Stéphanie Casciola est la nouvelle CEO de la plateforme d’investissement LBO France depuis juin 2022. Une transition de gouvernance qui se fait dans la continuité car elle a rejoint la maison il y a près de vingt ans. Retour sur son parcours au sein de la maison et ses ambitions pour la société qui compte actuellement 5,4 milliards d’euros sous gestion en Europe et en Afrique.

Décideurs.Vous avez intégré LBO France en 2003, quel regard portez-vous sur l’évolution du groupe depuis votre nomination en tant que CEO ?

Stéphanie Casciola. Je suis arrivée pour développer la branche dédiée à l’investissement immobilier. À l’époque chez LBO France nous étions une équipe de dix personnes et aujourd’hui nous sommes une soixantaine. Au départ, nous nous sommes concentrés sur le LBO en France avant de devenir une plateforme multi métiers sur plusieurs géographies, avec l’Italie et l’Afrique principalement francophone. Nous continuons d’élargir notre présence locale avec le recrutement dans l’équipe venture santé digitale de Matthes Seeling qui sera basé à Berlin. Sur le venture, nous développons des fonds sectoriels sur des thématiques identifiées comme porteuses : la santé digitale et la Proptech avec le fonds Newstone. Ces équipes ont des compétences mixtes, en santé digitale des médecins et des spécialistes de la tech, et en proptech, des profils issus du venture capital et de l’immobilier.

Comment se passe la transition de gouvernance ?

Elle s’inscrit dans la continuité. C’est une transition de gouvernance qui se fait en douceur car toute l’équipe d’associés est là depuis longtemps. Nous nous connaissons et avons l’habitude de travailler ensemble, c’est ce qui fait la force de cette maison. Le changement de direction s’accompagne aussi d’un renforcement du capital car nous sommes à présent dix associés au lieu de sept auparavant. Aujourd’hui, la priorité est de consolider cette plateforme dans nos différents métiers et différentes géographies. Ainsi, en Italie, nous avons depuis 2017 une équipe Private Equity small cap basée à Milan, de la dette infra à Rome, et nous nous sommes fortement renforcés en immobilier avec l’acquisition en 2021 de la société immobilière Polis Fondi SGR.

"Désormais, la mission des fonds d’investissement est d’accompagner la transition des entreprises de leur portefeuille."

Les récentes élections en Italie entraînent-elles des répercussions sur vos ambitions de développement dans cette zone ?

Nous sommes arrivés en Italie d’abord sur le Private Equity small cap, car nous sommes convaincus que le pays recèle un vivier d’entreprises agiles et exportatrices à condition de bien les sélectionner dans un marché du Private Equity moins développé qu’en France. Aujourd’hui, les activités de LBO France en Italie représentent un cinquième de nos capitaux sous gestion. Le marché est porteur et nous développons d’autres classes d’actifs comme la dette infra. Récemment, nous avons notamment lancé la deuxième tranche de notre programme Vita destiné au verdissement du parc immobilier italien. Localement, nous sommes bien implantés et nous déployons une stratégie de niche décorrélée du risque macro-économique. Certes, il existe toujours, mais la tendance de fonds sur la transition énergétique des infrastructures immobilières sur laquelle nous œuvrons est bien présente et le vivier de PME du pays est fort.

Vous étiez parmi les membres fondateurs de la charte pour le climat en 2011, plus de dix ans après comment a évolué votre stratégie d’impact ?

LBO France était effectivement l’un des signataires des Principes pour l’Investissement Responsable des Nations Unies en 2011. Désormais, la mission des fonds d’investissement est d’accompagner la transition des entreprises de leur portefeuille. Le défi est avant tout de transformer des business models pour les rendre plus durables. Chez LBO France, nous disposons d’un fonds classé "article 9" ; c’est le cas du fonds Proptech. À l’avenir, l’enjeu est de faire basculer les fonds sectoriels comme le Venture Santé Digitale ou les fonds Immobilier dans cette catégorie tout en renforçant les exigences en matière d’ESG et de climat sur nos fonds généralistes qui sont tous classés "article 8". Pour avoir la capacité de réaliser cette ambition et d’accompagner la transition environnementale des entreprises dans lesquelles nous investissons, nous avons renforcé notre équipe avec l’arrivée de Stanislas de Kertanguy en tant que responsable de l’ESG, et d’autres recrutements sont à l’étude.

Propos recueillis par Céline Toni

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