity et de la santé. Je me rappelle m’être alors dit que nous commencions à récolter les premiers fruits de la stratégie mise en place en 2017. L’an dernier, nous avons réalisé soixante deals, alors que nous étions sur une moyenne d’une quinzaine de deals par an en 2014.
"Notre ADN : un accompagnement sur le long terme"
Qui a été votre mentor ?
Je n’ai pas eu de mentor à proprement parler. En revanche, j’ai beaucoup appris des personnes avec lesquelles j’ai pu travailler. Notamment avec Laurent Baril chez Rothschild & Cie, un professionnel hors norme, particulièrement fin et tactique ou, encore, Grégoire Heuzé, un des banquiers les plus talentueux que j’ai rencontrés et très bon communicant.
En dehors de votre métier, avez-vous des passions en particulier ?
Je jouais au golf quand j’étais jeune – j’y passais d’ailleurs plus de temps qu’en cours – et je m’y remets depuis quelques années. Également, je dévore les romans policiers scandinaves pour l’ambiance qu’ils installent. Je n’en rate aucun. C’est idéal pour s’évader du quotidien.
Et, sans surprise pour les personnes qui me connaissent, je suis féru de bons repas et de belles soirées. C’est essentiel pour l’équilibre personnel et celui de l’équipe. Nous vivons des métiers exigeants, il faut savoir lâcher du lest.
Quelle musique écoutez-vous avant de closer un deal ?
Cela change régulièrement, j’assume d’avoir des goûts commerciaux. Ce n’est pas très "banquier d’affaires" mais, en ce moment, en bon supporter de l’OM, je passe très souvent "Bande Organisée". D’ailleurs, au bureau, l’équipe n’en peut plus de l’entendre à chaque soirée, tout comme Titanium de David Guetta.
Parcours
- 2004 : sort diplômé de l’ESCP
- 2007 : après trois ans d’expérience aux Affaires Financières, il quitte Lazard
- 2007-2009 : passe un peu plus de trois ans chez Lehman Brothers puis Nomura, après la faillite de LB
- 2010 : rejoint Rothschild & Cie et travaille sur des opérations large-cap (directeur adjoint puis directeur)
- début 2013 : s’accorde une pause de 6 mois pour suivre son épouse qui réalise le MBA Insead à Singapour et profiter de la naissance de Tristan, son premier enfant
- fin 2014 : quitte Rothschild & Cie pour se lancer dans l’aventure Edmond de Rothschild Corporate Finance
- 2008-2019 : enseigne à Science Po Paris
Propos recueillis par Béatrice Constans