En tant que directeur financier d'Alcatel-Lucent Enterprise, Bernd Stangl est responsable des finances, de la fiscalité, de la comptabilité, de l'audit interne, des fusions et acquisitions, de la gestion des locaux et de l'organisation juridique, y compris de la conformité. Il revient sur les conséquences de la situation mondiale sur l’activité du groupe ainsi que sur les biais d’action envisageables.

Décideurs. Quel regard portez-vous sur les conséquences de la situation mondiale sur votre activité ?

Bernd Stangl. Nous devrions atteindre en 2022 approximativement la même profitabilité que l’année passée. Le marché est même meilleur et nous enregistrons une augmentation des commandes. En revanche, nous rencontrons un problème pour les délivrer. Ce qui entraîne un sujet en matière de stock, de trésorerie et implique des conséquences sur les marges. Finalement, la volumétrie des ventes ne correspond pas à la demande. Il s’agit d’une problématique rencontrée par tous nos concurrents et dans plusieurs marchés et qui est liée à la fois à la guerre en Ukraine et à la gestion de la reprise du Covid.

Dans ce genre de situation, il faut savoir se concentrer sur les problèmes pour lesquels il est possible de trouver des solutions ciblées. Pour cela, impossible de fonctionner en silo. Dans un contexte mondial tendu, nos équipes doivent travailler main dans la main. Celle des ventes avec celles de la supply chain, des stocks, des financements… C’est ce qui fait la force d’une entreprise et lui permet d’avancer.

La problématique rencontrée ne peut être résolue qu’avec une approche systématique ou holistique de chacun des spécialistes de la société, chacun dans leur domaine. Dans ce contexte, nous ne pouvons pas installer de nouveaux outils pour maîtriser ces sujets car cela prend beaucoup de temps. Agilité et pragmatisme sont les maîtres-mots dans cette situation.

"Post-Covid, nous constatons une certaine pression sur les marchés avec un important déploiement de dettes et de liquidités"

Quels sont aujourd’hui vos relais de financement ?

Notre financement se fait par la dette, émise particulièrement sur le moyen terme. Ce choix nous permet d’obtenir une certaine stabilité et une sécurité sur les frais financiers. Nous sommes d’ailleurs en train de refinancer nous anciens prêts.

Post-Covid, nous constatons une certaine pression sur les marchés avec un important déploiement de dettes et de liquidités. Par ailleurs, comme les banques anticipent une vague de faillites, obtenir des refinancements devient plus complexe car la gouvernance est beaucoup plus restrictive.

Le sujet des ressources humaines est en tension depuis ces dernières années. Comment vous adaptez-vous ?

La question du recrutement est effectivement particulièrement sensible. Afin de retenir les talents, nous œuvrons toujours à améliorer notre environnement de travail. Nous favorisons notamment le télétravail en fonction des besoins de nos salariés. En outre, notre politique de rémunération évolue pour assurer une égalité sur une même fonction.

Pour les jeunes qui nous rejoignent, nous mettons en place des programmes de mentoring et nous les impliquons intimement dans le développement de l’entreprise. Nous préférons faire évoluer les talents au sein de l’organisation plutôt que de les perdre et devoir investir sur de nouvelles recrues.

Propos recueillis par Béatrice Constans

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