M. Meunier (Schneider Electric) : "Nous sommes responsables du modèle que nous transmettons"
Décideurs. Quel a été votre parcours ?
Matthieu Meunier. Par nature, je me sens mieux dans les grands groupes industriels. Après une première expérience en audit, j’ai rejoint Schneider Electric, d’abord à l’audit interne. Une expérience enrichissante qui m’a offert l’extraordinaire opportunité de beaucoup voyager. Puis, je suis passé à la direction financière France où je travaillais sur les programmes de transformation et où j’intervenais sur tout type de dossier. Un rôle très formateur car c’était celui d’un véritable couteau suisse. Par la suite, j’ai été nommé directeur financier de Schneider Electric aux Pays-Bas. Si, à mes yeux, la destination n’était pas la plus exotique, je dois reconnaître que je n’ai pas été déçu du voyage. La culture est réellement différente et j’ai adoré travailler avec les Néerlandais. Des entrepreneurs nés, qui avancent très vite. Parfois même trop vite pour un directeur financier dont le rôle est d’accompagner le développement d’un business au cœur d’une économie extrêmement dynamique. En tout cas, une superbe expérience professionnelle, et personnelle, car mes deux filles sont nées là-bas.
Vous êtes désormais le directeur financier France de Schneider Electric…
La France est un très gros marché pour nous, le quatrième après les États-Unis, la Chine et l’Inde. À terme, nous visons les 2 milliards d’euros de CA. Le territoire est riche avec des centres de R&D, des usines, des centres logistiques, une organisation commerciale puissante et évidemment le siège social du groupe. Un véritable changement d’échelle pour moi.
"Nous contribuons aux solutions en faveur de la transition énergétique et de la lutte contre le changement climatique"
Qu’est-ce qui vous passionne dans votre métier aujourd’hui ?
Tout d’abord, un univers industriel très concret à la pointe de la technologie. Par ailleurs, nous contribuons aux solutions en faveur de la transition énergétique et de la lutte contre le changement climatique, ce qui est très gratifiant. En outre, j’interagis au quotidien avec des gens passionnants et engagés. Mon équipe compte 200 personnes en direct et 400 personnes en fonctionnel, de sorte que 50 % de mon travail est celui d’un DRH. Il faut s’assurer d’avoir les bonnes personnes aux bons postes et qu’elles sont bien dans leurs vies pour s’épanouir dans leurs missions.
Quels conseils avez-vous pour la nouvelle génération ?
D’un point de vue cursus, je recommande aux professionnels qui se lancent dans ce métier de passer le DSCG [Diplôme supérieur de comptabilité et de gestion, Ndlr]. C’est un bagage très technique mais qui assoit les bases du métier. Par ailleurs, en tant que jeunes dirigeants, nous sommes responsables du modèle que nous transmettons. Par exemple, j’accompagne mes filles tous les jours à l’école et je suis un gros sportif. Une excellente hygiène de vie personnelle contribue à une vie professionnelle épanouie. Enfin, il faut savoir prendre du recul. Pour cela, il faut garder les pieds sur terre, lire la presse et faire preuve de bon sens. Dans nos métiers, nous avons un rôle à jouer non seulement au travers de l’entreprise mais aussi au-delà ; ce qui est une chance précieuse.
Comment imaginez-vous le DAF de demain ?
Une chose est certaine, il ne sera plus le gardien du temple, ni là pour ne répondre que par non. Ce modèle est dépassé. Son rôle est de soutenir la croissance du portefeuille d’activités. Certes, il faut être en défense afin de protéger l’entreprise mais aussi en attaque pour savoir prendre du risque avec les opérationnels. Par ailleurs, la dimension RH est primordiale. Tout commence par les équipes. On le ressent d’autant plus avec les générations qui arrivent sur le marché. Il y a une forme d’alchimie, essentielle, qu’il faut savoir cultiver pour que la direction financière soit vraiment au cœur de l’entreprise. Au-delà, il faut parfois aider les collaborateurs à sortir de la finance. Le but n’est pas de retenir quelqu’un. C’est une pépinière. Ils deviennent autant d’alliés possédant une culture financière qui leur permet de faire passer les bons messages.
PARCOURS
- 2006 : sort diplômé d’HEC et de Norges Handelshøyskole (NHH) et obtient son DSCG
- 2006 : commence comme auditeur chez EY
- 2010 : rejoint Schneider Electric en tant que Global Internal Audit, Transformation Program Leader, puis CFO Netherlands
- 2013 : intègre un programme d’analyse financière à Harvard
- depuis 2019 : Senior Vice President Finance & CFO France
Propos recueillis par Béatrice Constans